Merce Cunningham, mort d'un révolutionnaire de la danse

Presque un mois après la mort de Pina Bausch, la dance contemporaine perd un autre monument. Le chorégraphe américain Merce Cunningham (de son vrai nom Mercier Philip Cunningham) s'est éteint chez lui, à l'âge de 90 ans. Il est mort “de mort naturelle”, annoncent la Cunningham Dance Foundation et la Merce Cunningham Dance Company dans un communiqué.
_ Il “a révolutionné les arts visuels et du spectacle, non pour le plaisir d'être iconoclaste, mais pour la beauté et l'émerveillement procurés par l'exploration de nouvelles voies”, soulignent la fondation et la troupe de ballet.

L'EINSTEIN DE LA DANSE

Ancien élève de Martha Graham, figure de la Modern dance qui voulait revenir aux sources de l'Homme, au delà du vernis culturel, à travers la danse, Merce Cunningham dynamite les codes de son art dans les années 50, en prenant le contrepied des canons de la danse classique. Après quelques chorégraphies dans les années 40, il fonde sa propre compagnie en 1953. En 200 œuvres, il gagne le surnom d'“Einstein de la danse”.

Alors que le danseur classique organise ses déplacements en fonction du centre de la scène, Merce Cunningham fait sauter ce repère. Chaque danseur devient lui-même un centre et il n'y a plus de hiérarchie dans le corps de ballet. Tout le monde danse à égalité. “Au contraire du danseur classique, j'estime tous les mouvements possibles”, expliquait-il.

Merce Cunningham danse Score for Variations V, en collaboration avec le musicien John Cage.

Ses ballets, souvent créés en étroite collaboration avec musiciens et plasticiens, reposent sur un principe aléatoire. Les mouvements exécutés par les danseurs sont même parfois tirés au sort, ou tirés d'un logiciel qui génère des enchaînements. Les danseurs les découvrent au dernier moment et l'œuvre s'adapte au lieu où elle est créée.

Tout comme la peinture contemporaine se détache des formes de la nature, ses ballets s'éloignent de la narration d'une histoire, propre à la danse classique. Dans cette danse égalitaire, il n'y a plus de premier et d'arrière-plan. Comme tous les danseurs sont des centres, tous les points de la scène sont à égalité.

QUELQUES CREATIONS :

Summerspace, 1958 - Museum Event, 1964 - How to Pass, Kick, Fall and Run, 1965 - Un jour ou deux, 1973 - Torse, 1976 - Roaratorio, 1983 - Pictures, 1984 - Ocean, 1994 - Biped, 1999 - Interscape, 2000 - Loose time, 2002 -Split sides, 2003 - Views on stage, 2004