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Mime Marceau : dix ans après sa mort, l’éternel pouvoir du geste

Dix ans après la disparition du Mime Marceau, une exposition lui rend hommage à la salle de l'Aubette à Strasbourg jusqu'au 26 mars. Intitulée "Le pouvoir du geste", elle retrace le parcours de ce Strabourgeois qui a inspiré de nombreux artistes (dont Michael Jackson et sa célèbre Moonwalk) en créant un langage corporel à la fois unique et universel.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jusqu'à sa mort en 2007, Marcel Marceau a porté l'art du mime à travers le monde. Ici à Hambourg en 2004. Il est alors âgé de 81 ans.
 (A2836 Carsten Rehder Deutsch Presse Agentur/MaxPPP)
Le 22 septembre 2007, Marcel Mangel alias le mime Marceau, tirait sa révérence. Dix ans après sa mort, l’artiste reste une légende et une référence absolue dans l’art du mime même si son nom n’évoque peut-être pas grand-chose pour les jeunes générations.
 
Marcel Marceau sur scène avec Michael Jackson en 2004 lors de la promotion d'un concert spécial HBO au Théâtre Beacon.
 (maxnewsworld878571)
D’où l’intérêt de l’exposition gratuite proposée à Strasbourg, la ville natale du Mime Marceau, où il vit le jour le 22 mars 1923. A travers 8 modules, "Le pouvoir du geste" retrace son parcours parfois chaotique, les moments forts de sa carrière  - notamment la création de Bip, son personnage – et l’influence qu’il a eue dans de nombreuses disciplines artistiques. C’est ce qu’a voulu montrer la commissaire de l’expo, Valérie Bochenek. Cette spécialiste de gestuelle et de pantomime fut aussi la dernière assistante à la mise en scène du Mime Marceau. Elle a souhaité qu’une large place soit faite à l'évolution de la science du geste, au pouvoir de cette communication non verbale.

Reportage : France 3 Alsace - N. El Khaouafi / J. Gosset / M. Pouchin / I. Hassid-Guimier

Le mime oui mais d'abord le dessin

Né à Strasbourg en 1923 dans une famille d’origine juive et dans une Alsace redevenue française, celui qui s’appelle encore Marcel Mangel est effectivement passionné de mime depuis l’enfance (après avoir découvert Charlie Chaplin à l’âge de 4 ans, "une révélation" dira t-il). Il a dix ans quand il crée sa première troupe mais il se voit alors plutôt peintre ; ses dons pour le dessin prennent le dessus.

Résistant, il devient Marceau

Il a 15 ans quand la Seconde guerre mondiale éclate. Les Alsaciens sont repliés vers la Dordogne. Marcel devient étudiant aux Arts déco de Limoges. Pendant ses études, il entre dans la Résistance (il faisait traverser la frontière à des enfants juifs, contrefaisait des cartes d'alimentation). En février 1944, son père est déporté à Auschwitz où il meurt sans que son fils le revoie. C’est à cette époque que Marcel Mangel change de nom pour obtenir de faux papiers. Il choisit Marceau en se souvenant d’une phrase de Victor Hugo parlant des généraux des campagnes napoléoniennes d'Italie : "Hoche sur l'Adige, Marceau sur le Rhin." Comme j'étais né dans le Bas-Rhin, j'ai décidé de m'appeler Marcel Marceau" racontera t-il plus tard.

Caché par un de ses cousins dans une maison d’enfants à Sèvres, il y devient moniteur d’art dramatique et commence à fréquenter les cours de Charles Dullin. C’est là qu’il rencontre Etienne Decroux qui enseigne l'expression corporelle avec parmi ses élèves Jean-Louis Barrault. Marcel devient le nouveau disciple de celui qui est considéré comme l'inventeur de "la marche sur place."

Bip, la signature de Marceau

L’art du pantomime est alors en déclin. En 1947, Marcel crée le personnage de Bip au Théâtre de Poche, un nom inspiré par le Pip des Grandes Espérances de Dickens. Grand pantalon blanc, marinière et petit gilet, visage maquillé de  blanc sous un chapeau défraichi : Bip va devenir une figure immédiatement reconnaissable, la signature du Mime Marceau . Avec sa troupe et son personnage, il sillonne la planète et rencontre le succès. Au Japon, il est même déclaré "trésor national vivant".

L'importance du silence 

Tout au long de sa vie, il a cherché à transmettre son art et son parti pris du silence fondant dès 1978 une école du mimodrame. Si Marcel Marceau a marqué l’art du mime, c’est aussi parce qu’il a créé un cadre, des conventions gestuelles bien claires qui permettaient au public de comprendre l’histoire sans parole. A une époque et dans une actualité qui nous inonde de paroles et de mots, il est bon de rappeler cette citation de l’artiste :

Avant de dire quelque chose, il faut s'assurer que le silence ne soit pas plus important ".

 


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