Cet article date de plus de neuf ans.
Mondial du Tatouage 2015 : tour d'horizon en avant-première avec Tin-Tin
Toujours plus, toujours mieux : telle est la devise du Mondial du Tatouage. Après le record de l'édition 2014, qui avait réuni 27.000 personnes sur trois jours à la Grande Halle de la Villette, la manifestation propose cette année encore plus d'artistes, davantage d'espace et plus de musique. Nous avons discuté en avant-première avec le mythique Tin-Tin, organisateur de l'évènement.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Davantage de place
L'an dernier, le Mondial investissait pour la première fois la Grande Halle de La Villette. Mais cette fois l'intégralité des 20.000 mètres carrés sera occupée. "Il y aura encore plus de place : on va se servir de tout le sous-sol pour mettre des stands de nourriture et des espaces chill-out et surtout nous allons occuper toutes les mezzanines avec des stands d'artistes", explique Tin-Tin. "Et puis j'ai tout changé", prévient-il, "de la disposition de la scène au bar VIP." Et les horaires de nuit ont été allongés jusqu'à 2h du matin pour permettre aux artistes de travailler sur la durée.
En progression constante, le dessin indélébile à l'aiguille est un phénomène de société qui touche désormais tous les milieux et toutes les classes d'âge. L'an dernier, avec 27.000 entrées, le Mondial avait déjà battu deux records : un record mondial de fréquentation pour une convention de tatouage et le record absolu d'entrées pour la Grande Halle de la Villette, ouverte en 1993, assure cet as de l'aiguille. 340 artistes, maîtres des différents courants
Ce qui ne change pas en revanche, c'est le gage de qualité que représente le Mondial. Tous les artistes présents manient l'aiguille dans les règles de l'art et avec une hygiène irréprochable, cela va s'en dire, Tin-Tin s'en porte garant.
Mais c'est surtout l'aspect artistique qui fait le prestige de l'évènement. Et de ce point de vue, le tatoueur des stars l'assure, 2015 promet d'être un cru d'exception. Sur les 340 artistes présents, il connaît très bien les deux tiers, mais le reste est constitué "de pointures qui arrivent et dont on n'avait jamais entendu parler. Des artistes dont je me suis dis, la vache ils sont super bons !" (en le disant, ce demi-dieu du tatouage se prend la tête entre les mains, c'est dire !). D'ailleurs, "cette année, je refuse de citer aucun nom de tatoueur à la presse parce qu'ils sont tous aussi bons les uns que les autres." Trois légendes pour un jury exceptionnel... à poil
Grande messe du genre, le Mondial a aussi son concours récompensant les plus belles parures de peau réalisées sur place. Cette année, le jury convoqué pour départager les artistes est exceptionnel. Il est constitué de trois légendes de l'aiguille. D'abord Filip Leu, le tatoueur des tatoueurs. "C'est le meilleur tatoueur du monde", confirme Tin-Tin, son complice de longue date. "Si tu fais un sondage auprès des tatoueurs, ils choisiront à 75% Filip Leu. Et pour la première fois de sa vie, pour nous, il accepte d'être membre d'un jury."
Ensuite, il y a Bill Salmon. "Peu de gens le connaissent mais pour les tatoueurs de ma génération c'est un dieu vivant", explique Tin-Tin. "C'est un vieux hippie de San Francisco âgé de 70 ans, de l'époque de Ed Hardy, je suis hyper fier de l'avoir dans le jury." Et enfin, une troisième légende, l'Anglais Luke Atkinson, qui exerce en Allemagne depuis 20 ans après avoir appris auprès des plus grands.
Clou de l'affaire ? "Les trois ont un intégral, donc les trois vont se mettre à poil. Ils vont pouvoir montrer pourquoi ils sont jurés : ils sont tatoués de la tête aux pieds. Oui, oui, le jury va se déculotter devant le public du Mondial. Avec un cache-sexe ou pas (il est plié de rire). En tout cas on leur a préparé des peignoirs". Nouveau style en vogue : le tatouage religieux inspiré du vitrail
Comme chaque année, tous les styles de tatouages sont représentés au Mondial, du japonisant au réaliste, du girly au tribal polynésien, du old school (pin-ups pour bikers) au new school (plus BD), et du dot-art (pointillisme) au bio-mécanique (façon HR Giger), en passant par l'abstrait.
Reste-t-il de la place pour l'innovation dans cet art très codifié ? Oui. Le peintre et tatoueur Mikaël de Poissy, dont les œuvres sont exposées cette année au Mondial, le prouve. Son style inspiré de l'esthétique des vitraux de cathédrales fait fureur actuellement.
"C'est vraiment le tatoueur qui monte, tout le monde en parle, il a des milliers de fans sur les réseaux sociaux", s'enthousiasme Tin-Tin. "Il tatoue beaucoup de saints et d'images inspirées de l'art du vitrail mais aussi des devises de chevaliers, comme "Montjoie Saint-Denis, que je trépasse si je faiblis" qui était dans "Les Visiteurs" mais qui est un authentique cri de guerre (de la monarchie capétienne)."
"Il est passionné d'histoire et il amène plein de passionnés, notamment d'architecture médiévale, à se faire tatouer. Ca ouvre plein d'horizons artistiques. Avant, Mikaël savait tout faire, mais maintenant il ne fait plus qua ça et je pense qu'il ne va pas tarder à avoir des suiveurs, pour ne pas dire des copieurs, comme toute école artistique." "Home-made", tracasseries et autres folies
Le "home-made", ce style de tatouage fait maison sur un coin de table par des non professionnels et sans précautions d'hygiène, est aussi une tendance en hausse. Tant qu'il ne s'agit pas d'un business, Tin-Tin, qui est aussi président du SNAT (Syndicat National des Artistes Tatoueurs), est prêt à fermer les yeux, fataliste. "Certains hipsters veulent même des tatouages "comme en prison" pour jouer au voyou. Ils se donnent le frisson en se tatouant avec du noir de fumée, en cramant leur semelle de chaussure. Et puis s'ils pouvaient se choper une petite infection au passage ils seraient contents. Qu'est ce que tu veux que je te dise ?"
En revanche, ces irresponsables qui en font une activité lucrative sur internet ou qui ont pignon sur rue l'irritent sérieusement. Autant que l'exaspèrent les tracasseries de l'Etat vis-à-vis "des 90% de tatoueurs responsables qui payent leurs impôts". "Les services de l'hygiène viennent vérifier que leur encre est périmée ou pas – une encre ça n'a jamais périmé – par contre ils ne vont pas contrôler les tatoueurs qui ne méritent pas de l'être, y compris sur internet, et qui refilent des maladies à tout le monde", s'énerve cette montagne de bonhomie.
Quant aux récentes images repoussantes en provenance du Tattoo Expo du Vénézuela, où une poignée d'allumés combinent tatouages, piercing et implants pour se réinventer en personnages maléfiques, on ne risque pas d'en croiser au Mondial. "Nous c'est le Mondial du tatouage, on n'accueille pas de piercing ni d'implants et on n'en accueillera pas. C'est un choix", martèle l'as du tatouage.
Surtout, ces folies n'ont rien d'une tendance, selon lui. "Il y a toujours eu des cinglés et des extrémistes, et les modifications corporelles qui sont à portée de main aujourd'hui permettent de se tatouer le visage en rouge et de se prendre pour un héros de bande dessinée. Sans le tatouage, ces gens là auraient été extrêmes d'une autre manière. Ca les regarde. Moi, personnellement, ça ne me plaît pas." Côté musique : soirée métal et nuit électro
Musicalement, le tatouage ne connaît ni frontières ni œillères : du rock au rap, en passant par le jazz ou la techno, les musiciens tatoués font partie des meilleurs ambassadeurs de la parure de peau auprès des masses. Le Mondial l'a bien compris, qui propose des petits concerts durant la manifestation. Après Skip The Use, Dog Eat Dog et les Burning Heads l'an dernier, Tin-Tin a décidé de diversifier les tendances musicales en 2015.
Il propose d'un côté une soirée métal vendredi 6 mars avec As They Burn, un groupe français qui effectue actuellement sa tournée d'adieu après sept ans d'existence, et The Ocean, un groupe allemand "qui devrait faire bouger du monde". Ils seront précédés dans l'après-midi des DJ Gunther Love et Moche Pitt du groupe humoristique Airnadette.
Changement d'ambiance samedi 7 mars, puisque les tatouages se feront au son de l'électro avec Dj Madj & Viktor Coupk et surtout avec la reine de la techno hypnotique Jennifer Cardini à partir de 21h30.
De quoi adoucir peut-être les douleurs du dermographe ? Quoi qu'il en soit, même ceux qu'on a vu retenir leurs larmes face à la morsure de l'aiguille le reconnaissent : le tatouage est addictif. On lui offre un petit coin en haut de l'épaule pour commencer et bientôt il vous réclame le bras entier.
Mondial du Tatouage 2015
Du 6 au 8 mars à La Grande Halle de La Villette
Vendredi et samedi de 12h30 à 2h du matin
Dimanche de 11h30 à 19h00
Billeterie de 18 euros (entrée pour les 12-16 ans) à 60 euros (pass trois jours en pré-vente)
Prix des tatouages à négocier avec les artistes
Réservations avec les artistes dès maintenant sur internet
L'an dernier, le Mondial investissait pour la première fois la Grande Halle de La Villette. Mais cette fois l'intégralité des 20.000 mètres carrés sera occupée. "Il y aura encore plus de place : on va se servir de tout le sous-sol pour mettre des stands de nourriture et des espaces chill-out et surtout nous allons occuper toutes les mezzanines avec des stands d'artistes", explique Tin-Tin. "Et puis j'ai tout changé", prévient-il, "de la disposition de la scène au bar VIP." Et les horaires de nuit ont été allongés jusqu'à 2h du matin pour permettre aux artistes de travailler sur la durée.
En progression constante, le dessin indélébile à l'aiguille est un phénomène de société qui touche désormais tous les milieux et toutes les classes d'âge. L'an dernier, avec 27.000 entrées, le Mondial avait déjà battu deux records : un record mondial de fréquentation pour une convention de tatouage et le record absolu d'entrées pour la Grande Halle de la Villette, ouverte en 1993, assure cet as de l'aiguille. 340 artistes, maîtres des différents courants
Ce qui ne change pas en revanche, c'est le gage de qualité que représente le Mondial. Tous les artistes présents manient l'aiguille dans les règles de l'art et avec une hygiène irréprochable, cela va s'en dire, Tin-Tin s'en porte garant.
Mais c'est surtout l'aspect artistique qui fait le prestige de l'évènement. Et de ce point de vue, le tatoueur des stars l'assure, 2015 promet d'être un cru d'exception. Sur les 340 artistes présents, il connaît très bien les deux tiers, mais le reste est constitué "de pointures qui arrivent et dont on n'avait jamais entendu parler. Des artistes dont je me suis dis, la vache ils sont super bons !" (en le disant, ce demi-dieu du tatouage se prend la tête entre les mains, c'est dire !). D'ailleurs, "cette année, je refuse de citer aucun nom de tatoueur à la presse parce qu'ils sont tous aussi bons les uns que les autres." Trois légendes pour un jury exceptionnel... à poil
Grande messe du genre, le Mondial a aussi son concours récompensant les plus belles parures de peau réalisées sur place. Cette année, le jury convoqué pour départager les artistes est exceptionnel. Il est constitué de trois légendes de l'aiguille. D'abord Filip Leu, le tatoueur des tatoueurs. "C'est le meilleur tatoueur du monde", confirme Tin-Tin, son complice de longue date. "Si tu fais un sondage auprès des tatoueurs, ils choisiront à 75% Filip Leu. Et pour la première fois de sa vie, pour nous, il accepte d'être membre d'un jury."
Ensuite, il y a Bill Salmon. "Peu de gens le connaissent mais pour les tatoueurs de ma génération c'est un dieu vivant", explique Tin-Tin. "C'est un vieux hippie de San Francisco âgé de 70 ans, de l'époque de Ed Hardy, je suis hyper fier de l'avoir dans le jury." Et enfin, une troisième légende, l'Anglais Luke Atkinson, qui exerce en Allemagne depuis 20 ans après avoir appris auprès des plus grands.
Clou de l'affaire ? "Les trois ont un intégral, donc les trois vont se mettre à poil. Ils vont pouvoir montrer pourquoi ils sont jurés : ils sont tatoués de la tête aux pieds. Oui, oui, le jury va se déculotter devant le public du Mondial. Avec un cache-sexe ou pas (il est plié de rire). En tout cas on leur a préparé des peignoirs". Nouveau style en vogue : le tatouage religieux inspiré du vitrail
Comme chaque année, tous les styles de tatouages sont représentés au Mondial, du japonisant au réaliste, du girly au tribal polynésien, du old school (pin-ups pour bikers) au new school (plus BD), et du dot-art (pointillisme) au bio-mécanique (façon HR Giger), en passant par l'abstrait.
Reste-t-il de la place pour l'innovation dans cet art très codifié ? Oui. Le peintre et tatoueur Mikaël de Poissy, dont les œuvres sont exposées cette année au Mondial, le prouve. Son style inspiré de l'esthétique des vitraux de cathédrales fait fureur actuellement.
"C'est vraiment le tatoueur qui monte, tout le monde en parle, il a des milliers de fans sur les réseaux sociaux", s'enthousiasme Tin-Tin. "Il tatoue beaucoup de saints et d'images inspirées de l'art du vitrail mais aussi des devises de chevaliers, comme "Montjoie Saint-Denis, que je trépasse si je faiblis" qui était dans "Les Visiteurs" mais qui est un authentique cri de guerre (de la monarchie capétienne)."
"Il est passionné d'histoire et il amène plein de passionnés, notamment d'architecture médiévale, à se faire tatouer. Ca ouvre plein d'horizons artistiques. Avant, Mikaël savait tout faire, mais maintenant il ne fait plus qua ça et je pense qu'il ne va pas tarder à avoir des suiveurs, pour ne pas dire des copieurs, comme toute école artistique." "Home-made", tracasseries et autres folies
Le "home-made", ce style de tatouage fait maison sur un coin de table par des non professionnels et sans précautions d'hygiène, est aussi une tendance en hausse. Tant qu'il ne s'agit pas d'un business, Tin-Tin, qui est aussi président du SNAT (Syndicat National des Artistes Tatoueurs), est prêt à fermer les yeux, fataliste. "Certains hipsters veulent même des tatouages "comme en prison" pour jouer au voyou. Ils se donnent le frisson en se tatouant avec du noir de fumée, en cramant leur semelle de chaussure. Et puis s'ils pouvaient se choper une petite infection au passage ils seraient contents. Qu'est ce que tu veux que je te dise ?"
En revanche, ces irresponsables qui en font une activité lucrative sur internet ou qui ont pignon sur rue l'irritent sérieusement. Autant que l'exaspèrent les tracasseries de l'Etat vis-à-vis "des 90% de tatoueurs responsables qui payent leurs impôts". "Les services de l'hygiène viennent vérifier que leur encre est périmée ou pas – une encre ça n'a jamais périmé – par contre ils ne vont pas contrôler les tatoueurs qui ne méritent pas de l'être, y compris sur internet, et qui refilent des maladies à tout le monde", s'énerve cette montagne de bonhomie.
Quant aux récentes images repoussantes en provenance du Tattoo Expo du Vénézuela, où une poignée d'allumés combinent tatouages, piercing et implants pour se réinventer en personnages maléfiques, on ne risque pas d'en croiser au Mondial. "Nous c'est le Mondial du tatouage, on n'accueille pas de piercing ni d'implants et on n'en accueillera pas. C'est un choix", martèle l'as du tatouage.
Surtout, ces folies n'ont rien d'une tendance, selon lui. "Il y a toujours eu des cinglés et des extrémistes, et les modifications corporelles qui sont à portée de main aujourd'hui permettent de se tatouer le visage en rouge et de se prendre pour un héros de bande dessinée. Sans le tatouage, ces gens là auraient été extrêmes d'une autre manière. Ca les regarde. Moi, personnellement, ça ne me plaît pas." Côté musique : soirée métal et nuit électro
Musicalement, le tatouage ne connaît ni frontières ni œillères : du rock au rap, en passant par le jazz ou la techno, les musiciens tatoués font partie des meilleurs ambassadeurs de la parure de peau auprès des masses. Le Mondial l'a bien compris, qui propose des petits concerts durant la manifestation. Après Skip The Use, Dog Eat Dog et les Burning Heads l'an dernier, Tin-Tin a décidé de diversifier les tendances musicales en 2015.
Il propose d'un côté une soirée métal vendredi 6 mars avec As They Burn, un groupe français qui effectue actuellement sa tournée d'adieu après sept ans d'existence, et The Ocean, un groupe allemand "qui devrait faire bouger du monde". Ils seront précédés dans l'après-midi des DJ Gunther Love et Moche Pitt du groupe humoristique Airnadette.
Changement d'ambiance samedi 7 mars, puisque les tatouages se feront au son de l'électro avec Dj Madj & Viktor Coupk et surtout avec la reine de la techno hypnotique Jennifer Cardini à partir de 21h30.
De quoi adoucir peut-être les douleurs du dermographe ? Quoi qu'il en soit, même ceux qu'on a vu retenir leurs larmes face à la morsure de l'aiguille le reconnaissent : le tatouage est addictif. On lui offre un petit coin en haut de l'épaule pour commencer et bientôt il vous réclame le bras entier.
Mondial du Tatouage 2015
Du 6 au 8 mars à La Grande Halle de La Villette
Vendredi et samedi de 12h30 à 2h du matin
Dimanche de 11h30 à 19h00
Billeterie de 18 euros (entrée pour les 12-16 ans) à 60 euros (pass trois jours en pré-vente)
Prix des tatouages à négocier avec les artistes
Réservations avec les artistes dès maintenant sur internet
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.