Cet article date de plus de neuf ans.
MuCEM : le bilan critique de la Cour des comptes
Gestation "laborieuse", projet muséographique "mouvant", équilibre économique "fragile": dans son rapport annuel rendu public mardi, la Cour des comptes tire un bilan critique du lancement du Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de Méditerranée), à Marseille, malgré un vrai "engouement public".
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une faible visibilité à l'héritafe du Musée national des arts et traditions populaires
Aux yeux de la Cour, une bonne partie des problèmes vient de la "longue gestation" de ce musée, né du projet de délocaliser depuis Paris le Musée national des arts et traditions populaires (MNATP): il aura fallu 13 ans entre cette décision de décentralisation et l'ouverture du Mucem en juin 2013.
"Malgré" cela, la décision de lancer le Mucem "n'a pas été précédée ni accompagnée d'une réflexion approfondie" du ministère de la Culture "sur le sens et la place des musées de société dans la politique culturelle de l'Etat", constate la Cour, qui relève "des objectifs qui se recoupent" avec d'autres institutions existantes (musée du Quai Branly, Cité nationale de l'histoire de l'immigration...). Parallèlement, le Mucem n'offre qu'une "faible visibilité" à "l'héritage du MNATP".
Le contenant l'emporte sur le contenu
"Le contenant - le geste architectural - l'a donc très vite emporté sur le contenu -le projet scientifique -", jugent les magistrats, en faisant allusion au spectaculaire bâtiment signé Rudy Ricciotti sur la façade maritime de Marseille.
Cet héritage du MNATP a aussi donné lieu à "une préfiguration et un portage juridique dispendieux". En cause: le fait que le ministère ait "préféré maintenir" à Paris des agents du MNATP "dont l'activité était des plus réduites", pour un surcoût de 23,8 M EUR. Dans ce registre, la fermeture du MNATP au public et le départ définitif des équipes au Mucem n'a "pas été mis à profit pour trouver une nouvelle affectation à ce bâtiment (...) laissé dans un état de quasi-abandon depuis de nombreuses années".
Explosion des coûts
Ces "atermoiements politiques et administratifs" ont conduit à un retard de 60 mois sur la livraison du musée (2013 au lieu de 2008), réparti en quatre sites. Les coûts ont explosé en conséquence: "entre le devis initial du projet redéfini en 2009 et le prix final estimé, le coût des travaux a augmenté (...) de près de 82%, passant de 88,1 à 160,2 M EUR", a calculé la Cour, remarquant
toutefois qu'une "part substantielle de cette augmentation est imputable" à la suspension du projet entre 2002 et 2009.
La Cour stigmatise enfin des coûts de fonctionnement "mal évalués", des ressources propres limités (26% en 2014, pour un objectif de 43% en 2015), et notamment un mécenat "modeste". Conclusion: l'équilibre économique de cet équipement est "fragilisé", malgré 3,4 millions de visiteurs depuis l'ouverture.
Aux yeux de la Cour, une bonne partie des problèmes vient de la "longue gestation" de ce musée, né du projet de délocaliser depuis Paris le Musée national des arts et traditions populaires (MNATP): il aura fallu 13 ans entre cette décision de décentralisation et l'ouverture du Mucem en juin 2013.
"Malgré" cela, la décision de lancer le Mucem "n'a pas été précédée ni accompagnée d'une réflexion approfondie" du ministère de la Culture "sur le sens et la place des musées de société dans la politique culturelle de l'Etat", constate la Cour, qui relève "des objectifs qui se recoupent" avec d'autres institutions existantes (musée du Quai Branly, Cité nationale de l'histoire de l'immigration...). Parallèlement, le Mucem n'offre qu'une "faible visibilité" à "l'héritage du MNATP".
Le contenant l'emporte sur le contenu
"Le contenant - le geste architectural - l'a donc très vite emporté sur le contenu -le projet scientifique -", jugent les magistrats, en faisant allusion au spectaculaire bâtiment signé Rudy Ricciotti sur la façade maritime de Marseille.
Cet héritage du MNATP a aussi donné lieu à "une préfiguration et un portage juridique dispendieux". En cause: le fait que le ministère ait "préféré maintenir" à Paris des agents du MNATP "dont l'activité était des plus réduites", pour un surcoût de 23,8 M EUR. Dans ce registre, la fermeture du MNATP au public et le départ définitif des équipes au Mucem n'a "pas été mis à profit pour trouver une nouvelle affectation à ce bâtiment (...) laissé dans un état de quasi-abandon depuis de nombreuses années".
Explosion des coûts
Ces "atermoiements politiques et administratifs" ont conduit à un retard de 60 mois sur la livraison du musée (2013 au lieu de 2008), réparti en quatre sites. Les coûts ont explosé en conséquence: "entre le devis initial du projet redéfini en 2009 et le prix final estimé, le coût des travaux a augmenté (...) de près de 82%, passant de 88,1 à 160,2 M EUR", a calculé la Cour, remarquant
toutefois qu'une "part substantielle de cette augmentation est imputable" à la suspension du projet entre 2002 et 2009.
La Cour stigmatise enfin des coûts de fonctionnement "mal évalués", des ressources propres limités (26% en 2014, pour un objectif de 43% en 2015), et notamment un mécenat "modeste". Conclusion: l'équilibre économique de cet équipement est "fragilisé", malgré 3,4 millions de visiteurs depuis l'ouverture.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.