Musée de la Chasse et de la Nature : une réouverture centrée sur l’écologie et la vie animale
Le Musée de la Chasse et de la Nature rouvre ses portes samedi 3 juillet après deux ans de travaux. Découverte des nouvelles salles et de l’exposition temporaire Damien Deroubaix, “La Vallée d’Orphée”.
Après deux ans de travaux, une réorganisation des collections, des achats et la création de nouvelles salles, le musée de la Chasse et de la Nature ouvre à nouveau ses portes samedi 3 juillet. Installé dans les hôtels particuliers Guénégaud et Mongelas à Paris, le musée consacre ses nouveaux espaces à l'écologie et à la biodiversité. Il accueille également l’artiste Damien Deroubaix et son exposition La Vallée d’Orphée.
La nouvelle configuration du musée a permis la création, au second étage du musée, de cinq nouvelles salles dont le propos est guidé par des questions du vivant, comme le ressenti de l’animal ou son rapport à l’Homme.
La directrice du musée Christine Germain-Donnat, nommée en novembre 2019, a suivi toute la campagne de travaux et se réjouit d'accueillir enfin le public. “On élargit le cercle, au second étage nous avons ajouté des questionnements contemporains... Biodiversité, disparition des espèces, bien-être animal sont désormais au coeur des oeuvres présentées : "le musée de la Chasse et de la Nature ne pouvait pas passer à côté. On parle d’éthologie. Comment les animaux ressentent-ils le monde".
Un prolongement de la collection du premier étage qui traite "du rapport de l’homme à l’animal au travers des arts”, explique-t-elle. Une pièce est ainsi consacrée à l’Antiquité, une autre au Moyen-Age et ses deux animaux emblématiques, le cerf et le loup. Il y a aussi la salle des oiseaux qui symbolise la Renaissance, la salle des chiens avec les chasses de Louis XIV et de Louis XV. Et puis l’impressionnante et dérangeante, pour certains, salle aux trophées où toutes ces proies en taxidermie racontent la chasse au XXe siècle.
La modernité et la nature
La première étape de ce parcours plus contemporain est un "diorama anthropocène”, façon muséum. Derrière les vitrines, des animaux et un décor sont disposés au premier plan. En fond, pas de paysages idéalisés mais un environnement menaçant du jeune peintre français, François Malingrëy. Des zébrures d’avions dans le ciel, un maquis de lignes téléphoniques, des départs de feu, une explosion... tout ce que la modernité incontrôlée fait subir à la nature et aux animaux.
La chambre de la Tique, la salle du refuge dans les bois ou encore le cabinet de Darwin, qui met en avant l’évolution et la parentalité, sont aussi des nouveautés. Dans la salle de la forêt, un enchevêtrement d'arbres à base de cartons signé Eva Jospin (l’artiste aura “carte blanche” dans le musée en novembre prochain). Un peu plus loin, la forêt est floue et déformée ; dans son tableau "Paysage vu du train", Philippe Cognée met en lumière les différentes barrières dressées entre l’homme et la nature.
La chasse à l’heure des préoccupations écologiques
Une grande cabane en plumes noires trône dans la dernière salle. A l'intérieur, une bibliothèque dont les livres sont rangés par couleur. L’artiste Markus Hansen a voulu symboliser la multiplicité des savoirs, et rendre hommage à l’ethno-anthropologue Claude Levi-Strauss.
“Cette salle est là pour nous décoller de notre vision très européenne de la chasse et de l’animal. Une vision beaucoup plus universelle et vaste est quasiment obligatoire aujourd’hui... Il y a des croyances attachées aux animaux que l’on chasse ou que l’on honore de manière religieuse qui ne sont pas les nôtres” explique Christine Germain-Donnat.
Et de citer la chasse aux bisons des Indiens d’Amérique quand ils étaient encore nomades ou la chasse à l’ours en Sibérie “à la fois vivrière et religieuse, symbolique et magique. La chasse est une pratique hyper universelle et chargée de plusieurs missions et significations en fonction des civilisations. Ce musée est fait pour enrichir le débat et la réflexion".
“L’ensemble du musée est une immense réflexion philosophique sur la chasse. Il ne peut pas être manichéen : la chasse, c’est bien ou la chasse, c’est mal. Ce n’est pas le propos” insiste la directrice du musée. Ici chasse et nature ne sont pas antagonistes. “Le but, en sortant d’ici, c’est de se dire que ce n’est pas si simple et de se questionner”. La chasse “a suscité toutes ces tapisseries, sculptures, céramiques et peintures. C’est un puissant stimulus pour l’art”.
Damien Deroubaix et "la Valise d’Orphée"
Pour accompagner sa réouverture, le musée de la Chasse et de la Nature expose, le graveur et peintre français Damien Deroubaix et sa Valise d’Orphée (Orphée qui charme les bêtes sauvages avec sa lyre dans la mythologie). Une exposition temporaire, comme par le passé, mais dans la nouvelle ligne écologique et environnementale du musée. Le parcours démarre dans la cour avec une reproduction en bronze, à grande échelle, de la Vénus de Hohle Fels, la plus ancienne sculpture préhistorique connue.
L’exposition se poursuit avec la reconstitution d'une grotte primitive où des tableaux aux multiples couleurs, des gravures sur bois en grand format et des sculptures se partagent l’espace. L'artiste “dénonce la cruauté des humains qui menacent la vie animale, végétale et la survie de notre planète” détaille la commissaire Joanna Chevalier.
Une impressionnante collection d’amulettes de l’antiquaire Naji Asfar complète l'ensemble. Ces quelques 300 figurines zoomorphes, datant de plusieurs milliers d’années pour certaines, étaient des animaux protecteurs très importants dans les civilisations anciennes.
Avec des yeux présents un peu partout, des arcs en ciel, ou le mot “life” sur plusieurs tableaux, Damien Deroubaix qualifie son œuvre de “très symbolique”. Quant au chaos de son immense peinture au plafond, c'est “une vision de notre société dans 35 000 ans", lorsque de nombreuses espèces animales auront disparues...
Réouverture du Musée de la Chasse et de la Nature le 3 juillet 2021
“La Valise d’Orphée” de Damien Deroubaix jusqu’au 31 octobre 2021
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