Laurence des Cars, du musée d'Orsay au Louvre : la vision moderne et démocratique d'une historienne de l'art
Première présidente-directrice du Louvre à partir du 1er septembre, Laurence des Cars a été aussi la première femme à diriger le musée d'Orsay, où elle avait fait ses débuts remarqués.
La présidente du Musée d'Orsay et du Musée de L'Orangerie, Laurence des Cars a été choisie mercredi 26 mai pour remplacer Jean-Luc Martinez à partir du 1er septembre à la tête du Louvre, qu'il dirigeait depuis 2013. Laurence des Cars, 54 ans, sera la première femme à accéder à la tête du plus grand musée du monde. Elle dirigeait le Musée d'Orsay depuis quatre ans.
Une historienne de l'art
Laurence des Cars est la fille du journaliste et écrivain Jean des Cars, et petite-fille du romancier Guy des Cars. Après des études d'histoire de l'art à l'université Paris IV-Sorbonne et à l'École du Louvre, elle intègre l'École nationale du patrimoine et prend son premier poste de conservateur au musée d'Orsay en 1994, où elle demeure jusqu'en 2007. C'est durant cette période qu'elle est commissaire de plusieurs expositions en collaboration avec des musées internationaux, comme le Metropolitan Museum of Art, la Royal Academy of Art de Londres ou le musée Thyssen à Madrid.
Une approche moderne
Nommée directrice scientifique de l'agence France-Muséums en juillet 2007, elle est désignée comme opérateur français chargé du développement du Louvre Abu Dhabi, puis promue dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine en 2011. Cette spécialiste de l'art du XIXe et du début du XXe siècle se veut une directrice de son temps, se mobilisant pour un accès plus large des jeunes au musée, pour les restitutions d'œuvres spoliées par les nazis ou encore pour des expositions en lien avec des débats d'actualité. Son parcours prend un nouveau tournant lorsqu'elle est nommée en 2014 directrice musée de l'Orangerie puis en 2017 du Musée d'Orsay.
Orsay en grand
Laurence des Cars a été notamment l’instigatrice de l'expo-événement Le modèle noir en 2019 au musée d'Orsay, qu'elle préside depuis quatre ans et qui connaît un succès tel qu'elle a décidé d'en élargir les espaces. Sous son mandat, le nombre de visiteurs d'Orsay, l'un des plus grands musées d'Europe pour la période allant de 1848 à 1914, n'a cessé de croître, avec 3 700 000 visiteurs en 2019, et un niveau d'auto-financement atteignant 64%.
En pleine pandémie, la directrice se lance dans "Orsay grand ouvert", un projet qui va élargir le musée, grâce notamment à un don de 20 millions d'euros d'un mécène américain resté anonyme. Objectif : plus d'espaces d'expositions, un centre éducatif de 650 m2 et un centre de recherches ouvert à l'international qui sera inauguré en 2024, une dimension chère à l'historienne.
De nouvelles générations
Elle pratique de nombreux prêts en région. "En 2019, plus de 600 œuvres que nous conservons ont été vues, d'Ornans à Giverny", affirmait-elle en 2020 au Figaro. Lors d'un entretien avec l'AFP en avril, elle soulignait sa vision d'un musée dont la programmation serait ancrée "au sein des grands enjeux de société, en attirant ainsi les nouvelles générations". "Dans un monde qui peut chahuter, rejeter le musée", elle veut s'adresser aux "visiteurs de tous les âges et de toutes les origines socio-culturelles".
Restitutions
Sous l’impulsion de Laurence des Cars, le ministère de la Culture lance la procédure de restitution du tableau de Gustav Klimt, Rosiers sous les arbres, conservé au musée d'Orsay, aux ayants droit de Nora Stiasny qui en a été spoliée à Vienne en août 1938 par les Nazis. "Un grand musée se doit de regarder en face l'Histoire, y compris en se retournant sur l'histoire même de nos institutions", avait-elle commenté à l'AFP.
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