New York lance son printemps des ventes d'art aux enchères, malgré une cyberattaque sur Christie's
Après un fléchissement du marché mondial de l'art en 2023, les grandes maisons d'enchères Christie's et Sotheby's lancent lundi leurs ventes de printemps à New York, dans un climat plutôt optimiste après de bons résultats à Londres et à Paris.
L'une des semaines les plus courues de l'année risque toutefois de mal commencer : Christie's, propriété de la holding Artémis du milliardaire français François Pinault, a révélé vendredi avoir été la cible d'une cyberattaque : "Un problème de sûreté technologique a eu un impact sur nos systèmes (informatiques), y compris notre site internet", a expliqué une porte-parole. La maison d'enchères, basée à Londres, New York et Paris, qui brasse chaque année des milliards de dollars sur le marché de l'art, a assuré "regretter la gêne occasionnée pour (ses) clients" et "tout faire pour réduire au minimum les perturbations", sans préciser si ses grandes soirées huppées mardi et jeudi à New York – également sur internet et par téléphone seraient affectées.
Fourchette supérieure
Christie's espère que ses 900 œuvres rapporteront 578 à 846 millions de dollars et Sotheby's, qui appartient au milliardaire franco-israélien Patrick Drahi, vise pour ses 700 œuvres entre 549 et 784 millions de dollars, fourchette "légèrement" supérieure à celle de mai 2023.
Sotheby's ouvre le bal lundi soir, après avoir raflé la part du lion en novembre avec 1,1 milliard de dollars de revenus : Femme à la montre (1932) de Picasso avaient été adjugé 139 millions de dollars - deuxième prix jamais atteint pour le maître espagnol - et une Ferrari 250 GTO de 1962 était partie pour 51,7 millions de dollars, deuxième voiture la plus chère jamais adjugée aux enchères.
"Le marché est davantage défini par l'offre que par la demande", explique à l'AFP Lucius Elliott, responsable des ventes d'art contemporain chez Sotheby's. "Nous n'avons pas de difficultés à vendre des biens, nous avons plus de difficultés à convaincre les gens de les mettre en vente". L'expert reconnaît que le marché s'est "très, très légèrement contracté à la marge" par rapport à 2022 mais il affiche sa "confiance" compte tenu de bonnes ventes en mars à Londres, autre pôle international des arts et de la finance.
Guerres
Dans le contexte des guerres en Ukraine et au Proche-Orient, avec moins d'acheteurs russes sur le marché, les ventes aux enchères mondiales d'œuvres d'art ont atteint 14,9 milliards de dollars l'an passé contre 16 milliards en 2022 (-14,5%), année de sortie de la pandémie qui avait crevé tous les plafonds.
La moitié des acheteurs viennent des Etats-Unis et l'Asie continue de tirer le marché.
Chez Christie's, les œuvres les plus emblématiques proviennent de deux collections privées. Dans celle de Norman Lear, producteur, réalisateur et acteur américain de télévision décédé à 101 ans en 2023, la toile A Lawn Being Sprinkled (1967) de David Hockney est estimée entre 25 et 35 millions de dollars.
"Si vous recherchez aujourd'hui les meilleures œuvres, pas besoin de regarder ailleurs", affirme à l'AFP Max Carter, vice-président de Christie's, qui se réjouit de résultats "parmi les plus importants que nous n'ayons jamais eus" à Londres et "acceptables" à Paris en début d'année.
Pour Sotheby's, le joyau de la semaine est un portrait réalisé en 1966 par Francis Bacon de son partenaire d'alors, George Dyer, estimé entre 30 et 50 millions de dollars.
Enfin, le petit poucet des maisons d'enchères, Phillips, propose mardi 30 lots, dont un Basquiat évalué à 40 millions de dollars et un Picasso estimé entre 12 et 18 millions.
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