Palestine : enquête ouverte sur une caricature censée évoquer le prophète
Tout a commencé dimanche 1er février, quand le journal Al-Hayat al-Jadida, propriété de l'Autorité palestinienne, a publié un dessin de son caricaturiste le plus célèbre. Dans son dessin qui s'étale sur un tiers de page, Mohamed Sabaaneh a représenté un homme portant un coeur en bandoulière et répandant des graines sur le globe terrestre qu'il surplombe. Derrière lui, un halo de lumière est visible. En haut de l'image, un surtexte proclame en arabe et en anglais : "le prophète Mahomet".
Un dessin "mal compris"
Le dessin a aussitôt déclenché une controverse dans les réseaux sociaux, l'islam interdisant de représenter le prophète. Dans la nuit du 2 au 3 février, le président Abbas a réclamé une enquête immédiate et insisté sur "la nécessité de prendre des mesures dissuasives à l'encontre des responsables de cette terrible erreur". Mohamed Sabaaneh a assuré à l'AFP que son dessin avait "été mal compris" et qu'il attendait désormais les résultats de l'enquête. Sur sa page Facebook, il a écrit avoir récemment pris conscience que son "devoir" était de défendre sa religion et le prophète Mahomet. "J'ai essayé de le faire avec les mêmes moyens que ceux qui ont tenté de s'en prendre au prophète : la caricature", a-t-il souligné.
Des responsables éditoriaux d'Al-Hayat al-Jadida ont affirmé à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que "Mohamed Sabaaneh voulait montrer avec son dessin les graines de la tolérance et de l'amour semées par l'islam, incarné par l'homme, tandis que le halo qui l'entoure est le leg laissé par le prophète Mahomet aux musulmans". En Une mardi, Al-Hayat al-Jadida présentait "excuses et éclaircissements" et réfutait "totalement toute ressemblance ou explication tendant à associer le dessin publié à une représentation du prophète".
Caricature contre caricature
Lors d'un récent entretien avec l'AFP, peu après l'attentat qui avait fait 12 morts dans la rédaction parisienne du journal satirique Charlie Hebdo, dont les caricatures se moquent souvent des religions, Mohamed Sabaaneh affirmait éviter le sujet "sensible" de la foi. "Personnellement, en tant que caricaturiste et musulman, je rejette les dessins insultant le prophète. Mais il faut réagir à armes égales, caricature contre caricature - pas en tuant", a-t-il souligné.
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