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Paris : La deuxième partie de l'Institut des cultures de l'Islam ne verra pas le jour

La deuxième partie de l'Institut des cultures de l'islam ne verra pas le jour à Paris. La construction de cet espace, qui devait comprendre un auditorium et des lieux d'exposition a été annulée. Raisons politiques pour certains, matérielles pour d'autres, la mairie de Paris évoque un contentieux autour d'un mur partagé. Le projet avait été critiqué en raison de la mosquée qu'il devait héberger.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Institut des cultures de l'Islam Rue Stephenson et Polonceau
 (Mairie de Paris)

La deuxième partie de l'Institut des cultures de l'Islam (ICI) devait être inaugurée cette année à la Goutte d'Or, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, trois ans après l'ICI de la rue Stephenson, inauguré par l'ancien maire Bertrand Delanoë. Ce bâtiment de 1400 m2 rassemble dans les mêmes locaux un espace culturel et une salle de prière de 300 m2, qui a été vendue à la Mosquée de Paris.

ICI Barbès 

La deuxième partie, devait ouvrir courant 2015, à l'angle de la rue Polonceau et de la rue des Poissonniers et être baptisée "ICI Barbès". Elle devait elle aussi faire cohabiter espaces cultuels et espaces culturels, mais la maire de Paris Anne Hidalgo a décidé d'abandonner ce montage.
 
"La construction a été suspendue en raison d'un contentieux sur le mur mitoyen de la copropriété. On a demandé aux services de la Ville de revoir le projet. Il y aura un deuxième site, qui restera l'ICI rue Léon. Nous allons faire des travaux pour que le site devienne pérenne", a expliqué Bruno Julliard, adjoint chargé de la Culture à la mairie de Paris.

Une salle de prière commandée "dans le cadre d'une opération privée" 

L'ICI dispose en effet de manière -théoriquement- provisoire de locaux situés rue Léon.  Quant à la deuxième salle de prière, elle devrait pouvoir être construite rue Polonceau, "dans le cadre d'une opération privée".
 
Selon Bruno Julliard , cette solution sera "nettement moins cher" pour les finances de la Ville. "On sera à moins d'un million d'euros", alors que le coût prévisionnel de l'ICI Barbès, dessiné comme son jumeau de la rue Stephenson par l'architecte Yves Lion, était de seize millions d'euros (auquel s'ajoutait le coût de la salle de prière destinée à être vendue, soit 2,7 millions d'euros). Outre cette raison budgétaire, "nous trouvons tout à fait réussie la première cohabitation, mais nous préférons qu'il n'y en ait pas de nouvelle. L'ICI peut exister sans avoir une salle de prière dans ses murs, ce n'est pas un désaveu", a expliqué M. Julliard .

500m2 au lieu de 1200 

Dans la bataille, l'ICI 2 perd son auditorium et des espaces d'exposition, en passant d'une surface comprise entre 800 et 1200 m2 selon les scénarios à 500m2. "Le fait que ce soit distinct, c'est bien la démonstration que l'ICI a une pertinence propre qui n'est pas liée à la salle de culte", a souligné l'adjoint, rappelant qu'il avait été reproché à la Ville de se servir de l'espace culturel comme d'un prétexte pour financer la construction de la salle de culte.
 
Interrogée par l'AFP, le président de l'Institut des cultures d'Islam a fait part de son amertume. "Le renoncement d'Anne Hidalgo est purement idéologique, elle ne veut pas d'un centre culturel dans une mosquée", a réagi Jamel Oubechou, en soulignant que la vertu de l'ICI était justement d'atteindre un public habituellement éloigné de l'art, et de faire que "les gens se rencontrent et se parlent" autour de projets culturels. 

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