Paris: le musée Carnavalet raconte le peuple du XIXe
Au XIXe siècle Paris est encore une ville populaire. Comme ses faubourgs, les quartiers du centre, aujourd’hui devenus ultra-chics, sont peuplés de gens modestes et pauvres. Ils vivent en « garnis » ou dans des chambres. Avant les travaux d’Haussmann, l’île de la Cité est un entrelacs de ruelles sordides, le quartier Saint-Marcel (autour des Gobelins) est un des plus mal famés.
Le peuple de Paris, ce sont souvent des provinciaux venus chercher du travail à Paris. Il y a les petits métiers, immortalisés par des gravures ou les photos d’Eugène Atget : les porteurs d’eau, les marchands de « coco ». On construit beaucoup à Paris : les manœuvres viennent vendre leurs bras place de Grève (place de l’Hôtel de Ville). Il y a aussi les domestiques. La confection et l’entretien du linge emploie beaucoup de monde : les « cousettes », qui souvent travaillent à domicile, les blanchisseuses. Des ouvriers plus qualifiés sont employés dans les ateliers du centre
Et les chiffonniers, figure mythique, font un peu peur. Ils sont plusieurs milliers à arpenter la ville pour récupérer tout ce qu’ils peuvent. Car à l’époque rien ne se perd, tout est recyclé.
L'insurrection récurrente
Le peuple de Paris, c’est aussi un peuple imprévisible, prompt à la révolte. La rue a grondé et dressé des barricades de nombreuses fois au cours du XIXe siècle : dès les années 1820, puis tout le long des années 1830. L’insurrection a débouché sur des révolutions, en 1830, en 1848. En 1871, la Commune de Paris, gouvernement le plus proche d’un pouvoir du peuple, est noyée dans le sang.
L’exposition du Musée Carnavalet est une exposition pédagogique. De nombreuses notices expliquent comment le petit peuple de Paris se logeait. Comment il s’habillait. Comment il travaillait. Comment il se distrayait dans les cabarets, les bals ou les guinguettes.
Des gravures et les premières photographies nous racontent Paris
Le récit est illustré par les photos d’Eugène Atget, Charles Nègre et par de très nombreuses gravures. Elles nous montrent un « fort » des Halles, la foire aux maçons, les lingères, les célèbres « apaches », mauvais garçons de l’époque. Il faut garder à l’esprit que les images dont on dispose sont produites par les élites, souligne la commissaire de l’exposition, Miriam Simon.
Le Musée d’Orsay a prêté plusieurs tableaux : « Les Repasseuses » de Degas, « La Blanchisseuse » de Daumier ou « La Barricade » de Meissonier, qui dépeint une rue de Paris après le passage de la garde nationale en juin 1848. Le parcours est ponctué de quelques objets d’époque, un panier de blanchisseuse, un « tour » dans lequel on déposait les enfants abandonnés, quelques vêtements.
Pour faire face à un peuple explosif, le contrôle social s’organise. On construit les premières cités ouvrières dans le IIe arrondissement, au règlement draconien. Chaque ouvrier doit avoir un « livret ». On peut voir à Carnavalet à quoi ressemblaient les « permis de séjour » délivrés aux provinciaux venus à Paris.
Le parcours s’achève sur les barricades, si souvent été dressées aux quatre coins de Paris.
Le peuple de Paris au XIXe siècle, des guinguettes aux barricades, Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 75003 Paris, 01-44-59-58-58
Tous les jours sauf lundi et jours fériés
Du mardi au dimanche : 10h-18h
Tarifs : 7 € / 5 € / 3,50 €
Du 5 octobre au 26 février
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