10 millions de dollars de récompense pour retrouver les tableaux volés du musée Gardner de Boston
Vingt-sept ans que les responsables de cette institution plus que centenaire espèrent récupérer les 13 oeuvres dérobées la nuit du 18 mars 1990, d'une valeur estimée à au moins un demi-milliard de dollars. Déguisés en policiers, les cambrioleurs s'étaient fait ouvrir par les deux gardiens de nuit avant de les ligoter puis de repartir avec quelques joyaux, notamment trois Rembrandt, un Vermeer, un Manet et cinq dessins et aquarelles de Degas.
Une récompense d'un million de dollars a rapidement été offerte en échange d'une information de nature à mener au butin, sans succès. En 1997, le Isabella Stewart Gardner Museum, qui porte le nom de sa fondatrice, la fait passer à cinq millions, mais les résultats ne sont guère plus probants.
10 millions de dollars de récompense
Après un quart de siècle d'enquête, coup de théâtre en mars 2013, le FBI annonce avoir identifié les voleurs, membres d'une organisation criminelle du nord-est des Etats-Unis. Seul problème, les faits sont prescrits depuis 1995 et les suspects ne peuvent être interpellés ou poursuivis, car ils ne sont apparemment plus en possession des oeuvres. Mais le musée ne désespère pas et, en mai dernier, porte la récompense à dix millions de dollars, la plus importante somme jamais offerte par un acteur privé, selon l'institution, avec une date limite, fin 2017.Et à quelques heures de 2018, Anthony Amore, responsable de la sécurité du musée, est sur les dents, malgré les fêtes. "Ca veut dire quoi, souffler? Je ne connais pas ce mot. Nous avons des tableaux à trouver", dit à l'AFP cet ancien du ministère américain de la Sécurité nationale (DHS), sur le coup depuis 2005.
Depuis le vol, les cadres dans lesquels ont été découpés les toiles n'ont pas bougé, pour respecter les dernières volontés d'Isabella Stewart Gardner, qui voulait que tout soit maintenu en l'état dans son musée. L'institution est désormais beaucoup plus connue pour ce cambriolage à l'ancienne que pour son somptueux palais, bâti en assemblant des vestiges achetés en Italie, ou sa collection, encore forte de belles pièces, comme un Titien, deux Velazquez ou un Rubens. L'artiste Sophie Calle en avait fait une exposition en 2013, en photographiant les cadre laissés vides, et en demandant aux personnes qui avaient cotoyé les tableaux volés de s'exprimer.
"Tout est concentré sur la récupération des oeuvres"
Cette date limite aide à redonner un peu d'élan à une affaire qui semble dans l'impasse, après des milliers d'heures d'auditions et des déplacements aux quatre coins du monde sur la foi d'indices. "L'enquête a connu beaucoup de tournants et de rebondissements, des pistes prometteuses et des impasses", résume Kristen Setera, porte-parole de la police fédérale (FBI) de Boston."L'attention va croissante" à l'approche de la fin de l'année, explique Anthony Amore, ravi. "On a reçu beaucoup d'appels et de courriers électroniques." "Quelques-uns d'entre eux ont été très précieux", ajoute-t-il, sans plus de précision. Pour celui qui entamera l'an prochain une carrière politique en se présentant à l'Assemblée du Massachusetts sous bannière républicaine, le trésor n'est "pas loin de là où je suis assis, ici à Boston".
Quel qu'il soit, le détenteur aujourd'hui ne peut en profiter comme un collectionneur ordinaire, selon lui. "Vous ne pouvez pas l'accrocher au mur", dit-il. Ces tableaux "sont la plus exacte définition de l'inestimable. Ils ne peuvent pas être vendus ou changé de place." Si une personne découverte en possession des objets volés pourrait encore être poursuivie, l'heure n'est plus à la sanction. Le FBI a d'ailleurs déjà indiqué qu'il serait prêt à accorder l'immunité au détenteur d'une piste fiable. "Nous ne sommes plus sur les poursuites. Tout est concentré sur la récupération" des oeuvres, assure Anthony Amore.
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