70 portraits de Goya exposés à la National Gallery de Londres
Sa vie s'étend sur plus de huit décennies au cours desquelles l'artiste espagnol fut le témoin d'une série d'événements dramatiques qui changea le cours de l'histoire, relève le musée. Les portraits représentent un tiers de son oeuvre. Sur les 150 qui ont traversé les âges, près de la moitié seront exposés à la National Gallery, précise le musée, l'un des plus fréquentés au monde avec six millions de visiteurs par an.
Goya était le peintre officiel de la cour du roi d'Espagne Charles IV et l'un des artistes préférés de l'aristocratie espagnole, combinant ce travail avec un art plus personnel dans les séries "désastres de la guerre" ou "peintures noires".
"Goya, l'un des plus grands portraitistes de l'histoire"
"Il n'y a jamais eu d'exposition centrée sur ses portraits, de peur d'ennuyer les gens. Mais cela valait la peine de prendre le risque, parce que vous découvrez Goya à travers ses pairs et cela permet de voir mûrir son art", dit le commissaire de l'exposition, Xavier Bray.Selon lui, l'ambition de cette exposition intitulée "Goya: les portraits", est de "réhabiliter Goya comme l'un des plus grands portraitistes de l'histoire", à la démarche "novatrice et non conformiste". Bray donne l'exemple de deux tableaux représentatifs du début et de la fin de sa carrière, soulignant l'énergie et la lumière du large portrait baptisé "La famille de l'infant Don Louis de Bourbon" (réalisé entre 1783 et 1784), face à l'auto-portrait de l'artiste mourant dans les mains du docteur Arrieta (1820).
"J'espère que ce sera un grand succès. Goya est un peintre excentrique, parfois les mains ne sont pas tout à fait bien réalisées, parfois le corps est un peu curieux, et les Anglais sont très critiques de ce genre d'imperfections. Mais l'important est que l'on pense qu'il est le meilleur portraitiste", dit le commissaire, soulignant que "Manet, Picasso et Lucien Freud sont nés du style de Goya".
Goya et la duchesse d'Albe
L'un des joyaux de l'exposition est le portrait de la duchesse d'Albe (1797), présenté pour la première fois au Royaume-Uni. C'est la deuxième fois seulement que ce tableau, conservé à la Hispanic Society of America à New York, quitte les Etats-Unis.La toile montre cette amie proche et mécène de Goya vêtue d'un costume noir et coiffée d'une mantille, le doigt impérieusement pointé vers le sol où sont inscrits les mots "Siempre Goya". Il s'agit de l'un des grands mystères de l'œuvre du peintre.
Dans une biographie du peintre, l'historien d'art Robert Hughes voit cette inscription comme une déclaration d'amour de l'artiste à la duchesse, que la rumeur présentait comme sa maîtresse. Mais pour Xavier Bray, ce message a une toute autre signification. "Cela signifie plutôt: Goya est le seul qui peut me peindre. Ils avaient une relation platonique, Goya éprouvait une fascination pour cette femme qui était extraordinairement belle et en même temps excentrique", dit-il.
Parmi les autres pièces maîtresses figurent le portrait de Don Valentine Bellvis de Moncada y Pizarro, issu du Fondo Cultural Villar Mir de Madrid, et celui de la Comtesse-Duchesse Benavente, exposés pour la première fois au public. Le Musée du Prado a envoyé dix tableaux, les autres provenant notamment de collections privées et de musées de New York, Stockholm, Sao Paulo ou Mexico. L'exposition se termine le 10 janvier 2016.
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