À Châtellerault, ce tableau de Renoir jamais exposé pourrait enfin ressortir des réserves des musées

Pour un musée, posséder une œuvre authentique signée d’un des grands maîtres de l’impressionnisme constitue une fierté qui est en général largement affichée. Ce n’est pas le cas à Châtellerault, dans la Vienne, où peu de personnes connaissent son existence. Sophie Brégeaud-Romand fait partie de celles-là. La conservatrice des musées de Châtellerault a suivi de près l'arrivée de l'oeuvre dans les collections. Selon elle, cette huile sur toile de petit format (20 cm x 14 cm) représentant un paysage provençal serait davantage une esquisse préparatoire qu’un tableau achevé. 

Une oeuvre de fin de vie

D’après les spécialistes, Renoir aurait peint cette étude préparatoire en 1918, c'est-à-dire peu de temps avant sa mort, le 3 décembre 1919 à Cagnes-sur-Mer. Ce tableau faisait partie de la collection Ambroise Vollard, grand galeriste et marchand d'art des impressionnistes.

À la mort du collectionneur, la famille de ce dernier a permis à sa secrétaire, Charlotte Jarnoux, de choisir deux œuvres. Choix qui s’est porté sur une sculpture de Maillol et sur cette étude de la montagne Sainte-Victoire. En 2002, après son décès, la famille de Charlotte Jarnoux a fait un don de différents objets d'art, dont ce Renoir, au musée Sully de Châtellerault. C’est Sophie Brégeaud-Romand qui a régularisé ce legs en 2005.  

Trouver sa place

Comment expliquer qu’une telle œuvre, même de petite taille, n’ait jamais été présentée au public ? "Nous ne l’avons pas montrée car il n’y a pas eu de projets autour. Ce n’est pas le propos du musée de Châtellerault de présenter ce type d’oeuvre", explique Sophie Brégeaud-Romand.

La ville compte plusieurs musées : celui de l’Hôtel de Sully, axé sur l’archéologie et l’histoire et le Grand Atelier, qui fut longtemps Musée de la technique et de l’automobile puis Musée Auto Moto Vélo, avant de devenir donc le Grand Atelier, musée d'art et d'industrie.

Les réserves des musées comptent plus de 30 000 objets. La municipalité actuelle (arrivée en 2008) ne connaissait pas l’existence de ce tableau. Interrogée par nos confrères de la Nouvelle République, la première adjointe au maire, Maryse Lavrard, raconte que "c'est le directeur de l'école d'arts plastiques" qui leur a dit. "On ne le savait pas du tout. Ça nous a quand même étonnés. Jamais on n'en a entendu parler”.

Le sujet va semble-t-il être évoqué dans une prochaine réunion pour qu'enfin ce petit tableau de Renoir soit au cœur de grands projets.