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Au coeur des peintures du Caravage : une exposition exceptionnelle à Milan

Plonger au coeur des oeuvres du Caravage, découvrir son processus créatif, c'est le voyage que propose le Palazzo Reale à Milan avec une exposition livrant les résultats des dernières recherches sur l'artiste italien qui a révolutionné la peinture (jusqu'au 28 janvier 2018).
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Michelangelo Merisi da Caravaggio - A droite, "Sainte Famille avec Saint Jean", 1602-1604, New York, The Metropolitan Museum of Art - A gauche A droite, "Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste", 1607-1610, National Gallery, Londres
 (A gauche © 2017. Image copyright The Metropolitan Museum of Art /Art Resource/Scala, Firenze - A droite © The National Gallery, London 2017. Bought, 1970)

Milan, ville natale du maître du clair-obscur (1571-1610), a choisi de lui rendre hommage en réunissant 20 de ses plus grands chefs-d'oeuvre, accompagnés d'une animation multimédia présentant, pour chacun, images radiographiques et infrarouges.
 
Les tableaux de l'exposition "A l'intérieur du Caravage" ("Dentro Caravaggio"), au Palazzo Reale, viennent des plus grands musées italiens et étrangers, à l'image de "La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste", prêté par le Metropolitan Museum of Art de New York, "Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste", venu de la National Gallery de Londres, ou "Marthe et Marie-Madeleine", du Detroit Institute of Arts.
 
"C'est une exposition particulière. Outre le fait d'offrir au public 20 chefs-d'oeuvre du Caravage, un chiffre incroyable pour cet artiste", elle permet de découvrir "son parcours créatif et d'entrer ainsi dans Le Caravage, dans sa tête", explique à l'AFP la commissaire, Rossella Vodret.

Michelangelo Merisi da Caravaggion, "Saint Jean-Baptiste", vers 1604, Gallerie Nazionali di Arte Antica di Roma, Galleria Corsini, Roma
 (Gallerie Nazionali di Arte Antica di Roma:Galleria Corsini. Photo Mauro Coen)


Un agneau enlevé du "Saint Jean-Baptiste" de Rome

Les infrarouges et radiographies montrent les changements, ajustements, remords du peintre, en mettant au jour "une série d'images cachées". Des éléments qu'il "avait insérés au début dans ses compositions et qui, ensuite, pour diverses raisons, ne lui ont plus plu et qu'il a enlevés", précise-t-elle.
 
Dans le tableau "Saint Jean-Baptiste", exposé habituellement au Palais Corsini à Rome, qui représente un jeune homme assis se tournant vers sa droite, "on ne comprenait pas pourquoi il avait cette position. Avec les radiographies nous avons découvert qu'il se tournait en fait vers un agneau, qui est son symbole iconographique" mais que l'artiste a finalement décidé de cacher, note Rossella Vodret.
 
Dans "Saint Jérôme en méditation", habituellement conservé à l'abbaye de Montserrat à Barcelone, c'est la jambe droite du vieil homme qui a été recouverte avec davantage de tissu, tandis que dans "La Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste", c'est l'habit de Marie qui a subi des transformations.
Michelangelo Merisi da Caravaggio, "Le Sacrifice d'Isaac", 1603, Gallerie degli Uffizi, Firenze, Gabinetto Fotographico delle Gallerie degli Uffizi
 (Gabinetto fotografico delle Gallerie degli Uffizi, Firenze)


Un vide dans la biographie connue

L'exposition entend aussi raconter avec une perspective nouvelle les années de l'extraordinaire production artistique du Caravage, qui en moins de 15 ans a révolutionné la peinture de son époque.
 
Les recherches approfondies menées par les Archives de Rome ont en effet conduit à revoir la chronologie de ses premières oeuvres.
 
On pensait que Le Caravage était arrivé dans la cité éternelle en 1592. Les premiers témoignages de sa présence datent en fait de 1596. "Cela représente à la fois une accélération de sa production, qui n'a pas été faite en huit ans mais en quatre ans", et "un vide de quatre ans", qu'il a "probablement passés en prison" après avoir tué un homme à Milan, souligne Rossella Vodret.
Michelangelo Merisi da Caravaggio, "Saint François en méditation", 1606, Roma, Gallerie Nazionali Barberini Corsini, Proprietà FEC, Gallerie Nationali D'Arte Antica di Roma, Proprietà FEC, Ministero dell'Interno
 (photo Mauro Coen)

Une personnalité marquée par les excès

L'exposition, via des citations, retrace aussi qui était "l'homme Caravage, avec ses inquiétudes, ses névroses (...) qui nous fascinent dans ses oeuvres", note-t-elle, en évoquant "une personnalité très forte, très particulière, marquée par les excès".
 
Le Caravage, mort seul à 38 ans en exil en Toscane après avoir tué un autre homme lors d'une bagarre, est "une figure fascinante, qui ne cesse de nous surprendre", ajoute la commissaire.
 
Ainsi, "il a toujours été dit que Le Caravage ne dessinait pas. En réalité, dans ses oeuvres de jeunesse, il dessinait sur la préparation claire de ses tableaux avec un pinceau fin et un fusain", comme les autres peintres de son époque, déclare Rossella Vodret.
 
Le tournant dans sa technique intervient en fait en 1600 avec la chapelle Contarelli, dans l'église Saint-Louis des Français de Rome. Il s'agit de sa première commande publique et il n'a qu'une année pour la finir.
 
Le Caravage modifie alors sa façon de travailler. La préparation, jusque-là claire, devient sombre : le peintre ajoute seulement les parties claires ou mi-éclairées. Il s'impose alors définitivement comme le maître du clair-obscur.

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