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Au MuMa du Havre, l'incroyable collection du père de l'impressionnisme Eugène Boudin

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Eugène Boudin au MuMa du Havre {} (FTR)
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture

Alors que l’impressionnisme fête ses 150 ans, gros plan sur la collection unique du MuMa du Havre qui possède une centaine d’œuvres du peintre normand Eugène Boudin considéré comme l’un des pères de ce mouvement artistique. 

Avec un ensemble de 365 œuvres (peintures, dessins, aquarelles, gravures), le Musée d'art moderne André Malraux (MuMa) du Havre possède la deuxième plus grande collection au monde consacrée à Eugène Boudin. Des toiles, données par son frère en 1900 et qui proviennent en majeure partie du fonds d’atelier du peintre. La collection s’est enrichie au XXe et au début du XXIe siècle grâce à des acquisitions et de nouveaux dons et legs. 

Un lien étroit

Eugène Boudin n’est pas né au Havre mais à Honfleur en juillet 1824 et c’est à Deauville qu’il est mort en août 1898. Mais c’est là qu’il a passé son enfance. En 1835, sa famille s'installe en effet au Havre. Dès l'âge de dix ans, Eugène Boudin travaille comme mousse sur un bateau à vapeur. Il a vingt ans quand il fonde une boutique de papetier-encadreur où il expose les œuvres des artistes de passage.

Deux ans plus tard, il commence à suivre des cours à l'école municipale de dessin du Havre avant de se consacrer à la peinture... avec succès. En 1851, il reçoit une bourse d'étude annuelle du conseil municipal du Havre, afin d'aller étudier la peinture à Paris pendant trois ans. En contrepartie, il doit envoyer des copies d’œuvres de maîtres anciens exécutées au musée du Louvre qui sont exposées au Musée du Havre ouvert en 1845.

"Nom de Dieu, Boudin, vous êtes un séraphin, il n’y a que vous qui connaissiez le ciel". Les mots admiratifs de Gustave Courbet évoquent le talent incroyable d'Eugène Boudin à saisir les nuances célestes. (G. Louis / France Télévisions)

Un peintre instinctif

Après sa première exposition à Paris en 1857, l'artiste vend une vingtaine de toiles lors d'une vente aux enchères au Havre. À l'époque, Boudin est l’un de premiers à sortir de son atelier pour aller peindre en plein air et saisir les changements de lumière. Avec la mode des bains de mer, il trouve des modèles de choix dans la bourgeoisie et la noblesse parisiennes, friandes des plages des stations balnéaires normandes. En 1874, il participe à la première exposition du mouvement impressionniste. La première... qui sera également la dernière pour lui. Tout en étant considéré comme l’un des précurseurs de ce courant, Eugène Boudin entretiendra une relation distante avec le groupe de peintres. 

Annette Haudiquet, conservatrice en chef au MuMa rappelle que pour Eugène Boudin, "s’affirmer a été un combat" : "Il est dans une peinture qui ne respecte plus les canons de la peinture académique mais dans quelque chose de plus inventif, de beaucoup plus libre". 

Une pointe d'amertume ?

À la mort de Boudin en 1898, le musée du Havre possède sept peintures, dix dessins et une aquarelle de l’artiste. Avant sa mort, il avait donné une seule toile au musée du Havre, Nature morte aux poissons (1873), pas la plus belle au demeurant. Selon Annette Haudiquet, il y a quelque chose d’un peu amer dans ce don : “On semble deviner une espèce de message post-mortem... Ville du Havre, vous m’avez aidé certes mais vous ne m’avez pas bien compris. Je vous donne ce tableau qui ressemble à ce que vous imaginez de moi." 

Annette Haudiquet, conservatrice en chef au MuMa devant "Nature morte aux poissons (1873)", le seul tableau donné par Eugène Boudin de son vivant au musée du Havre. (G. Louis / France Télévisions)

Malgré cette impressionnante collection de tableaux signés du maître, il faudra attendre 1906 pour que le musée organise la première rétrospective Eugène Boudin au Havre. Et encore beaucoup plus longtemps - plus d'un siècle - pour la seconde qui a eu lieu au MuMa en 2016 ! Espérons qu’il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour contempler les œuvres de celui qui garde une vraie cote d’amour chez les collectionneurs. En janvier 2022, la toile Deauville. Le champ de courses en 1866 s’est vendue 2,37 millions d’euros aux enchères.   

Musée d’art moderne André Malraux - MuMa - 2 boulevard Clemenceau - 76600 Le Havre - Ouvert tous les jours sauf le lundi. Tarifs : de 4 à 10 € - Tél. : 02 35 19 62 62

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