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Aux Pays-Bas, l'exposition au musée d'une version en intelligence artificielIe de "La Jeune Fille à la perle" de Vermeer fait des remous

Est-ce encore de l'art ? Ou une véritable gifle faite aux artistes ? L'accrochage dans un musée de La Haye d'une version réalisée à l'aide de l'intelligence artificielle du célèbre tableau de Vermeer fait débat aux Pays-Bas.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une version du célèbre tableau de Vermeer "La Jeune Fille à la perle", réalisée à l'aide d'une intelligence artificielle par le créateur numérique Julian van Dieken et exposée au musée Mauritshuis de La Haye en mars 2023. (SIMON WOHLFAHRT / AFP)

Une version réalisée à l'aide de l'intelligence artificielle d'une des œuvres les plus illustres de l'histoire de la peinture, La Jeune Fille à la perle de Vermeer, suscitait la controverse vendredi 10 mars 2023 dans un musée néerlandais.

À première vue, on retrouve la luminosité si caractéristique du tableau original et le regard emblématique de la jeune fille. Mais à y regarder de plus près, des détails étranges sautent aux yeux. Cette jeune fille n'a pas qu'une boucle d'oreille mais deux, une à chaque côté, étincelantes, et des tâches de rousseur d'une nuance de rouge un peu inhumaine parsèment son visage.

L'œuvre IA a été réalisée dans le cadre d'un concours

L'œuvre version intelligence artificielle (IA) est montrée au musée Mauritshuis de La Haye, qui expose les reproductions de La Jeune Fille à la perle de Vermeer (1665) réalisées par des fans dans le cadre d'un concours baptisé Ma fille à la perle, organisé par le musée. Elle est signée Julian van Dieken, créateur numérique basé à Berlin. Il a réalisé sa version IA du célèbre tableau en utilisant l'outil d'IA Midjourney, capable de générer des images complexes à l'aide de millions d'images provenant d'Internet, et Photoshop.

Sa reproduction a été sélectionnée parmi l'une des cinq créations, sur les 3 482 soumises au total pour le concours, exposées dans la pièce où trône habituellement la vraie Jeune Fille à la perle, actuellement prêtée au Rijksmuseum d'Amsterdam pour une rétrospective événement sur le peintre néerlandais. "C'est surréaliste de la voir dans un musée", a écrit Julian van Dieken sur Instagram. Les participants au concours, âgés de 3 à 94 ans, ont utilisé toutes sortes d'outils et d'objets tels que des crayons, de la peinture, du textile et même de la salade et des fleurs.

Un visiteur du musée Mauritshuis de La Haye (Pays-Bas), regarde, le jeudi 9 mars 2023, les cinq reproductions de "La Jeune Fille à la perle" de Vermeer qui ont remporté le concours organisé par le musée. (SIMON WOHLFAHRT / AFP)

"Une insulte à l'héritage de Vermeer", estime une artiste

La sélection d'une image générée par l'IA a fait des remous. L'artiste néerlandaise Iris Compiet a déclaré sur la page Instagram de l'exposition du musée que c'était "une honte et une insulte incroyable", un avis partagé par des dizaines d'autres internautes. "C'est une insulte à l'héritage de Vermeer et aussi à tout artiste en activité. Venant d'un musée, c'est une vraie gifle", a fustigé Iris Compiet auprès de l'AFP, comparant l'image au monstre de Frankenstein. Elle estime que les outils d'IA violent le droit d'auteur d'autres artistes, en utilisant leurs œuvres comme base pour des images générées artificiellement, et se servent de photos d'internautes. Il s'agit d'une "technologie contraire à l'éthique", estime pour sa part l'artiste Eva Toorenent, qui œuvre pour la régulation de l'IA. "Sans le travail d'artistes humains, ce programme ne pourrait tout simplement pas générer d'œuvres", a-t-elle déclaré, citée par le quotidien néerlandais De Volkskrant.

"C'est une question si difficile, qu'est-ce qui est de l'art et qu'est-ce qui ne l'est pas?", s'interroge l'attaché de presse du musée Boris de Munnick, ajoutant que le Mauritshuis n'avait pas délibérément cherché à ouvrir le débat. "Nous pensons que c'est une belle image, nous pensons que c'est un processus créatif", et "nous ne sommes pas le (genre de) musée pour discuter si l'IA à sa place dans un musée d'art", ajoute-t-il. Quant aux tâches de rousseur sur la version IA de La Jeune Fille à la perle, elles sont, vues "de près", "un peu effrayantes", admet-il.

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