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Balade de printemps à Giverny avec Maurice Denis et Bernard Plossu

Le Musée des impressionnismes de Giverny (Eure) expose les printemps de Maurice Denis, que le peintre n’a cessé de célébrer, ainsi que les photos que la maison de Monet, juste à côté, a inspirées à Bernard Plossu, en noir et blanc et en couleur. C’est l’occasion de voir ou revoir ce lieu magique à la plus belle saison, où Claude Monet a vécu et peint ses « Nymphéas »
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos
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Temps de lecture : 5min
Maurice Denis, Avril (Les Anémones), 1891, Collection particulières
 (Tous droits réservés © Paris, ADAGP, 2012 )

Maurice Denis (1870-1943) n’est pas un peintre impressionniste. Mais il a rencontré Claude Monet, le grand maître de l’impressionnisme. Et il a célébré la nature, en particulier au printemps, saison qui incarne pour lui l’amour, le bonheur et le mystère religieux.

Par ailleurs, le Musée des impressionnismes de Giverny n’est pas un musée de l’impressionnisme au sens strict. Il s’intéresse, au-delà de ce courant, à ses précurseurs et aux artistes qui lui ont succédé, parmi lesquels les nabis dont Maurice Denis est un des fondateurs.

80 de ses œuvres se déploient dans les salles spacieuses du musée, qui a pris la place de l’ancien Musée d’art américain de Giverny en 2009.

Maurice Denis, Pommier en fleur, vers 1908, Collection particulière
 (Tous droits réservés / Photo : Olivier Goulet © Paris, ADAGP, 2012)

Maurice Denis aimait se promener tout seul dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, la commune où il a vécu une bonne partie de sa vie. Il y situe de nombreuses scènes de ses tableaux. Il aime peindre les pommiers et cerisiers en fleur sur les collines de son coin d’Ile-de-France.

Le printemps et l'amour
Dès ses débuts, le printemps est associé à la recherche de l’amour. En 1891, il a 21 ans, il peint « Avril (Les Anémones) » : dans une forêt aux frondaisons coupées, un chemin serpente, le chemin de la vie, entre les ronces et les roses. Au premier plan, une jeune fille cueille des fleurs. Plus loin, elle est en blanc, la couleur des fiançailles, alors qu’au fond, un couple symbolisant le mariage se promène. Maurice Denis n’a que 20 ans et déjà, on trouve dans ce tableau les thèmes symbolistes qu’on va retrouver dans toute son œuvre.

Les peintures de Maurice Denis sont pleines de blanc, le blanc symbole de virginité dont s’habillent ses jeunes filles, le blanc des couronnes de fleurs, des colombes.

En 1894, le peintre réalise trois plafonds pour le musicien Ernest Chausson. Il y célèbre la famille, l’amour, le printemps, avec des jeunes filles qui flottent dans le ciel, des lilas blancs, des colombes. Dispersés lors de la vente de l’hôtel particulier de Chausson, les plafonds sont réunis pour l’exposition.

Maurice Denis, Avril, premier plafond pour Ernest Chausson, vers 1894, Collection particulière
 (Tous droits réservés © Paris, ADAGP, 2012)

Une symphonie de blanc dans la salle à manger de Gabriel Thomas
Le summum de cet univers visuel sera atteint avec « L’Eternel printemps », le décor que Maurice Denis réalise pour la maison de Gabriel Thomas à Meudon en 1906, prêté par le musée de Saint-Germain-en-Laye pour l’exposition.

Les huit panneaux sont encore une symphonie de blanc. Ils étaient installés dans la salle à manger, déjà lumineuse, alternant avec les ouvertures donnant sur le jardin et devaient être étourdissants de clarté dans ce cadre. Le peintre développe ici tous les sujets récurrents depuis ses débuts.

Ici, encore des jeunes filles en blanc, en ronde, volant avec des anges, se baignant, buvant l’eau de la fontaine, des agneaux, des colombes, des arbres en fleur. Une Vierge à l’enfant entourée de communiantes reflète la préoccupation religieuse de Maurice Denis.

Maurice Denis, Matinée de Pâques, ou Saintes femmes au tombeau, 1894, Saint-Germain-en-Laye, Musée départemental Maurice Denis
 (Paris, ADAGP, 2012)

Le printemps et le mystère religieux
Il a en effet réalisé de nombreuses œuvres où sa vision personnelle de la religion est étroitement associée au printemps. Il donne souvent pour cadre à des scènes religieuses ses paysages familiers de Saint-Germain-en-Laye au printemps. Pour Pâques encore, il peint des femmes en blanc, baignées dans une lumière mystérieuse.

Dans une série d’Annonciations, l’ange Gabriel est remplacé par un prêtre, accompagné de deux enfants de chœur, dans une pièce dont la fenêtre donne sur un paysage printanier.

Cabinet de toilette de Claude Monet, Giverny, hiver 2010
 (Bernard Plossu)

Le "Monet intime" de Bernard Plossu
Le Musée des impressionnismes expose aussi une soixantaine de photos réalisées par Bernard Plossu dans la maison et le jardin de Claude Monet à Giverny durant l’hiver 2010 et le printemps 2011. Bernard Plossu est connu surtout pour son noir et blanc dépouillé. Ici, il a fait beaucoup de couleur. Avec un objectif de 50 mm, le plus proche de la vision humaine. Les tirages couleur sont des tirages Fresson au charbon, un procédé magnifique qui donne des teintes douces et subtiles, chaudes, et une texture incomparable. Des images qui font penser aux autochromes du début du XXe siècle ou, pourquoi pas, à des toiles impressionnistes.

Le photographe s’est promené dans les recoins de la maison, de la grande cuisine aux carreaux bleus à la salle à manger jaune envahie par un rayon de soleil. Il a regardé les fleurs du jardin depuis une fenêtre, derrière un volet à moitié tiré, isolé une branche de rosier fané sur un ciel d’hiver en noir et blanc. « Ici, je sens Monet, et j’apprends à l’aimer en le comprenant », écrit Plossu, qui a cherché à s’imprégner de l’atmosphère du lieu.

Le jardin et la maison de Claude Monet à Giverny
 (Valérie Oddos / FTV)

Ce lieu, situé à une centaine de mètres, il faut bien sûr profiter d’une visite au Musée des impressionnismes pour s’y rendre, surtout au printemps. Vu l’affluence, on ne pourra pas y trouver le calme que dégagent les images de Plossu. Mais c’est émouvant de se plonger dans l’atmosphère cosy où Claude Monet vivait et recevait, dans les couleurs dont il s’entourait, celles de la maison et surtout celles du jardin, explosion de fleurs et de verdures. De se promener au parfum des roses et des chèvrefeuilles autour de l’étang aux nymphéas.

Maurice Denis, L’Eternel printemps, jusqu’au 15 juillet 2012
Monet intime, Photographies de Bernard Plossu, 8 juin – 31 octobre 2012
Musée des impressionnismes
, 99 rue Claude Monet, 27620 Giverny, 02-32-51-94-65
Musée ouvert du 1er avril au 31 octobre, tous les jours 10h-18h
Tarifs 6,50€ / 4,50€ / 3€

La Maison et les Jardins de Claude Monet
Tous les jours du 1er avril au 1er novembre, 9h30-18h
tarifs : 9€ / 5€ / 4€

Possibilité de billets jumelés Musée des impressionnismes – Maison Monet (de 7€ à 15,50€)

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