Berlin a restitué toutes les œuvres de la collection Gurlitt volées par les nazis
En 2012, à l'occasion d'une opération des douanes, les autorités ont découvert la collection de plus de 1 500 d'oeuvres cachées depuis des décennies par Cornelius Gurlitt. Une affaire au retentissement international.
L'Allemagne a restitué à ses propriétaires l'ensemble des 14 oeuvres d'art du collectionneur Cornelius Gurlitt identifiées comme ayant été volées à des juifs sous le IIIe Reich, a annoncé mercredi 13 janvier le ministère de la Culture.
Découverte tardive
Un dessin du poète et peintre allemand Carl Spitzweg intitulé Das Klavierspiel, a été transmis le 12 janvier à la maison d'enchères Christie's selon le voeu des héritiers de Henri Hinrichsen, un éditeur de partitions musicales de confession juive assassiné à Auschwitz en 1942. L'oeuvre lui avait été volée par les nazis en 1939 et achetée l'année suivante par Hildebrand Gurlitt, le père de Cornelius, proche du régime d'Hitler.
Ce n'est qu'en 2012, à l'occasion d'une opération des douanes, que les autorités avaient découvert la collection de plus de 1 500 d'oeuvres cachées depuis des décennies par Cornelius Gurlitt, une affaire au retentissement international. Quatorze d'entre elles avaient pu être identifiées comme dérobées à des juifs, mais des zones d'ombre demeurent sur la constitution de ce trésor. Le collectionneur d'art germano-autrichien est quant à lui décédé en 2014.
"Responsabilité morale"
"C'est un signal important" que ces oeuvres d'art aient pu "être restituées aux héritiers des victimes", s'est félicité la ministre de la Culture, Monika Grütters. "Derrière chacune de ces oeuvres se cache un destin humain tragique comme celui de Henri Hinrichsen, mort à Auschwitz", a-t-elle ajouté. "Nous ne pouvons pas réparer cette terrible souffrance mais nous tentons (...) de faire face à notre responsabilité morale".
Le père de Cornelius Gurlitt avait été chargé dès 1938 par les nazis de vendre des oeuvres volées aux juifs ou confisquées pour "décadence". La collection, qui comprend des toiles de Renoir, Cézanne, Beckmann, Delacroix ou Munch, est évaluée à plusieurs millions d'euros.
Des restitutions complexes
A sa mort, Cornelius Gurlitt avait désigné le Musée des beaux-arts (Kunstmuseum) de Berne comme l'héritier de sa collection, mais 500 pièces à l'origine litigieuse sont conservées en Allemagne. Les restitutions sont compliquées par la difficulté de retracer l'histoire des pièces et la prescription de 30 ans au-delà de laquelle la propriété d'une oeuvre d'art ne peut plus être contestée en Allemagne.
Des oeuvres ont toutefois pu être rendues, notamment en 2015 quand un Matisse avait été remis à la famille du collectionneur d'art juif français Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste Anne Sinclair.
Cornelius Gurlitt a vécu pendant des décennies à Munich au milieu de milliers d'oeuvres. Quelque 239 autres étaient stockées dans sa maison à Salzbourg, en Autriche. Après leur découverte, les autorités allemandes avaient gardé l'affaire secrète pendant plus d'un an.
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