Carl Larsson, peintre de la vie tranquille, au Petit Palais
Le Petit Palais expose une centaine d'œuvres de Carl Larsson, depuis ses aquarelles de Grez-sur-Loing aux tableaux de la vie familiale de Sundborn en Suède. Car l'artiste suédois a passé beaucoup de temps en France, avant de rentrer définitivement dans son pays d'origine.
Né en 1850, Carl Larsson a une enfance pauvre et malheureuse. Son instituteur remarque son talent artistique et réussit à le faire entrer à 13 ans au cours préparatoire de l'Académie des Beaux-Arts de Stockholm. L'adolescent a du mal à s'intégrer parmi ses camarades bourgeois, mais il est admis à l'école. Parallèlement, il gagne sa vie en faisant des caricatures pour la presse et en illustrant des livres.
Des jardins vaporeux à Grez-sur-Loing
Il se rend pour la première fois à Paris en 1877 et va régulièrement séjourner en France pendant quinze ans. Son peu de succès au Salon, où il présente quelques tableaux, le déprime. Il s'installe en 1882 à Grez-sur-Loing, où il rejoint une colonie d'artistes anglo-saxons et scandinaves. C'est dans cette campagne proche de Fontainebleau qu'il explore la technique de l'aquarelle.
L'exposition s'ouvre sur les tableaux clairs et vaporeux qu'il a peints à cette époque, une jeune femme dans un jardin potager, un vieil homme dans une pépinière, l'étang de Grez-sur-Loing. On note déjà dans ces aquarelles une atmosphère paisible.
Un peintre de sa famille nombreuse
A Stockholm aussi, Larsson peint des paysages d'hiver vaporeux et des femmes dans des jardins flous et légers. Dans une grande toile, il fait son autoportrait dehors, dans la neige, en train de travailler, entouré de sa famille ("Le Peintre en plein air").
Car il a rencontré à Grez-sur-Loing une artiste suédoise, Karin Bergöö, avec qui il se marie en 1883. Ils vont avoir huit enfants dont la première, Suzanne, naît à Grez. Et sa vie familiale est importante puisqu'elle va être le sujet principal de nombreux tableaux et d'albums ("Notre maison"), comme s'il se vengeait de son enfance.
Des fresques pour le Nationalmuseum de Stockholm
A cette époque, Carl Larsson commence à être reconnu: il est primé au Salon de Paris pour des aquarelles, l'Etat français lui en achète une, le Nationalmuseum de Stockholm deux. Et surtout, ce même musée lui commande la décoration de son escalier d'honneur. Les fresques sont intransportables, bien sûr, mais le Petit Palais présente des esquisses préparatoires.
Ce qu'il considère comme son œuvre majeure, "Le sacrifice du solstice d'hiver", sera refusée en 1915. Il dit dans ses mémoires que ce rejet l'a "détruit". On peut voir au Petit Palais une peinture préparatoire représentant un homme nu dans la nature. "Le sacrifice", vendu au Japon, est finalement revenu à Stockholm en 1992.
Larsson fait aussi des portraits de notables ou de personnalités de la vie artistique comme August Strinberg ou Selma Lagerlöf.
A Sundborn, des scènes colorées de la vie quotidienne
L'installation de Carl Larsson dans une maison du village de Sundborn, à 230 km au nord de Stockholm, avec sa grande famille, va être une source d'inspiration infinie. "Lilla Hyttnäs" (la petite cabane) a été acquise pour le couple par son beau-père en 1888, ils s'y installent à plein temps en 1901. Larsson fait poser Karin et les enfants à l'extérieur et à l'intérieur.
Dehors, dans une fraîche nature de lacs et de forêts, on se baigne, on pêche à la ligne ou on fait de la barque. Dans un univers de maisons de bois peintes en rouge, les Larsson ont soigné leur intérieur. Karin, qui a renoncé à une carrière artistique après son mariage, y exerce ses talents de décoratrice. Elle réalise elle-même des tissus de couleurs vives. Les meubles de bois peints sont oranges, rouges, bleus.
Des cadrages modernes
Mêlant tradition rustique, style japonais et art nouveau, les Larsson créent un style original qui aura une influence sur le design du XXe siècle.
Une chaise et un fauteuil prêtés par la maison Larsson à Sundborn (aujourd'hui un musée) sont montrés sous des peintures où ils figurent. Dans des cadrages modernes qui rappellent ceux de la photographie, l'artiste représente de multiples scènes de la vie quotidienne, une fille cousant ou écrivant, mettant le couvert ou lisant, un garçon étudiant ou s'occupant de fleurs. Karin à la cuisine ou se reposant. Et on écosse les petits pois en famille.
Cet univers paisible et joliment coloré aurait inspiré des générations de jeunes couples suédois fondant un foyer.
Carl Larsson, L'imagier de la Suède, Petit Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris
Tous les jours sauf lundi et jours fériés, 10h-18h, nocturne le jeudi jusqu'à 20h
Entrée : 8€ / 6€ / 4€ (gratuit jusqu'à 13 ans)
Du 7 mars au 7 juin 2014
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