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Dans l'intimité de "La Jeune fille à la perle" de Vermeer, grâce à une nouvelle étude internationale

Pigments, composition, éléments disparus avec le temps, une nouvelle étude internationale révèle quelques secrets de "La Jeune fille à la perle" de Vermeer

Article rédigé par franceinfo Culture - Valérie Oddos avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Analyse des pigments utilisés par Vermeer pour peindre la "Jeune fille à la perle". A g : photographe (René Gerritsen Art & Research Photography) - au centre : pigments de terre contenant du fer, détectés grâce à un scannage aux rayons X (MA-XRF) (Annelies van Loon: Mauritshuis/Rijksmuseum) - à droite, mise en évidence des pigments grâce à une spectroscopie RIS (John Delaney and Kate Dooley: National Gallery of Art, Washington) (Mauritshuis / NL)

De nouvelles recherches effectuées sur La Jeune fille à la perle de Vermeer, l'un des tableaux les plus célèbres au monde, ont révélé des éléments la rendant plus proche de nous, même si on ignore toujours qui aurait pu être le modèle, ou si elle est le fruit de l'imagination du peintre, a annoncé le 28 avril le musée qui l'abrite, le Mauritshuis de La Haye.

Les chercheurs, comme le public, sont depuis toujours fascinés par le tableau représentant cette jeune femme au regard énigmatique, coiffée d'un bandeau bleu et jaune, une perle nacrée pendant à l'oreille, surnommé "La Joconde du Nord". Un nouvel examen scientifique, le premier dont le chef-d'oeuvre du maître néerlandais fait l'objet depuis 1994, a révélé la présence de minuscules cils autour des yeux de la jeune fille, invisibles à l'oeil nu, a expliqué le musée néerlandais.

Les recherches ont également permis d'établir l'existence d'un rideau vert dans l'arrière-plan d'apparence vide de la peinture datant de 1665, une sorte de "tissu plié" qui s'est finalement effacé au cours des siècles. Ces résultats "offrent un aperçu d'une peinture beaucoup plus humaine qu'on ne le pensait auparavant", a déclaré le Mauritshuis de La Haye dans un communiqué.

Image composite de la "Jeune fille à la perle" de Vermeer à partir d'images réalisées lors de l'étude "The Girl in the Spotlight" (Sylvain Fleur et l'équipe de Girl in the Spotlight) (Mauritshuis / NL)

Des révélations sur la composition du tableau

L'examen, effectué par une équipe internationale de scientifiques à partir de février 2018, a mis en lumière, grâce à différentes techniques d'imagerie non-invasive, de scannage, de microscopie digitale et d'analyse des pigments, de nouveaux détails sur l'utilisation des couleurs, le coup de pinceau de Vermeer et la façon dont il a réalisé son oeuvre en utilisant différentes couches.

Vermeer a commencé par composer le tableau avec différentes teintes de brun et de noir. Ces premières couches qui se trouvent sous la peinture visible ont été réalisées à coups de pinceaux vigoureux et ont pu être révélées grâce à l'imagerie infrarouge, indique le Mauritshuis. Quant aux contours de la Jeune fille à la perle, ils sont peints en fins traits noirs.

Au cours de son exécution, le peintre a modifié la composition du tableau, décalant la position de l'oreille, le haut du foulard et la nuque.

A gauche, microphotographie 3D de l'oeil droit de la "Jeune fille à la perle"  de Vermeer (Hirox Europe, Jyfel) - A droite, la technique de macro rayons X (MA-XRF) montre qu'il a utilisé une peinture brune pour les cils, à peine visibles (Annelies van Loon: Mauritshuis/Rijksmuseum) (Mauritshuis / NL)

Un outremer naturel "plus précieux que l'or"

L'étude a permis d'identifier les pigments utilisés par Vermeer, qui venaient du monde entier, parmi lesquels un outremer naturel d'Afghanistan qui était à l'époque "plus précieux que l'or". La perle est quant à elle une "illusion", composée de "touches translucides et opaques de peinture blanche", a expliqué le musée.

La Jeune fille à la perle garde une part de son mystère : on ignore toujours qui elle était, si toutefois elle a réellement existé. Elle pourrait être le produit de l'imagination de Vermeer. "La Jeune fille n'a malheureusement pas encore révélé le secret de son identité, mais nous avons appris à la connaître un peu mieux", a déclaré Martine Gosselink, la directrice du musée. Ceci ne constitue cependant pas "le point final de nos recherches" sur le tableau, qui a notamment inspiré un roman et un film avec l'actrice américaine Scarlett Johansson, a-t-elle précisé.

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