Georges Braque à redécouvrir au Grand Palais
Georges Braque (1882-1963) est né à Argenteuil, près de Paris, dans une famille de peintres en bâtiment. Destiné à reprendre l’entreprise de son père, il prend des cours de dessin et décide de se consacrer complètement à l’art.
En 1905, c’est le choc du fauvisme : quand il voit les couleurs d’Henri Matisse et André Derain, il est séduit. Pendant sa période fauve (1906-1907), il peint le port de l’Estaque et la Ciotat en couleurs pures et morcelées. La chair de son "Nu assis" est faite de zones de mauve, jaune, vert délimitées par des traits de couleur.
Des "petits cubes" au cubisme
Et puis, en 1908, les mêmes paysages de l’Estaque, Braque les déconstruit. Dans les pas de Cézanne, il supprime la perspective, les maisons sont de gros blocs ocre articulés, avec des surfaces géométriques vertes. Ces tableaux sont exposés par Guillaume Apollinaire à la galerie Kahnweiler en novembre : Henri Matisse parle avec un peu de mépris de petits cubes. Le cubisme est officiellement né.
Avec son "Grand Nu" (1907-1908) aux formes massives, il veut "créer une nouvelle sorte de beauté" à travers laquelle il "interprète (son) impression subjective".
Toujours figuratif
Les années qui suivent, Braque et Picasso développent le cubisme, révolution esthétique radicale. Ils se voient tous les jours. Braque compare sa collaboration avec l’artiste espagnol à une "cordée en montagne".
Ils annulent la perspective, décomposant les formes en facettes. La forme est l’unique préoccupation : ils suppriment la couleur, trop anecdotique. La sensation, l’émotion qu’elle suggère détourneraient l’attention de la forme. Ils peignent dans un camaïeu de gris, de beige, de brun.
Si cette révolution tend vers l’abstraction, Braque reste toujours du côté de la figuration. Un élément permet toujours d’identifier les formes. Dans "Broc et violon" (1909-1910), on distingue un morceau de manche, les cordes.
Papiers collés et cubisme synthétique
En 1912, Braque invente les papiers collés : dans le premier, "Compotier et verre", il mêle trois chutes de papier peint imitant le bois avec une nature morte dessinée, à laquelle il ajoute des lettres.
A la même époque, sa peinture évolue vers ce qu’on a appelé le cubisme "synthétique" : les formes deviennent plus lisibles. Une "Femme à la guitare" de 1913 intègre des papiers collés peints en trompe-l’œil, on distingue une bouche, une rosace, une main, une paupière. À la même époque, il réintègre les couleurs, même si elles sont encore sourdes.
Blessé à la guerre, Braque recommence à peindre en 1917. La musique lui inspire de nombreuses natures mortes : elle est évoquée par des instruments de musique, des partitions, des inscriptions comme "polka" ou "valse".
Ses natures mortes vont se faire plus décoratives, les couleurs plus vives. Il introduit du rose ou du jaune vif.
La consécration, de Venise au Louvre
On parle de "retour à l’ordre" concernant sa peinture. Il s’inspire de l’Antiquité grecque pour ses "Canéphores", figures féminines portant des offrandes.
Dans les années 1930, c’est la consécration : Braque a une première rétrospective à la Kunsthalle de Bâle. Il recevra le Grand prix de peinture de la biennale de Venise en 1948 et aura une rétrospective au MoMA en 1949. Il est vu comme un peintre de la "tradition française".
Premier peintre vivant à être exposé au Louvre, Braque est chargé en 1952-1953 de réaliser la décoration du plafond de la salle étrusque. Les obsèques nationales et l’éloge funèbre que prononcera pour lui André Malraux contribueront à le faire passer pour l’artiste officiel du gaullisme. Cela "lui a incontestablement porté ombrage auprès de la génération montante contestataire", selon la commissaire de l’exposition, Brigitte Leal.
Pour finir, le dépouillement
Ses neuf "Ateliers" (1949-1956), réunis au Grand Palais, sont comme un résumé de ses préoccupations, de ses thèmes de prédilection, de son parcours. On y trouve pourtant aussi une nouveauté, les oiseaux, oiseaux qui sont au plafond du Louvre et qui sont un des derniers thèmes qu’il aborde, à partir de 1955.
Car Georges Braque surprend encore les dernières années de sa vie. Juste après la guerre, il a construit, ou plutôt déconstruit, une série de "Billards", qui ont l’air de s’affaisser ou au contraire de se gonfler, de se soulever.
Avec ses oiseaux en vol aux formes épurées, il semble aller à l’essentiel.
L’essentiel, on le trouve encore dans ses derniers paysages de Varengeville, plus étonnants encore. De la côte normande où il passe tous ses étés, il tire de petits tableaux allongés à la pâte épaisse où rien ne perturbe le ciel, clair ou sombre, et la mer, le ciel et la terre ocre ou un champ de colza.
Reportage : N.Hayter, N.Berthier, M.Delassaussé Georges Braque, galeries nationales du Grand Palais, entrée Champs-Elysées, Paris 8e
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