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Gustave Doré, l'artiste aux multiples facettes au Musée d'Orsay
Le chat botté, Don quichotte, l'Enfer de Dante: le musée d'Orsay consacre une grande exposition au "plus illustre des illustrateurs", Gustave Doré (1832-1883), qui met en valeur ses talents moins connus de peintre, d'aquarelliste et de sculpteur.
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Reportage : P. Sorgues, N. Cohen, G. Lemoine
Il s'agit de la première rétrospective consacrée à l'artiste depuis trente ans à Paris. Intitulée "Gustave Doré, l'imaginaire au pouvoir", l'exposition, qui dure jusqu'au 11 mai, montre comment son oeuvre a imprégné les représentations occidentales de certains personnages ou scènes d'histoire. Le cinéma, voire la bande dessinée, se sont nourris de ses images.
Les raisons de ce succès ? "c'est la rencontre entre une personnalité très imaginative, un système de production éditoriale qui s'internationalise et l'ambition du jeune homme qui voulait illustrer les classiques de la littérature", explique Philippe Kaenel, professeur d'histoire de l'art à l'université de Lausanne, et commissaire scientifique de l'exposition.
Autodidacte et précoce
Né en 1832 à Strasbourg, d'un père ingénieur, Gustave Doré commence dès l'âge de cinq ans à illustrer ses cahiers d'écolier. Sa famille le destine à Polytechnique mais lui veut être artiste. Il saisit l'occasion d'un voyage à Paris pour y rester et faire ses débuts comme dessinateur de presse et caricaturiste. Il a quinze ans. Autodidacte, il se forme dans divers ateliers et se met à peindre. Parallèlement, il se met en tête d'illustrer "tous les chefs d'oeuvres de la littérature". Et privilégie le grand format. Il met en spectacle Dante, Balzac, Rabelais, Cervantes, La Fontaine, Charles Perrault. Le succès est au rendez-vous. Doré rêve aussi de devenir un grand peintre d'histoire. Il expose au salon mais les critiques sont mitigées. Doté d'une grande sensibilité, Doré n'aime pas seulement la littérature. Il joue du violon et a des talents d'acrobate. L'artiste porte un intérêt sincère au monde forain comme le montre "Les saltimbanques". Du religieux aux bas-fonds de Londres
Après sa célèbre illustration de la "Sainte Bible" (1866), Doré entreprend une série d'oeuvres religieuses, qui lui vaudront le surnom de "peintre prédicateur". Là encore il privilégie le spectaculaire comme dans l'immense "Christ quittant le prétoire", foisonnant de personnages.
Anglophile, Doré cofonde la "Doré Gallery" à Londres en 1867, qui lui permet d'exposer ses oeuvres dans cette mégalopole en plein développement. Il se rend dans les quartiers mal famés de la ville pour saisir les ambiances des bas-fonds. Survient 1870, la défaite française face à la Prusse, le siège de Paris. Patriote, Doré s'engage comme volontaire dans la garde nationale. Il s'inspire des choses vues sur le terrain pour peindre des allégories dans des tonalités de grisaille ("L'énigme", "L'Aigle noir de la Prusse", "La défense de Paris"). La perte de l'Alsace, sa terre natale, l'affecte. Il se retire à Versailles pendant la Commune de 1871.
Peintre de la nature
S'il aime raconter des histoires, Doré, passionné d'alpinisme, est aussi un grand peintre du paysage. Et un aquarelliste remarquable. "Doré est un romantique attardé. Son sentiment de la nature est celui du sublime", souligne Edouard Papet, conservateur en chef au musée d'Orsay et commissaire de l'exposition. Gustave Doré vient tard à la sculpture, vers 1877. Oeuvres allégoriques ambitieuses ou bronzes parfois surprenants comme "A saute mouton".
Une influence qui perdure
L'artiste meurt d'une crise cardiaque à l'âge de 51 ans. Mais l'influence de ses dessins fantasmatiques perdure encore. "Son oeuvre a été complètement exploitée par les réalisateurs de cinéma. Il ne s'agit pas d'allusions mais de citations, parfois de mises en mouvement de gravures", souligne M. Kaenel. Il évoque entre autres Terry Gilliam ("Les aventure du baron de Münchausen"), Roman Polanski ("Oliver Twist"), Cecil B. De Mille ("Les dix commandements"). La chaine Arte diffuse le 23 février (17H35) un documentaire "Gustave Doré, de l'illustrateur à l'artiste" (52 mn) de Pascale Bouhénic.
Gustave Doré (1832-1883). L'imaginaire au pouvoir
Musée d'Orsay, du 18 février au 11 mai 2014
29 et 30 avril 2014 Colloque sur "L'univers graphique de Gustave Doré" au Musée d'Orsay. Entrée Libre.
Autodidacte et précoce
Né en 1832 à Strasbourg, d'un père ingénieur, Gustave Doré commence dès l'âge de cinq ans à illustrer ses cahiers d'écolier. Sa famille le destine à Polytechnique mais lui veut être artiste. Il saisit l'occasion d'un voyage à Paris pour y rester et faire ses débuts comme dessinateur de presse et caricaturiste. Il a quinze ans. Autodidacte, il se forme dans divers ateliers et se met à peindre. Parallèlement, il se met en tête d'illustrer "tous les chefs d'oeuvres de la littérature". Et privilégie le grand format. Il met en spectacle Dante, Balzac, Rabelais, Cervantes, La Fontaine, Charles Perrault. Le succès est au rendez-vous. Doré rêve aussi de devenir un grand peintre d'histoire. Il expose au salon mais les critiques sont mitigées. Doté d'une grande sensibilité, Doré n'aime pas seulement la littérature. Il joue du violon et a des talents d'acrobate. L'artiste porte un intérêt sincère au monde forain comme le montre "Les saltimbanques". Du religieux aux bas-fonds de Londres
Après sa célèbre illustration de la "Sainte Bible" (1866), Doré entreprend une série d'oeuvres religieuses, qui lui vaudront le surnom de "peintre prédicateur". Là encore il privilégie le spectaculaire comme dans l'immense "Christ quittant le prétoire", foisonnant de personnages.
Anglophile, Doré cofonde la "Doré Gallery" à Londres en 1867, qui lui permet d'exposer ses oeuvres dans cette mégalopole en plein développement. Il se rend dans les quartiers mal famés de la ville pour saisir les ambiances des bas-fonds. Survient 1870, la défaite française face à la Prusse, le siège de Paris. Patriote, Doré s'engage comme volontaire dans la garde nationale. Il s'inspire des choses vues sur le terrain pour peindre des allégories dans des tonalités de grisaille ("L'énigme", "L'Aigle noir de la Prusse", "La défense de Paris"). La perte de l'Alsace, sa terre natale, l'affecte. Il se retire à Versailles pendant la Commune de 1871.
Peintre de la nature
S'il aime raconter des histoires, Doré, passionné d'alpinisme, est aussi un grand peintre du paysage. Et un aquarelliste remarquable. "Doré est un romantique attardé. Son sentiment de la nature est celui du sublime", souligne Edouard Papet, conservateur en chef au musée d'Orsay et commissaire de l'exposition. Gustave Doré vient tard à la sculpture, vers 1877. Oeuvres allégoriques ambitieuses ou bronzes parfois surprenants comme "A saute mouton".
Une influence qui perdure
L'artiste meurt d'une crise cardiaque à l'âge de 51 ans. Mais l'influence de ses dessins fantasmatiques perdure encore. "Son oeuvre a été complètement exploitée par les réalisateurs de cinéma. Il ne s'agit pas d'allusions mais de citations, parfois de mises en mouvement de gravures", souligne M. Kaenel. Il évoque entre autres Terry Gilliam ("Les aventure du baron de Münchausen"), Roman Polanski ("Oliver Twist"), Cecil B. De Mille ("Les dix commandements"). La chaine Arte diffuse le 23 février (17H35) un documentaire "Gustave Doré, de l'illustrateur à l'artiste" (52 mn) de Pascale Bouhénic.
Gustave Doré (1832-1883). L'imaginaire au pouvoir
Musée d'Orsay, du 18 février au 11 mai 2014
29 et 30 avril 2014 Colloque sur "L'univers graphique de Gustave Doré" au Musée d'Orsay. Entrée Libre.
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