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Hergé peintre et collectionneur : une exposition révèle ces facettes méconnues
On ne présente plus le père des "Aventures de Tintin et Milou". Pourtant, certains aspects du travail artistique et des goûts d'Hergé restent méconnus. Ainsi, saviez-vous que l'auteur de bandes dessinées s'était essayé à la peinture ? Qu'il était non seulement amateur d'art mais aussi collectionneur éclairé ? Des facettes à découvrir au Musée Hergé proche de Bruxelles jusqu'à la fin juin.
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1.
Hergé l'amateur d'art
Dans "L'Oreille cassée", les paysages de Valerius De Saedeleer ornent les murs de l'appartement de Tintin et les ombres projetées sur les colonnades des rues de Las Dopicos font référence au surréaliste italien De Chirico. Dans "Coke en stock", un Picasso orne une cabine du yacht de Rastapopoulos, et de nombreux tableaux de maîtres ornent les décors. Quant à la case entièrement noire de "Tintin au pays des Soviets", difficile de ne pas y voir une référence au Carré noir de Malevitch.
Dans les années 1960, alors en plein bouleversement dans sa vie privée - il tombe amoureux de Fanny Vlamynck, une coloriste de 27 ans sa cadette qui deviendra sa seconde épouse - Hergé songe à s'éloigner de la BD pour se tourner vers la peinture, raconte le directeur éditorial des Editions Moulinsart, Didier Platteau.
A cette époque, aux côtés de ses amis Marcel Stal, grand marchand d'art et propriétaire d'une galerie bruxelloise à quelques pas des Studios Hergé, et Pierre Steckxs, critique d'art, Hergé se fait peu à peu une place dans le milieu des collectionneurs d'art contemporain. Lui qui avait déjà acheté quelques tableaux d'expressionnistes flamands se tourne alors vers la modernité. Il acquiert des toiles signées Lucio Fontana, Serge Poliakoff, Roy Lichtenstein ou encore Andy Warhol.
"Je ne puis vivre sans tableaux autour de moi", disait-il souvent à la fin de sa vie.
L'exposition présente pour la première fois une partie de la collection privée d'Hergé avec une vingtaine d'oeuvres signées Roy Lichtenstein, Pat Andréa, Miguel Berrocal, Jean-Pierre Raynaud, Jean Dubuffet, Louis Van Lint, Auguste Herbin.
2.
Hergé peintre
Insatisfait de sa production, le dessinateur abandonne toutefois rapidement les pinceaux. "Hergé a vu qu'il ne progressait pas. Et il a dit qu'on ne pouvait être bon que dans une chose dans la vie et que pour lui, c'était la BD. Il ne voulait surtout pas devenir un peintre du dimanche", se souvient Didier Platteau. Après sa mort, une quarantaine de toiles abstraites ont été retrouvées dans son grenier.
L'exposition montre pour la première fois une partie de ces oeuvres avec neuf toiles peintes par Hergé.
3.
Tintin et l'Alph-Art, son album inachevé sur le monde de l'art
Pour conclure son album, Hergé avait imaginé une fin très artistique pour son héros : l'escroc menaçait de le noyer dans une expansion du sculpteur César. "Eh bien, mon cher, nous allons couler sur vous du polyester liquide (...) Vous serez exposé dans un musée, dans du magma, nous ne vous verrons plus. Vous serez le coeur d'une oeuvre d'art", ricanait Akass.
L'exposition propose une plongée dans la genèse de la création de Hergé en montrant 65 feuillets originaux de "Tintin et l'Alph-Art" avec toutes les ébauches préparatoires. On peut ainsi voir à quelles recherches donnaient lieu les personnages, comment se met en place la structure d'un album, l'organisation du suspense, le découpage du récit.
A noter que cette exposition constitue un avant-goût d'une exposition plus large qui se tiendra fin septembre au Grand Palais à Paris.
Exposition "Tonnerre de Brest !"
Musée Hergé de Louvain-la-Neuve près de Bruxelles
Du 20 mai au 26 juin 2016
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