Hollande s'inspire de Soulages pour espérer que "du noir surgisse la lumière"
"Il y a eu ce trait d'esprit : "Du noir surgit la lumière." Il est possible toujours de croire en la France, d'avoir cette espérance en la France, cette fierté de la France", a déclaré François Hollande, lors de l'inauguration du musée dédié dans sa ville natale au peintre français, artiste de "l'outrenoir".
Reportage : L. Melkonian, S. Brunn, O. Gardette, V. Muon, P. Goldmann
"Nous faisons ce que nous pouvons, nous créons chacun à sa façon - l'artiste, l'entrepreneur, l'ouvrier, l'acteur politique, - chacun crée et puis de ce noir-là, se dégage une lumière, c'est celle de l'espérance, c'est celle que nous devons porter, pour la France", a ajouté celui dont l'action est désapprouvée par une forte majorité de Français.
"C'est ce que nous faisons dans toutes nos actions, envoyer notre propre lumière, y compris, lorsque nous intervenons pour faire cesser des guerres, car il s'en produit au moment où je parle, arrêter des massacres car il s'en produit au moment où je m'exprime", a poursuivi le chef de l'État faisant en particulier référence à la situation à Bangui en Centrafrique, où les forces militaires françaises de Sangaris sont confrontées à un regain de violences interconfessionnelles.
Manifestants maintenus à l'écart
François Hollande a également vanté la capacité d'apporter au monde "notre culture, notre confiance dans l'avenir". "Pierre Soulages contribue au rayonnement et à l'influence de la France. La France doit être fière, aujourd'hui elle peut l'être", a déclaré le chef de l'État. "Ca donne des perspectives effectivement de ténacité, et de cohérence, de constance", avait auparavant commenté François Hollande interrogé par la presse.
Au même moment, des policiers faisaient usage de gaz lacrymogènes à Rodez pour tenir à distance des manifestants, qui voulaient s'inviter à l'inauguration, et des membres de la Confédération paysanne retenaient, dans la préfecture, le conseiller agriculture de l'Élysée, Philippe Vinçon.
"La ville a beaucoup douté de ce projet depuis dix ans, rapporte ce vendeur en pain et pâtisserie, parce que ça représentait tant d'argent! Mais, finalement, je vois que ça peut être très intéressant, avec l'affluence des étrangers qui viendront voir le musée Soulages, l'abbatiale de Conques, le viaduc de Millau, etc., alors qu'avant, honnêtement, le centre de Rodez, c'était mort."
"Peindre, un point c'est tout"
En 2010, l'exposition Soulages au Centre Pompidou à Paris avait accueilli un demi-million de visiteurs. Le musée de Rodez table sur 150.000 visiteurs par an. L'artiste - dont une peinture de 1959 s'est vendue l'an dernier à plus de 5 millions d'euros aux enchères à Londres - a fait don de 500 oeuvres et documents au musée.
"On a ici 100 oeuvres sur papier, 130 estampes, 35 peintures sur toile, trois bronzes, une trentaine de plaques de cuivre et les cartons préparatoires aux vitraux" que le peintre conçut spécialement pour un chef-d'oeuvre de l'art roman, l'abbatiale de Conques, énumère Amandine Meunier, régisseur des collections.
Reportage : A.Rouzane, L.Tazelmati, F. Pourre Une sélection de 21 très grands tableaux baptisés "Outrenoir" - pour désigner "un autre champ mental que celui du simple noir" - font l'objet à Rodez d'une exposition temporaire exceptionnelle, grâce aux prêts de grands musées européens. Même s'il semblait ravi de l'accueil, Soulages n'attendait pas particulièrement ce musée ni cette consécration nationale. "Vous savez, ce n'est pas le but de notre vie", a dit son épouse Colette à l'AFP. "Ce qui intéresse mon mari, c'est faire de la peinture, un point c'est tout."
Le musée Soulages vu par l'artiste
Reportage : M. Berrurier, F. Blevis, Y. Saidani
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