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Hommage du Pérou au chef de file de la peinture indigéniste
Le Pérou rend hommage, à travers une grande exposition, à José Sabogal, l'un des premiers artistes du pays à peindre, au XXe siècle, la réalité indigène.
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Une exceptionelle restrospective au Musée d'Art de Lima (MALI) met en valeur l'oeuvre de José Sabogal, l'un des premiers artistes péruviens à mettre en valeur la réalité indigènes. Né en 1888, ce peintre "est une des figures majeures du mouvement indigéniste péruvien", selon Natalia Majlouf, la directrice du Musée d'Art de Lima et commissaire de l'exposition qui regroupe, réunies pour la première fois, quelque 300 oeuvres du peintre.
Le courant politique et culturel de l'indigénisme lancé au début du XXe siècle se proposait - un siècle après l'indépendance du pays en 1821 - de redéfinir la "péruvianité" en y intégrant l'héritage indigène, foulé aux pieds par la conquête et la colonisation espagnoles. Des couleurs vives, des visages solennels, des villages perdus dans les Andes, bien avant la photographie, la télévision ou le tourisme, José Sabogal déroule les images de la richesse et de la diversité du Pérou pour des contemporains qui découvrent avec sa peinture leur propre pays.
Le courant politique et culturel de l'indigénisme lancé au début du XXe siècle se proposait - un siècle après l'indépendance du pays en 1821 - de redéfinir la "péruvianité" en y intégrant l'héritage indigène, foulé aux pieds par la conquête et la colonisation espagnoles. Des couleurs vives, des visages solennels, des villages perdus dans les Andes, bien avant la photographie, la télévision ou le tourisme, José Sabogal déroule les images de la richesse et de la diversité du Pérou pour des contemporains qui découvrent avec sa peinture leur propre pays.
Premier peintre péruvien
Les imposants portraits en pied de notables locaux et de leurs épouses en habits traditionnels, les scènes de la vie quotidienne, les artisans, les animaux - dont une série sur les lamas - les paysages de la Cordillère ou du littoral Pacifique, les barques du lac Titicaca ont été "des images accueillies comme venant d'un pays exotique", avait relevé le peintre lui-même.
Reconnu comme "le maître de l'authenticité", José Sabogal est "avant tout le premier peintre péruvien", comme le décrivit son contemporain, chef de file d'un mouvement indigéniste radicalisé, l'écrivain marxiste et fondateur du Parti communiste péruvien José Carlos Mariategui.
Diego Rivera mineur d'Amérique du Sud
José Sabogal, originaire de la province de Cajamarca, dans le nord du pays, voyage tout jeune en Europe puis en Argentine et au Mexique où il s'inspire des grands peintres et muralistes de l'époque. "Sabogal est en quelque sorte un Diego Rivera mineur d'Amérique du Sud", analyse Natalia Majlouf. Le peintre effectue aussi un long séjour à Cuzco, la capitale de l'ancien empire Inca qu'il peint sous tous les angles.
Sa première exposition à Lima en 1919 fait sensation et lui apportera immédiatement succès et reconnaissance mais aussi critiques et dédain de ceux qui le surnomment "le peintre des indiens".
Oeuvre considérée datée
Professeur puis directeur de l'école des Beaux Arts de Lima, il meurt en 1956, non sans avoir formé toute une génération d'artistes péruviens et amassé une oeuvre prolifique mais considérée ensuite comme datée, "justement parce que très identifiée à l'indigénisme et reléguée dans l'histoire de l'art en général", juge Gérard Borras, le directeur de l'Institut français d'Etudes andines de Lima.
"Le génie de Sabogal, c'est de produire de l'art qui va au delà de l'aspect militant d'une époque", poursuit-il. La rétrospective permet également de découvrir d'autres facettes de sa peinture, dont une série de portraits d'écrivains, de syndicalistes, d'élégantes de la haute société de la Lima créole des années 30 et 40, ainsi que des peintures murales, des xylographies, des aquarelles, des poteries.
L'exposition du Musée d'Art de Lima, une magnifique bâtisse de 1872 créée par une équipe de Gustave Eiffel, fermera ses portes en novembre et espère accueillir 60.000 visiteurs.
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