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Jacques Truphémus, le peintre lyonnais de l'intime, s'est éteint à 94 ans

Le plus célèbre des peintres lyonnais est décédé vendredi soir. Parmi ses thèmes de prédilection : les portraits, les natures mortes et les paysages, notamment les quais de la Saône et les bistrots lyonnais. Ces derniers mois, la propriété Caillebotte, à Yerres, dans l'Essonne, lui consacrait une rétrospective retraçant sa riche et longue carrière.
Article rédigé par franceinfo
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Jacques Truphémus et l'une de ses natures mortes. 
 (Captures d'écran France 3 Auvergne-Rhône-Alpes )

Reportage : S.Adam / V. Benais / L. Périmony / W. Vadon 

Jacques Truphémus allait avoir 95 ans dans un mois. Il s'en allé comme il a vécu : discrètement. S'il était célébré et reconnu à Lyon, sa ville d'adoption, il est resté longtemps méconnu du grand public. Pourtant, Balthus le considérait comme l'un des plus grands peintres français : "Vous appartenez à la lignée de Morandi et certains de vos paysages me font penser à Giacometti- tout en étant essentiellement Truphémus- c'est-à-dire unique" lui écrivait-il dans une lettre en 1986. 
Jacques Truphémus dans son atelier lyonnais. 
 (Capture d'écran France 3 Auvergne-Rhône-Alpes )

Un poète-peintre

Né à Grenoble en 1922, il avait rejoint Lyon en 1941 pour faire ses études aux Beaux-Arts. Tombé amoureux de la capitale des Gaules, il y a vécu presque toute sa vie. Depuis les années 90, il passait également tous les étés dans sa maison des Cévennes. Sa peinture d'atmosphère était empreinte de contemplation, de silence, d'intimité et de volupté.
Autoportrait, huile sur toile, 2002. Donation Jacques Truphémus sous réserve d'usufruit, 2012. Villefranche-sur-Saône, musée Paul Dini. 
 (Didier Michalet )
Son grand ami l'écrivain Louis Calaferte savait décrire son art comme personne.

"Je dis que Truphémus est un poète-peintre, qu'il écrit des images, qu'il peint des sons, qu'il nous murmure une confidence qui est lui-même, que sa peinture a une voix qu'on ne peut pas ne pas entendre, justement parce qu'elle est discrète, prenante, insidieuse, qu'elle ne va pas crier sur la place publique, qu'elle ne désire s'approprier que les âmes (oui, en ce sens, sachez voir - nous regardons trop sans voir - l'oeuvre de Truphémus a une dimension métaphysique), entamer un dialogue de complices au niveau de l'excellence en nous."

Louis CalaferteAutoportraits, scènes lyonnaises, paysages des Cévennes... Son oeuvre  est très diverse. Il a également signé toute une série de portraits d'Aimée -la bien-nommée- la femme de sa vie qu'il a épousée en 1950. A la mort de celle-ci, en 2000, il a cessé de peindre des visages. 
Un portrait d'Aimée par Truphémus. 
 (Capture d'écran France 3 Auvergne-Rhône-Alpes )

Une grande rétrospective au printemps dernier

De mars à juillet dernier, la propriété Caillebotte, dans l'Essonne, lui avait consacré sa première rétrospective en-dehors de sa région.  Intitulée "L'intimité révélée", elle présentait une soixantaine de toiles témoignant de la diversité et de l'évolution de son travail, de 1950 à nos jours. En février dernier, alors qu'il découvrait l'exposition, le peintre avait été ému, impressionné. Il n'avait pas revu certaines de ses toiles depuis longtemps.
Le repos – Jacques Truphémus
2001
huile sur toile – 92 x 65 cm
 (Biennale des Arts 2016 Cuiseaux )
En parcourant la rétrospective avec lui, le commissaire de l'exposition, Nicolas Sainte Fare Garnot, lui dit alors : "ça a l'air tout simple, mais on s'aperçoit qu'il faut prendre le temps de lire vos tableaux". "La peinture n'est pas faite pour les gens pressés" lui répond Truphémus avec humour.  Modeste et discret, ce disciple de Bonnard exposait chaque année sa production à la galerie parisienne Claude Bernard. Dans son atelier lyonnais et sa maison des Cévennes, il a peint jusqu'à la fin. 
  (Capture d'écran France 3 Auvergne-Rhône-Alpes )

Une exposition à Grenoble, sa ville natale

Le maire de Lyon, Georges Képénékian, lui a rendu hommage ce week-end : "C'est un homme discret et profondément attachant qui nous quitte, un artiste qui, comme l'écrivait le critique Jean-Jacques Lerrant, a su conter sa ville, l'enchanter de sa sérénité bienveillante et l'irriguer de sa lumière intérieure". 
Le musée Hébert de Grenoble lui concacre une exposition, "A contre-lumière", jusqu'au 6 novembre. 
 

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