Jean Cocteau invite Raoul Dufy et ses couleurs du bonheur à Menton
"Ils ont été appréciés de leur temps déjà, probablement pour leur ouverture d'esprit, chacun dans son domaine : Cocteau avec ses textes et sa poésie, Dufy avec ses couleurs et sa nature généreuse et spontanée". Pour Françoise Leonelli, la conservatrice du musée de Menton, accueillir Dufy dans la maison de Cocteau n'a rien de saugrenu : les deux hommes présentent de nombreux points communs. L'un comme l'autre n'ont pas hésité à franchir les barrières de l'art, passant de la peinture à la céramique et touchant à la tapisserie, la mode, le théâtre ou l'édition.
Les deux artistes ont d'ailleurs collaboré en 1920 lorsque Cocteau écrit "Le Boeuf sur le toit", un spectacle conçu sur une musique de Darius Milhaud dont Dufy réalise les décors et les costumes.
Raoul Dufy, artiste de mode
L'exposition retrace le parcours artistique de Raoul Dufy, avec ses thèmes de prédilection : les régates, les fêtes, les paysages, les naïades, les courses hippiques ou encore les fleurs. Elle dévoile surtout le panorama exceptionnel de l'oeuvre du peintre, aussi à l'aise dans le dessin que l'aquarelle, l'huile, la gravure sur bois, la lithographie, la céramique ou encore la création de tissus.
L'exposition consacre justement une partie au travail de Dufy dans la mode. Appelé par le grand couturier Paul Poiret qui a été impressionné par certaines de ses gravures, l'artiste se lance dans la création de motifs pour les tissus de mode et de décoration. Tous deux créent "La petite usine", une entreprise de décoration et d'impression de tissus où Dufy conçoit ses premières tentures et étoffes qui feront la renommée du couturier.Par la suite, il est engagé par la maison de soieries lyonnaise Bianchini-Férier pour laquelle il réalisera d'innombrables motifs. Aujourd'hui, ses tissus plaisent autant qu'à son époque, sans doute "pour leur modernité et leur mouvement" précise Françoise Leonelli. Il a notamment inspiré des maisons de couture, comme Christian Lacroix et Lanvin.
Le peintre de la joie
"Dufy est un bienfaiteur" écrivait le grand critique d'art Louis Vauxcelles. "En un temps où l'on vit dans l'angoisse du lendemain, où les gazettes sont pleines d'affreuses tueries, voici le chantre de la joie, le peintre de la grâce légère, de la fraîcheur, de l'allégresse."Aujourd'hui encore, où la peur du lendemain et les atrocités dans les journaux sont loin d'avoir disparu, l'oeuvre de Dufy apaise et apporte une légèreté bienvenue. Un artiste qui sait peindre les couleurs du bonheur, ce n'est pas si fréquent.
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