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Jean-Michel Basquiat, superstar des enchères de printemps à New-York

Les enchères de printemps à New-York démarrent le 15 mai, mais l'on sait déjà qui dominera les ventes. 30 ans après sa mort prématurée, Jean-Michel Basquiat, figure emblématique de la peinture dite "underground" dans les années 1980, verra 14 de ses oeuvres proposées aux enchères par les grandes maisons Sotheby's et Christie's. Certaines pourraient dépasser les 60 millions de dollars.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Mur rendant hommage à Jean-Michel Basquiat, par le peintre Eduardo Kobra.
 (Ludovic MAISANT / AFP / HEMIS)

C'est la star de l'art contemporain du moment. Malgré son décès prématuré, d'une overdose à 27 ans, le célèbre SAMO, du nom du pseudonyme qu'il utilisait pour tagger les murs de New-York, affole les compteurs. Pas moins de 14 de ses oeuvres vont être proposées aux enchères de printemps, à New-York, qui se dérouleront du 15 au 19 mai. Parmi elles, un grand tableau (1,83 m sur 1,73 m) sans titre, qui représente une tête noire inquiétante sur fond bleu azur et pourrait établir un nouveau record pour le peintre, selon Sotheby's, qui en attend plus de 60 millions de dollars.

Untitled (1982) de Jean-Michel Basquiat, estimée à 60 millions de dollars par la maison Sotheby's, sera proposée aux enchères de printemps, à New-York.
 (Sotheby's New-York)

En mai 2016, un autre tableau sans titre de Basquiat, gigantesque (2,38 m sur 5 m), avait atteint, chez Christie's, 57,2 millions de dollars, détrônant "Dustheads", adjugé pour 48,8 millions de dollars en 2013.
La gigantesque toile, sans titre, adjugée chez Christie's à 57,2 millions d'euros, en mai 2016. Record de vente pour Jean-Michel Basquiat.
 (Mary ALTAFFER / AP / SIPA)
"Il entre dans les canons du monde artistique", constate Loïc Gouzer, président du département après-guerre et contemporain chez Christie's, qui assure que le marché pour Basquiat est "l'un des plus profonds au monde", avec des acheteurs en Europe, en Asie et aux Etats-Unis. "Il lui a fallu un peu de temps pour être assimilé. Il y a quelques années, il y en avait très peu dans les musées et maintenant, tous les musées du monde prient pour qu'on leur fasse don d'un Basquiat".
 

"Basquiat, c'est New-York"

Les trentenaires et quadras qui se trouvent désormais en capacité d'acheter de l'art ont grandi avec l'image de ce trublion aux cheveux dressés, symbole d'une époque et d'un lieu. "Basquiat, c'est New York, c'est les années 1980", résume Grégoire Billault, responsable de l'art contemporain chez Sotheby's à New York.
 
"C'était là qu'on voulait aller, c'était là que ça se passait", insiste-t-il. "Jean-Michel est vraiment l'essence de ça". Un autre tableau du peintre d'origine haïtienne (par son père) et porto-ricaine (par sa mère), "La Hara", devrait atteindre un prix élevé, chez Christie's, lui, qui l'estime entre 22 et 28 millions de dollars. Ce portrait d'un policier à l'allure menaçante évoque le côté politique et militant de l'artiste, qui dénonça, en son temps, les violences policières visant les Noirs.
"La Hara" (premier en partant de la gauche), peint en 1981, devrait atteindre entre 22 et 28 millions de dollars, chez Christie's, aux enchères de printemps, à New-York.
 (Georgios KEFALASA / AP / SIPA)

Prime à la rareté

Cette saison, Jean-Michel Basquiat est la tête de gondole d'enchères qui proposent un éventail de lots de premier plan, composé d'impressionnistes, ainsi que de peintres et sculpteurs modernes et contemporains. Au total, Christie's et Sotheby's espèrent dépasser 1,1 milliard de dollars au cours de la semaine, selon les estimations basses des deux maisons, avec toujours un avantage pour le premier.

Depuis la fin de l'accès de fièvre du marché, en 2015, l'heure n'est plus aux envolées vues pour "Les femmes d'Alger", vendu 179,3 millions de dollars, le record absolu, ou le "Nu Couché" d'Amedeo Modigliani, parti pour 170,4 millions la même année. "On a un contexte économique qui fait que c'est un peu plus difficile", reconnaît Grégoire Billault. "Maintenant, quand on est capable d'apporter des oeuvres au bon prix, dans le bon schéma, je pense que le marché répond d'une manière formidable". Pour éviter les déconvenues, les deux grandes maisons ne prennent plus de risques
en établissant leurs catalogues.

Plus que jamais, la prime est à la rareté, aux oeuvres peu ou jamais vues aux enchères, voire à l'abri des regards depuis des décennies. "On raconte des histoires", explique Grégoire Billault. "Quand les histoires sont un peu rares et un peu exceptionnelles, il y a une petite mystique qui se met en place".

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