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L'exil, source de création, à découvrir dans les Musées Nationaux de la Côte

Le déracinement rend-il créatif ? C'est la question que pose l'exposition "Exils, Réminiscences et nouveaux mondes" présentée jusqu'au 8 octobre dans les Musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes, à savoir Fernand Léger à Biot, Chagall à Nice et Picasso à Vallauris. Tous trois ont vécu l'exil, contraint ou pas, et cela a influencé leur oeuvre. Mais l'exposition ne se limite pas à leurs expériences et présente d'autres artistes de la première partie du XXe siècle qui ont eux aussi été confrontés à la nécessité de quitter leur terre natale.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
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Publié
Temps de lecture : 2min
"Adieu New York" de Fernand Léger - Huile sur toile - 1946
 (ADAGP, Paris 2012)

Au début du XXe siècle, de nombreux artistes quittèrent leur pays pour rejoindre des capitales plus ouvertes et plus stimulantes en terme de création. Chagall et Picasso arrivèrent à Paris pour se confronter à l'avant-garde artistique de cette époque. Mais les événements allaient donner une connotation plus dramatique à cet exil volontaire. Chagall était d'origine russe et de confession juive. Il vécu pour sa part un double exil. En 1923, il quitte la Russie quand les gardiens de la Révolution s'orientent vers un rejet de l'avant-garde. Sa peinture sera alors centrée sur ses souvenirs de jeunesse. Naturalisé français en 1937, il est malgré tout arrêté en 1941. Libéré, il partira vivre aux Etats-Unis pour ne revenir en France qu'en 1948. Cette fois, c'est le sort des juifs en Europe de l'Est qui va influencer sa peinture.

"Entre chien et loup" de Marc Chagall - huile sur papier marouflé sur toile - 1938-1943
 (ADAGP, Paris 2012)

La guerre aura aussi une grande influence sur le choix de Picasso de rester en France où il est arrivée dans le début des années 1900. Combattant la dictature franquiste, il s'était engagé à ne revenir dans son pays que lorsque celle-ci aurait pris fin. C'est ainsi que Picasso ne revit jamais sa terre natale. Le cas de Fernand Léger est un peu différent. Natif de l'Orne, il est monté à Paris à la même époque que Picasso. Mais au début de la guerre,  celui  qu'on surnomma le "paysan de l'avant-garde" fuit la France pour New-York. Comme Chagall et Picasso, il est considéré comme un "dégénéré". Cette période américaine fut très créative pour l'artiste normand mais aussi houleuse. Léger est en effet un sympathisant communiste (il adhèrera au PC à son retour en France en 1945).

"Le Poète en exil" de Victor Brauner - cire, encre et crayon sur carton - 1947
 ( ADAGP, Paris 2012)


Mais cette triple exposition met ausi en lumière le parcours d'autres artistes. Brancusi, Kandinsky, Masson, Miro, Ernst, Hantaï sont ainsi présents au musée Chagall de Nice autour d'une thématique, la nostalgie et le souvenir du monde ancien.
Au musée Léger de Biot, au contraire, le point commun de Mondrian, Arp, Shwitters, Magnelli, c'est  un regard résolument tourné vers le nouveau monde.
Enfin au musée Picasso de Vallauris, c'est la vision contemporaine de l'exil qui est soulignée avec l'oeuvre de Melik Ohanian, artiste français d'origine arménienne, dont l'oeuvre s'interroge sur les notions de territoire et de frontière. A Vallauris, son installation baptisée "Concrete Tears" est composée de 3451 larmes de béton suspendues à des fils d'acier et maintenu en lévitation grâce à une structure en inox miroitant.

"Exils - Réminiscences et nouveaux mondes" du 24 juin au 8 octobre 2012 
Musée national Marc Chagall - Avenue du Docteur Ménard à Nice- Tél . 04 93 53 87 20
Musée national Fernand Léger - Chemin du Val de Pome à Biot  Tél. 04.92.91.50.20 -
Musée national Pablo Picasso, la Guerre et la Paix - Place de la Libération à Vallauris - Tél. 04 93 64 71 83

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