L'éclatante vitalité de la peinture figurative se déploie au Moco de Montpellier
Immortelle. À lui-seul, le titre de l’exposition proposée au Centre d’art Moco (pour Montpellier Contemporain) résume le postulat des organisateurs. À savoir que la peinture figurative - longtemps honnie et moquée par les adeptes de l’abstraction et de l’art conceptuel - revient en grâce à travers une nouvelle génération d’artistes français ou vivant en France.
Le Moco déroule un vrai tapis rouge à plus de 122 artistes pour offrir un panorama de la peinture figurative sur deux décennies. Immortelle se déploie ainsi sur deux sites, chacun présentant des artistes de générations différentes. Au Moco, 90 artistes entre 40 ans et 55 ans, et au Moco Panacée (lieu dédié à la création émergente), les artistes ont entre 25 ans et 40 ans.
C'est par leur peinture et leur intermédiaire que dans quelques siècles, nous connaîtrons l'histoire telle qu'elle s'est faite aujourd'hui.
Numa HambursinCommissaire général
Parcours thématique
Au Moco, un parcours en quatre thématiques permet au public de découvrir plus de 250 œuvres de peintres nés autour des années 1970. Tout commence avec Le désir de peinture et des œuvres qui renouvellent les thèmes traditionnels de l’atelier, de l’autoportrait, du modèle, du tableau dans le tableau.
Dans cette partie, on s’arrêtera devant la toile signée du couple d’artistes, Axel Pahlavi et Florence Obrecht. Le premier est né à Téhéran, la seconde à Metz. Particularité du couple : ils réalisent ensemble certaines de leurs peintures, se peignant l’un l’autre, souvent avec un déguisement comme dans ce tableau - Quand nos secrets n'auront plus cours - où ils se sont peints en clown dans leur atelier. “Une manière de montrer les différents aspects de leur personnalité et de rappeler que les artistes n’ont pas été pris au sérieux pendant très longtemps", note le livret qui accompagne l’exposition.
Fantômes revisite la peinture d’Histoire à travers des allégories des guerres et des violences, d’hier et d’aujourd’hui à l'image du tableau de l'artiste iranienne Nazanin Pouyandeh.
Vertiges explore les paysages réels ou imaginaires, ouverts ou intérieurs ; Cycles referme le parcours en évoquant les différents âges de la vie et la notion de recommencement perpétuel.
Point commun entre la plupart de ces œuvres ? Selon Numa Hambursin, commissaire général de cette exposition, "c'est une forme de romantisme noir" : "C'est une peinture dans laquelle il n'y a pas beaucoup d'humour en général ou alors un humour plus baudelairien que voltairien".
Déjouer les codes
Quant au Moco Panacée, il présente plus d’une centaine d’œuvres et 33 artistes qui témoignent par leur choix de sujets, de références ou de techniques d’un engagement avec l’histoire de la peinture et ses traditions. L’idée ici, c’est de voir comment de jeunes artistes s’approprient et déjouent parfois les codes définis par l’Académie royale de peinture au XVIIe siècle sur certaines figures de style comme peinture d’histoire et de genre, le portrait, le paysage et la nature morte.
Cette exposition est aussi l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ce lieu. Ouvert depuis 2013, le Moco Panacée est installé dans un bâtiment construit au XVe siècle pour accueillir la première Université de médecine de Montpellier avant de devenir au XVIIIe siècle l’Université de pharmacie. Un passé qui a donné au lieu son nom actuel : Panacée, qui signifie "remède universel". Un nom qui semblait prédestiné le lieu à accueillir une exposition baptisée Immortelle.
"Immortelle", deux expositions à Montpellier : jusqu'au 7 mai au Moco - 14 rue de l'Ecole de Pharmacie et jusqu'au 4 juin au Moco Panacée - 13 rue de la République.
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