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Le centenaire de Pierre Bichet, peintre de la neige et des paysages franc-comtois

Considéré comme le peintre des paysages franc-comtois, Pierre Bichet aurait eu cent ans en novembre dernier. Natif de Pontarlier, il a été tour à tour peintre, résistant, cinéaste et vulcanologue. 

Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Toujours présentes dans l'atelier de Pierre Bichet, certaines toiles sont restées inachevées.  (G. Soudat / France Télévisions)

Pierre Bichet fait partie de ces êtres capables de cumuler plusieurs vies en une seule. Ce natif de Pontarlier pensait vouer la sienne à la peinture mais son goût pour le sport et l’aventure lui ont permis de devenir l’ami et le cinéaste attitré du vulcanologue Haroun Tazieff avec qui il travaillera régulièrement de 1956 à 1993. Une collaboration qui le détournera souvent de la peinture et du massif jurassien. Avec le vulcanologue, Bichet a fait le tour du monde des volcans. Mais inlassablement, il reviendra à ses premières amours.

Depuis sa mort en 2008, deux des fils de Pierre Bichet prennent soin de ses archives composées de centaines de dessins, gravures, peintures et lithographies. Basé à Pontarlier, l’atelier occupé par leur père pendant 45 ans est resté en l’état.  

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Expo Pierre Bichet {} (FTR)

Si Pierre Bichet n’est pas forcément connu du grand public, son œuvre s’avère pourtant marquante sur au moins deux aspects : la capacité inégalée de l’artiste à peindre les paysages de Franche-Comté - plus spécifiquement les paysages de neige - et son goût pour la lithographie.  

Amoureux du Jura et de la neige

Après avoir passé une dizaine d’années à Paris (entre autres pour ses études artistiques), Pierre Bichet revient définitivement à Pontarlier, sa ville natale, à laquelle il est profondément attaché. Avec son épouse, il s’installe dans une grande maison où il aménage un atelier de peinture et de lithographie. Il participe chaque été au Salon des Annonciades, le plus ancien salon artistique de Franche-Comté  (créé en 1927) avant d’en devenir l’animateur puis le président en 1964. Aimant depuis ses débuts peindre les paysages, Bichet excelle dans ceux qui intègrent la neige. Le silence, le froid, la lumière si particulière de l’hiver... Tout cela devient palpable dans les toiles de Bichet.  

Parmi les oeuvres de Pierre Bichet exposées au Musée de Pontarlier :  "François d’Assise prêchant aux oiseaux" - 1948-1950 (Huile sur toile ; 104 cm x 155 cm). (G. Soudat / France Télévisions)

Son autre passion, c’est la lithographie. Pierre Bichet en a réalisé 450 entre 1948 et 2002. Pour rappel, la lithographie consiste à créer ou reproduire en un nombre d’exemplaires défini un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. Mise au point à la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, cette technique s’avère plus rapide et plus économique que la gravure. Un aspect auquel Pierre Bichet était attaché. Selon lui, ce mode de diffusion de ses œuvres permettait pratiquement à chacun d’acquérir une lithographie. "C’était important pour lui, souligne Samuel Cordier, un de ses biographes, car il se voulait aussi imagier populaire”

Un ouvrage qui présente l'intégralité des 425 lithographies de Piere Bichet.
 (Editions du Sékoya)

Malgré les très nombreux voyages effectués avec Haroun Tazieff à travers le monde, Pierre Bichet est resté profondément attaché aux paysages jurassiens. Mais en tant qu’artiste, certains pays ont influencé sa peinture. Ce fut le cas du Japon où il a séjourné en 1956 et 1963, rapportant des carnets au format allongé sur lesquels il va dessiner les paysages jurassiens à l’encre noire.

Au fil du temps, Pierre Bichet peint des paysages de neige dans lesquels le blanc prend la plus grande place. (G. Soudat / France Télévisions)

Des dessins qui parlent aux gens 

Voici ce que l’on peut lire dans le dossier que consacre le musée de Pontarlier au peintre : “Inlassablement, il dessine à l’encre de Chine sur ses petits carnets japonais de calligraphie au format allongé. Il se lance alors dans un inventaire des paysages du massif jurassien. Il se dit volontiers "imagier" des forêts, des villages et des habitants de ce Jura qu’il aime tant. Pour Pierre Bichet, la lithographie est aussi une histoire d'amitié. Car si ce procédé lui donne la possibilité d’exprimer son sens du dessin et de la composition, il lui permet aussi d’échanger avec les habitants du massif jurassien habitués aux rigueurs de l’hiver."  

On comprend mieux alors la réflexion de Laurène Mansuy, la directrice du musée de Pontarlier selon laquelle "quand on se promène dans ces paysages qui existent toujours et qu'on est dans la neige, on peut se dire qu'on voit un Bichet".

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