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Les bleus de Chu Teh-Chun exposés à Marseille

La Fondation Monticelli à Marseille accueille la première exposition consacrée au peintre Chu Teh-Chun, décédé en mars 2014, un artiste qui a fait le lien entre la peinture chinoise et l'abstraction lyrique (jusqu'au 4 octobre 2015)
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Chu Teh-Chun, L'aube de songe, 1994 - Portrait de l'artiste
 (Collection privée)
Reportage : V.Smadja, M.Karouche, S.Baix
"Pour moi, cette première rétrospective, c'est magique et très touchant : quand Chu Teh-Chun était arrivé en France en 1955, il avait débarqué de bateau à Marseille", s'est réjoui auprès de l'AFP Marc Stammegna, directeur de la Fondation Monticelli, un musée privé ouvert en 2010 dans le quartier de l'Estaque.
 
En effet, en 1955, le peintre décidait de partir pour Paris, se lançant dans un long périple en mer qui l'emmène de Taïwan à Marseille, en passant par Hong Kong, Saïgon, Ceylan, Djibouti, Port Saïd, le Canal de Suez, le Caire. C'est sur le bateau qu'il rencontre sa future femme, Tung Ching-Chao.
 
Ce grand voyage le confronte à l'immensité de l'océan, au bleu de la mer, à l'horizon, des thèmes qui imprègnent son œuvre.
Chu Teh-Chun, Sans titre, 2008
 (Chu Teh-Chun, Sans titre, 2008)
 
Des œuvres qui évoquent la mer
 
Si les 22 œuvres de l'exposition de Marseille, baptisée "Amours océanes", sont représentatives de toutes les périodes de l'artiste, des années 1960 à 2008, date de ses dernières peintures, elles font aussi écho à ce voyage : elles sont à dominante de bleu et leur dégradé rappelle le mouvement des vagues et les fonds marins.
 
Toutes sont inédites: deux appartiennent à un particulier, et les 20 autres à la famille. D'ailleurs les commissaires de l'exposition sont le fils et la femme de ce représentant de l'abstraction lyrique.
 
Né en 1920 en Chine dans une famille de notables lettrés, Chu Teh-Chun pratique la calligraphie depuis son plus jeune âge. Il entre en 1935 à l'Ecole  des Beaux-Arts de Hangzhou (sud-est de la Chine) où son professeur lui fait découvrir la peinture occidentale et notamment Cézanne.
Chu Teh-Chun, Heures sans ombres, 2001
 (Collection particulière)
 
Nicolas de Staël, une révélation
 
La rétrospective de Nicolas de Staël en 1956 à Paris est une révélation. "Auparavant, j'étais un  peintre objectif, mais à présent je ne m'intéresse plus à cette façon de peindre, parce que, après avoir commencé à étudier la peinture abstraite, j'ai ressenti profondément et avec évidence la liberté d'expression dont elle témoigne", expliquait-il.
 
L'abstraction est pour lui le lien entre la peinture traditionnel chinoise et l'art pictural occidental. Avec un geste fluide, il crée des combinaisons de touches de couleurs souvent vives qui semblent se fondre.
 
Chu Teh-Chun rencontre ses premiers succès à Paris, et dès 1964, avant d'être reconnu à l'étranger. En 1976, il renoue avec la calligraphie. En 1983, il  retourne en Chine, puis expose et voyage dans le monde entier. En 2006-2007, il exposait pour la première fois aux Etats-Unis.
Chu Teh-Chun, Amour océan, 1964
 (Collection particulière)
 
Une cote qui s'est envolée
 
Décédé à l'âge de 93 ans à Paris en mars 2014, Chu Teh-Chun était membre de la section Peinture de l'Académie des beaux-arts depuis 1997. Membre de l'Académie française depuis 1999, il était également Chevalier de la légion d'Honneur et Officier de l'Ordre national du mérite.
 
Sa cote, qui avait longtemps stagné, a décollé au début des années 2000 et elle a flambé ces dernières années.

Chu Teh-Chun, Amours océanes, Fondation Monticelli, Fortin de Corbières, Route du Rove, RN 568, L'Estaque, 13016 Marseille
du mercredi au dimanche, 10h-17h (fermé lundi et mardi)
entrée 8€
du 12 mars au 4 octobre 2015

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