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Les peintures de Rabindranath Tagore au Petit Palais

Poète et musicien, chorégraphe et philosophe, prix Nobel de littérature, Rabindranath Tagore fut aussi peintre, sur le tard. L’artiste et sage indien s’est mis à la peinture, à 67 ans, produisant une œuvre intense, à la fois intemporelle et inscrite dans son temps. Le musée du Petit Palais consacre une exposition à cette œuvre picturale tardive et magistrale (jusqu'au 11 mars)
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos
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Temps de lecture : 3min
Rabindranath Tagore, Quatre personnages, 12-11-34
 (Collection Rabindra Bhavana)

Rabindranath Tagore est né en 1861 à Calcutta, dans une famille de caste élevée, et a grandi isolé du monde dans une grande maison où on lui faisait l’école. Il a grandi dans l’esprit du Brahmo Samaj, dont le mouvement religieux s’inspire d’éléments de l’hindouisme, de l’islam et du christianisme. Une ouverture et un éclectisme qui inspireront l’école qu’il ouvrira plus tard à Santiniketan.

Tagore se fait connaître au Royaume-Uni, son œuvre poétique est traduite en français par André Gide. Il devient en 1913 le premier non-Occidental à recevoir le prix Nobel de littérature. Il s’engage contre le projet de partition du Bengale en 1905 puis contre tous les nationalismes et compose l’hymne national de l’Inde.

Rabindranath Tagore, Femme à la fleur, 6-8-39
 (Collection Rabindra Bhavana)

Il voyage à travers le monde. A la fin de sa vie, ce seront les grands du monde qui viendront le voir chez lui.

Des ratures qui accouchent de dessins
C’est à 67 ans que Tagore produit ses premières peintures sur papier. Pourtant elles ne sont pas sorties complètement du néant. Elles sont nées des dessins que l’écrivain faisait sur ses manuscrits, à partir des ratures. Des ratures qui le « dérangeaient ».

« J’essaie de faire danser mes ratures (…), de transformer l’amas confus en ornement », disait-il donc. « Ceci a été mon apprentissage inconscient du dessin », expliquait Tagore.

De là sont nées des formes bizarres, quasi abstraites, des êtres extraordinaires, des dragons, des oiseaux multicolores.

Tagore utilise l’encre de couleur, le pastel et l’aquarelle, dans des tons chauds, des rouges profonds, des jaunes lumineux. Il peint des personnages, souvent des femmes. Rien ne peut nous faire penser que ces figures sont indiennes, tout au plus un voile nous entraîne vers l’Orient. Elles sont universelles, comme cette mère penchée, enroulée autour de son bébé.

Des peintures universelles qui font penser à Munch ou aux masques africains
Ses paysages aux lumières crépusculaires, aux ciels enflammés, aux arbres penchés et torturés peuvent faire penser à l’expressionnisme européen du début du XXe siècle, Edvard Munch ou Emil Nolde. Certains de ses visages peuvent évoquer l’art primitif, les masques africains.

L’artiste, qui refusait de formuler toute « doctrine sur l’art », peignait de façon instinctive, émotionnelle, avec beaucoup de tendresse. De 1928 à la fin de sa vie, en 1941, il a produit plus de 2500 peintures. Une centaine d’œuvres sont exposées au Petit Palais.

L’homme est devenu un mythe dans son pays. Des peintres-troubadours chantent sa vie dans les rues et une fête du printemps est célébrée sur ses chansons. Un documentaire de Sylvain Roumette, « Rabindranath Tagore, portrait d’un sage », projeté à la fin de l’exposition, raconte la vie de cet homme extraordinaire.

Peintures de Rabindranath Tagore, La dernière moisson, Petit Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris
Tous les jours sauf lundi et jours fériés
Du mardi au dimanche, 10h-18h, nocturne le jeudi jusqu’à 20h
jusqu’au 11 mars 2012

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