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Marcel Duchamp : l'art contemporain et la révolution de l'urinoir

Marcel Duchamp est un révolutionnaire. En dix ans à peine, de 1913 à 1923, le peintre, plasticien et homme de lettres a réinventé la définition de l'art avec ses ready-made, en français les "déjà prêt". Pour les 50 ans de sa disparition, le Conservatoire des Arts et Métiers lui consacre une exposition dans son musée jusqu'au 24 février à Paris.
Article rédigé par Nicolas Lemarignier
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Fontaine" - Marcel Duchamp
 (San Francisco Museum of Art )

Il y a un siècle, Marcel Duchamp se posait une question profonde et qui allait changer l'histoire de l'art : qu'est-ce qui définit une oeuvre ? L'objet en lui-même ? Celui qui la créée ? 

L'invention du ready-made

En 1913, à 26 ans, son premier ready-made qui ne s'appelle pas encore ainsi est une roue de bicyclette sur un tabouret. La roue est mobile... 
"Roue de bicyclette", Marcel Duchamp 1913 / 1964
 (© Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP © succession Marcel Duchamp/ Adagp, Paris)

Voir cette roue tourner était très apaisant, très réconfortant, c'était une ouverture sur autre chose que la vie quotidienne.
J'aimais l'idée d'avoir une roue de bicyclette dans mon atelier. J'aimais la regarder comme j'aime regarder le mouvement d'un feu de cheminée.

Marcel Duchamp

"Porte-bouteille" / Marcel Duchamp
En 1914, Marcel Duchamp achète un porte-bouteilles dans un grand magasin parisien. L'objet n'est ni beau, ni laid : il provoque chez l'artiste une sorte d'"indifférence visuelle". Voilà le coeur de la démarche de Marcel Duchamp. L'idée est simple mais révolutionnaire : Duchamp choisit un objet existant pour en faire une oeuvre d'art. Comme il l'explique en 1967 dans une interview à la télévision, une oeuvre d'art, c'est avant tout un choix. L'artiste choisit ses couleurs, ses pinceaux, sa toile, sa composition. Pour les ready-made, c'est la même chose, sauf qu'au lieu de créér l'oeuvre, elle est déjà toute prête.

Le scandale de l'urinoir

En 1917, Marcel Duchamp fait partie de la Société des Artistes indépendants de New York. Une société qui organise cette année-là son premier salon. Chaque membre peut exposer ce qu'il veut à condition de s'acquitter des frais d'inscription qui s'élèvent à 6 dollars. Marcel Duchamp veut exposer - sous le pseudonyme de Richard Mutt - un urinoir acheté dans un magasin new-yorkais. Pour tester la prétendue "ouverture d'esprit" de ses condisciples. L'oeuvre sucite moquerie et polémique avant d'être finalement retirée du Salon. 

Alors qu'en 1912, Marcel Duchamp avait subi le scandale autour son tableau "Nu descendant l'escalier", cette fois l'artiste va orchestrer lui-même la polémique grâce à un article dans la revue qu'il a co-fondée, "The blind man". L'urinoir, sous le titre de "Fontaine" entre dans l'histoire de l'art. 
Extrait de la revue "The Blind Man" - Mai 1917

L'inspirateur du pop art 

Dans les années 60, les artistes du pop art vont redécouvrir les oeuvres de Marcel Duchamp, et s'inspirer de ses reflexions sur la définition de l'art. A quelques nuances près : là où Marcel Duchamp refusait la définition du laid ou du beau, en se focalisant sur la seule notion du choix de l'artiste pour définir ce qu'est une oeuvre, ses héritiers comme Andy Warhol vont utiliser des objets de consommation courante pour les transformer en objets d'art en puisant dans leur histoire personnelle, dans la culture populaire, les icônes commerciales. Lorsqu'Andy Warhol choisit une boite de soupe, c'est en souvenir de son enfance et de sa mère qui entassait les conserves dans les placards de sa cuisine. 

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