Miquel Barceló livre ses dernières toiles chez Thaddaeus Ropac à Paris
Le Palais des papes d'Avignon lui a consacré une grande exposition en 2010, il a exposé ses céramiques à Céret en 2013 ou ses œuvres de jeunesse à Toulouse en 2009. Mais ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu Miquel Barceló à Paris.
L'artiste expose 17 toiles récentes, chez Thaddaeus Ropac dans le Marais, sa nouvelle galerie après la fermeture d'Yvon Lambert à la fin de l'an dernier. Des oeuvres peintes à Majorque entre la mer et le sable rose.
"Inassèchement" : la peinture en apnée
La série s'appelle "Inassèchement" : Miquel Barceló est né en 1957 dans la plus grande île des Baléares, où il a grandi dans la nature, entre l'eau et la terre. Il a toujours fait de la plongée et compare l'immersion sous-marine à celle qu'il vit quand il exécute ses grands tableaux à même le sol : "Je me mets en apnée. Je fais les mouvements justes, ou du moins j'essaie. Je retiens ma respiration, je compense la pression. Puis je remonte en expulsant l'eau de mer du tuba… Enfin presque."A cause de l'humidité de l'île, ces œuvres sèchent lentement, pendant un long moment elles restent au sol, encore humides. "Ce temps de séchage est très important. La toile est peut-être inachevée, mais elle ressemble par moments à une flaque où tout peut changer en un instant."
Transparence et matière
Dans des tableaux aux couleurs claires émergent des formes derrière lesquelles on devine des sèches ou des poulpes. Comme toujours, les pigments que l'artiste fabrique lui-même gonflent la toile ou se fissurent. La matière de ses œuvres rappellent que la terre n'est jamais loin (c'est avec de la terre qu'il a décoré une chapelle de la cathédrale de Palma et s'il est peintre avant tout il travaille aussi la céramique dans une ancienne briqueterie de Majorque).Dans une transparence bleu pâle émerge une pieuvre noire, quelques poissons ou méduses sont tracés d'un trait noir léger qui peut rappeler les peintures rupestres (Miquel Barceló, fasciné par l'art pariétal, a participé à la supervision de la reproduction de la grotte Chauvet). Le tout est illuminé par quelques touches jaunes ou orange. Comme pour ses déserts des années 1980, il faut souvent regarder la toile un moment avant que les formes se dessinent.
"Ce n'est qu'un début"
Sur un petit format isolé, un tourbillon blanc surgit dans un bleu très profond : un "Paradis", nous dit le titre de l'œuvre. On revient à la terre avec un "Melon coupé" comme une boule de feu qui tourne dans un orange profond, ou des "Tomates et figues coupées" épaisses.Du dessin à la peinture, de la gravure au plâtre, Miquel Barceló travaille sans arrêt, réinventant sans cesse de nouvelles techniques. "Je n'ai pas signé de contrat pour travailler comme ça, bien sûr. Chercher, c'est ce que l'on est censé faire en art, sinon c'est chiant", a-t-il confié à l'AFP, ajoutant qu'il n'a "pas encore accompli son œuvre". "Je fais ça depuis 50 ans, ce n'est encore qu'un début."
Ces derniers temps, Miquel Barceló, qui travaille à Paris et à Majorque (il a dû, à contrecoeur, arrêter d'aller au Mali où il passait une partie de son temps), a réalisé des tableaux tout blancs qu'il a commencé à montrer à New York. Ou des portraits pour lesquels il utilise sa technique de l'eau de javel sur fond noir.
Deux expositions à Paris en 2016
On devrait avoir le plaisir de le voir encore bientôt à Paris. Une exposition est prévue l'an prochain à la BNF, où il pense montrer ses gravures sur la tauromachie, thème récurrent dans son œuvre même s'il admet que "la tauromachie est finissante" (il a signé en 2011 l'affiche de la dernière corrida à Barcelone). Une autre exposition de nouvelles oeuvres est prévue aussi en 2016 au musée Picasso de Paris.Miquel Barceló, L'inassèchement, Galerie Thaddaeus Ropac Paris Marais, 7 rue Debelleyme, Paris 3e
Du mardi au samedi, 10h-19h (sauf le jeudi de l'Ascension)
Jusqu'au 31 mai 2015
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