Mort de Pierre Soulages : "C’est un personnage sacré, un trésor national", déclare Jack Lang
Le peintre Pierre Soulages est décédé mercredi à l'âge de 102 ans. "C’était un alchimiste apte à capter la lumière par le noir", souligne l'ancien ministre de la Culture.
“C’est un personnage sacré, presque un trésor national”, a réagi mercredi 26 octobre sur franceinfo Jack Lang, ancien ministre de la Culture, à propos de la mort de l’artiste Pierre Soulages. Le monde la culture rend hommage à l'unes des figures majeures de l'art contemporain et connu comme le maître de "l'Outrenoir". "C’était un homme très méticuleux, d’une inventivité extraordinaire, avec le goût de la matière", déclare l'ancien ministre de la Culture.
franceinfo : Pour vous, c’est lui qui a rendu le noir brillant ?
Jack Lang : C’était un alchimiste apte à capter la lumière par le noir. Au même titre que Klein avait été l'homme du bleu. On peut difficile dissocier Klein du bleu, on peut difficilement dissocier Soulages du noir. Il était un monument, un génie hors du temps ancré dans son siècle, un magicien du pinceau et du cuivre.
C’est à lui qu’on doit la création des 104 vitraux noirs de l’abbaye de Conques. C’était une commande de l’État ?
Parmi les grands moments du ministère de la culture sous François Mitterrand il y a eu cette commande que je lui ai faite pour l'abbaye de Conques. Il a donc conçu, à la demande de l'État, ces 104 vitraux, qui sont un véritable joyau. C’est une œuvre modeste et immense, humble et puissante. Il a accompli, je pense, l’un de ses rêves dans son pays.
Il lui a fallu des mois voire des années de travail pour fabriquer ces vitraux, pouvez-vous nous raconter la création de ces matériaux uniques ?
Ce fut une longue aventure, d'abord un rêve assez jeune qu’il a inventé. Avec le président Mitterrand, lorsque nous avons décidé de mener une politique ambitieuse de commandes publiques à des artistes, l’un des premiers qui s’est imposé à nous, c’était Soulages. Nous l’avons rencontré sur place et nous avons essayé de concevoir cette idée qui n’avait pas suscité un enthousiasme auprès de certains, comme souvent dans l'art. Il n’avait pas encore la notoriété mondiale qu’on lui connaît aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est un personnage sacré, un trésor national. À l’époque, même s’il était aimé, il pouvait faire peur, y compris dans son propre pays. C’était un homme très méticuleux, d’une inventivité extraordinaire, avec le goût de la matière.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.