Normandie Impressionniste : trois nuits de festivités pour célébrer les 150 ans du tableau "Impression, soleil levant" de Claude Monet

"C’est vraiment magique". Comme plusieurs centaines de personnes, Guillaume et sa fille sont venus, jeudi 25 août au soir, autour du Bassin du Roy, en plein centre-ville du Havre, assister à la première représentation du spectacle Constellations. Devant leurs yeux émerveillés, d’immenses jets d’eau réfléchissent les lumières changeantes d’une projection vidéo qui fait graviter des planètes et des étoiles. Cette performance du jeune artiste français Joanie Lemercier a été créée spécialement pour la nouvelle édition du festival Normandie Impressionniste, qui a lieu du 26 au 28 août. Son inspiration ? Le travail d’un certain Claude Monet…

Une barque flottant sur une mer aux teintes bleu-vert, rougie par un soleil à peine éveillé. Impression, soleil levant est probablement l’une des toiles les plus emblématiques de Claude Monet. Elle a, d’ailleurs, prêté son nom à la première exposition impressionniste, en 1874. Avant l'édition 2024 qui célèbrera cet anniversaire, Normandie Impressionniste a choisi de fêter les 150 ans de ce tableau, peint en 1872 au Havre. Pendant ces trois jours de festival, plusieurs villes de la région se prêtent au jeu à travers des spectacles, des expositions et des performances.

Un voyage en Normandie

Rouen avec Pissarro, Le Havre avec Monet… Les grandes villes normandes furent une source d’inspiration inépuisable pour les artistes impressionnistes. Pour cette nouvelle édition, quinze d’entre elles ont accepté de participer et d’accueillir plusieurs événements autour de ce courant artistique : Le Havre, Rouen, Bois-Guillaume, Caen, Carrouges, Deauville, Dieppe, Giverny, Jumièges, Notre-Dame-de-Bondeville, Rouen, Saint-Lô, Sainte-Adresse, Trouville-sur-mer et Vernon.

Les Caennais pourront ainsi se rendre au musée des Beaux-Arts de la ville pour admirer les œuvres de Gérard Traquandi. Tandis qu’à Giverny, les habitants pourront se laisser surprendre par des extraits de l'oeuvre de Francis Vielé-Griffin, lus par le comédien Denis Lavant. Devant la vitrine de la Maison Vatelier, rue des Carmes, à Rouen, on salive déjà en admirant de belles et minutieuses pâtisseries. Benoît Vatelier, le propriétaire de cette maison familiale, prépare au sous-sol de sa boutique sa nouvelle création : le gâteau "soleil levant". Une idée qui lui a été soufflée par les organisateurs de Normandie Impressionniste en juin dernier.

"Pendant trois mois on a travaillé avec mes équipes et on a réussi à faire un gâteau aussi beau que bon", s'enthousiasme Benoît Vatelier en disposant une délicate couche de mousse au chocolat sur la pâte sablée de sa pâtisserie. Composée de chocolat au lait, d’une ganache au chocolat blanc, d’un crémeux et d’une gelée au yuzu, elle représente un soleil qui émerge de la Manche. Une partie des bénéfices des ventes sera reversée à de jeunes artistes dans le cadre du prochain festival Normandie Impressionniste, qui aura lieu en 2024.

Musique, jeu et haute-voltige

Expositions, spectacles de danse, pièces de théâtre et performances artistiques… Les activités et les événements proposés sont variés et accessibles à tout type de public. Une vingtaine d’artistes dont Paul Rousteau, qui a réalisé l’affiche du festival, exposent leurs créations dans différents musées normands.

Certains lieux historiques et emblématiques de la région accueillent aussi des performances, comme l’abbaye de Jumièges. Sur ses façades en pierre, un violoncelliste et cinq danseurs aériens sont perchés à plusieurs mètres de hauteur… Ce n’est pas commun mais pourtant cela fait bien partie du nouveau spectacle Levant’i de la compagnie rouennaise In Fine.

Ce tableau pluridisciplinaire, ouvert à 600 personnes, mélange musique, jeu d’acteur et haute voltige. Au violoncelle et à la trompette s'ajoutent des sons enregistrés dans le port du Havre. Pour Sylvain Dubos de la compagnie In Fine, ce moment est "l’occasion de changer notre regard sur les monuments patrimoniaux, un temps fort et poétique qui transporte". Représentation unique d’une heure dimanche 28 août au lever du jour (de 7 heures à 8 heures) pour profiter des sublimes lumières du soleil matinal, toujours en référence au tableau phare de Claude Monet.

Une expérience participative

Dans cette cinquième édition, les spectateurs ne sont pas non plus mis de côté. Témoins de certaines performances, ils pourront aussi en être les acteurs. Dans l’historial Jeanne d’Arc, à Rouen, des ateliers de danses sont organisés tout le week-end. Les premiers cours ont commencé dès jeudi 25 août après-midi. En transe, avec des gestes répétés, des mouvements lents, les danseurs envahissent la grande salle majestueuse de cet édifice du XVe siècle. Ce projet Waveparty, c’est celui d’Emmanuelle Vo-Dinh, chorégraphe et ancienne directrice du Centre chorégraphique national du Havre. Pendant 55 minutes, des danseurs non-professionnels, préalablement inscrits en ligne, enchaînent dix chorégraphies.

"L’objectif est de rendre la danse accessible à tout le monde. Dans nos ateliers, nous avons des hommes, des femmes, de 7 à 77 ans, des danseurs et des personnes qui n’ont jamais dansé", souligne Emmanuelle Vo-Dinh. "Cette performance, c'est un moment de lâcher prise… Peu importe si le mouvement n’est pas parfait, le plus important c’est l’expérience qu’ils vivent", poursuit la chorégraphe. Philippe Platel, directeur du festival, a vu dans cette performance un lien avec Claude Monet. "Ces mouvements, cette rythmique, cela fait penser aux Nymphéas".

Samedi 27 août à 22h, les 200 participants aux ateliers danseront ces dix chorégraphies dans la cour de l’Aitre Saint-Maclou, lieu emblématique de Rouen et ancien ossuaire, avec des danseurs professionnels habillés en blanc. Une expérience animée par un DJ placé au milieu des performeurs. 

Normandie Impressionniste, jusqu'au 28 août 2022 dans les cinq départements normands.