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Paula Modersohn-Becker au Musée d'Art Moderne de Paris, le coup de coeur de Marie Darrieussecq

Sous l'impulsion de l'écrivaine Marie Darrieussecq, le Musée d'art moderne de la Ville de Paris présente jusqu'au 21 août 2016 la première monographie consacrée à Paula Modersohn-Becker. La peintre allemande "qui ne vécut que pour la peinture", sort enfin de l'oubli à travers une centaine de peintures et dessins.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
"L'intensité du regard" - exposition Paula Modersohn-Becker (1876-1907) au Musée d'art moderne de la ville de Paris (Tête d’une jeune fille blonde coiffée d’un chapeau de paille -1904)
 (Medienzentrum, Antje Zeis-Loi / Kunst-und Museumsverein, Wuppertal)

Bien que méconnue du public français, Paula Modersohn-Becker est aujourd’hui une figure majeure de l’art moderne. La romancière Marie Darrieussecq ("Truismes", "Bref séjour chez les vivants", "Il faut beaucoup aimer les hommes"...) a eu un véritable coup de coeur pour cette artiste libre et singulière qui meurt prématurément à l'âge de 31 ans sans connaître le mouvement des avant-gardistes.

Dessins, peintures et journaux intimes, le musée d'Art moderne de Paris lui rend hommage pour la première fois à travers une rétrospective intitulée "L'intensité d'un regard".

Reportage : M. Berrurier / G. Minangoy  / J. Van Hove / C. Beauvalet 

Autoportrait d'une femme nue

Paula Modersohn-Becker était allemande, mais elle adorait Paris. À une époque où ça ne se fait pas, elle quitte le domicile conjugal pour aller vivre sa vie d'artiste. Audacieuse et résolument moderne, elle est la première femme à se peindre nue et enceinte.
Ses autoportraits ne laissent pas indifférents. "Ce ne sont pas des tableaux beaux, ça met un peu mal à l'aise", affirme une femme lors de la découverte de l'exposition. "Il n'y a pas de beauté. C'est juste une vérité assez crue qu'il faut avaler", dit une autre visiteuse. 
Paula Modersohn-Becker (1876-1907) Autoportrait au sixième anniversaire de mariage 25 mai 1906, détrempe sur carton, 101,8 x 70,2 cm Museen Böttcherstrasse, Paula Modersohn-Becker Museum, Brême 
 ( Paula-Modersohn-Becker-Stiftung, Brême)
Etrange et insondable, l'oeuvre exigeante de Paula Modersohn-Becker est chargée de mélancolie, d'énergie et de poésie. 

Je veux apprendre à exprimer la délicate vibration des choses, le frémissement en soi

Extrait du journal intime de Paula Modersohn-Becker
Photo de Paula Modersohn-Becker 
 (France 3 / Culturebox)

La peintre et les mots : de Rilke à Darrieussecq

Très inspirée par la poésie de l'auteur Rainer Maria Rilke, Paula Modersohn-Becker entretient avec ce dernier une forte amitié et de longues correspondances. L'exposition dévoile ces extraits de lettres et de journaux intimes qui viennent enrichir le parcours et permettent de comprendre combien son art et sa vie personnelle furent intimement liés.

Cent ans après, l'oeuvre de la peintre entre toujours en résonance avec les mots. Ceux de Marie Darrieussecq. La romancière contemporaine a été happée par ces portraits de femmes et ces visages étonnants. 

" Peu à peu il y a eu une identification, même mes amis me disent que je lui ressemble physiquement. Elle se posait des questions que je me pose encore aujourd'hui", révèle l'écrivaine.
Paula Modersohn-Becker (1876-1907) Portrait de jeune fille, les doigts écartés devant la poitrine Vers 1905, détrempe sur toile, 41 x 33 cm Von der Heydt-Museum, Wuppertal 
 (Paula-Modersohn-Becker-Stiftung, Brême)

La passion de Paris 

Paula Modersohn-Becker s'installe à Paris en 1900 et tombe immédiatement amoureuse de la capitale des arts. Dotée d'une énergie créatrice sans limite, la peintre s'enivre de cette vie follement artistique. Elle suit des cours à l'Académie Julian, visite tous les musées et les galeries d'art moderne, rencontre Rodin, Maurice Denis, Edouard Vuillard et le Douanier Rousseau. 

Jamais rassasiée, elle peint une oeuvre importante, étrange et décalée sur une très courte période (seulement une dizaine d'années). A 31 ans, la jeune artiste succombe d'une embolie pulmonaire après avoir accouché d'une petite fille. Elle meurt en prononçant un dernier mot : "dommage"…
 Paula Modersohn-Becker (1876-1907) Jeune fille tenant des fleurs jaunes dans un verre 1902, détrempe sur carton, 52 x 53 cm Kunsthalle Bremen-Der Kunstverein in Bremen, Brême 
 (Paula-Modersohn-Becker-Stiftung, Brême)

Une oeuvre méconnue en France

Jusqu'ici la France n'avait jamais exposé ses tableaux. Paula Modersohn-Becker ne figure dans aucune collection française et est à peine mentionnée dans les livres d’histoire de l’art. 

"La peinture de l'époque était post-impressionniste et cet art très personnel avec cette recherche de vérité très crue était très dérangeante", explique Fabrice Hergott, directeur du Musée d'art moderne de la Ville de Paris. 
Mais en l'Allemagne, dans son pays d'origine, l'artiste est véritablement reconnue. La ville de Brême lui consacre un musée dès 1927, vingt ans après sa disparition. Le premier au monde dédié à une femme artiste
Paula Modersohn-Becker (1876-1907) Lune au-dessus d’un paysage Vers 1900, détrempe sur carton, 42 x 55,5 cm Paula-Modersohn-Becker-Stiftung, Brême 
 (Paula-Modersohn-Becker-Stiftung, Brême)

En collaborant à l’exposition et au catalogue, Marie Darrieussecq apporte un regard littéraire sur le travail de l’artiste. Elle publie également sa première biographie en langue française, Être ici est une splendeur, Vie de Paula M. Becker (Éditions P.O.L, 2016).

"Etre ici est une splendeur" Vie de Paula M. Becker par Marie Darrieussecq - Collection Fiction, P.O.L
 (P.O.L)

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