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A la découverte des toiles de Nicolas de Staël, le Prince des couleurs à l'occasion de sa rétrospective parisienne

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Peinture : à la découverte des toiles de Nicolas de Staël, Le Prince des couleurs
Article rédigé par Valérie Gaget - V. Gaget J-M Lequertier L. Harper B. de Saint-Jore J. MontupetJ.
France Télévisions - Rédaction Culture
France 2
Le musée d’Art Moderne de Paris consacre une grande rétrospective au peintre Nicolas de Staël. Pourquoi était-il "Le Prince" des couleurs ? Portrait.

Une vie courte mais intense. Né à Saint Petersbourg en 1914, dans une famille proche du tsar Nicolas II, le peintre se jette de la terrasse de sa maison atelier d'Antibes en 1955, après un chagrin d'amour. Il a seulement 41 ans. Nicolas de Staël n’a vécu que pour son art. Sa peinture ouvre une voie nouvelle, à la lisière de la figuration et de l’abstraction. Celui qu'on surnommait "le Prince" (il était en réalité baron) ou encore Kolia, diminutif de Nicolas, est un bourreau de travail. Au début, son art est abstrait. Il sculpte sur ses toiles des matières très épaisses aux couleurs sourdes. Il n’hésite pas à utiliser des outils de maçon, des truelles, des racloirs, des spatules, pour littéralement construire ses tableaux. Il obtient ainsi des reliefs aux couleurs vibrantes. "Pour peindre, il faut travailler beaucoup, disait-il, une tonne de passion et 100 grammes de patience".

Ébloui par le foot

L'année 1952 marque un tournant. En mars, il assiste au match France-Suède au Parc des Princes, à Paris. Le premier match international en nocturne, éclairé par des projecteurs. C'est à peine s'il connaît les règles du jeu mais il est ébloui par ce spectacle. Les silhouettes mouvantes des joueurs, leurs maillots colorés qui semblent surgir de la nuit noire le fascinent. Dès son retour à l'atelier, il se met au travail, très inspiré. Il réalisera toute une série de toiles dédiée aux footballeurs et l'un de ses chefs-d’œuvre : Parc des princes. Une grande toile de 7 mètres carrés qui pèse près de 200 kilos tellement elle est riche en matière. En 2019, elle a battu un record aux enchères chez Christie's : 20 millions d'euros.

Les couleurs du Sud

1952 est aussi l'année où "le Prince" décide de sortir de son atelier. Il est à la poursuite d'un art toujours plus dense, plus concis. Il est si difficile de faire simple. Staël voyage beaucoup : il peint la région parisienne, la Normandie, la Provence... En Sicile, dans la région d'Agrigente, il tente de restituer ses sensations devant des paysages écrasés de soleil. "À force de flamber sa rétine, on finit par voir des ciels verts, la mer en rouage et le sable en violet", déclarait-il. Il traduit la violence de la lumière en usant de couleurs saturées: jaune citron, vert émeraude, aubergine, orange. Durant cette période clé, il change sa manière de peindre.

Ses toiles s’allègent, il emploie moins de matière et les couleurs deviennent plus fluides. Un grand nu bleu traduit magnifiquement l'évolution de sa palette. Ses derniers tableaux, peints à Antibes dans les Alpes-Maritimes sont plus figuratifs mais toujours aussi personnels. Ils composent une symphonie de gris éblouissants. La rétrospective du Musée d'Art Moderne de Paris, 20 ans après celle du Centre Pompidou en 2003, réunit 230 œuvres dont 70 dessins. Elle donne à voir magnifiquement l'évolution d'un peintre qui souhaitait ne jamais se répéter et s'achève sur un vol de mouettes émouvant.

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