Le musée Kunsthaus de Zurich met en vente un tableau de Monet après un accord avec les héritiers d'un collectionneur juif persécuté par les nazis
Après un accord à l'amiable avec les héritiers du collectionneur, le Kunsthaus de Zurich, un des plus prestigieux musées suisses, a annoncé mercredi 19 juin qu'il allait vendre ce tableau de Claude Monet qui figure dans sa collection. "Bien entendu, nous nous attendons à voir ce magnifique tableau quitter le Kunsthaus après sa vente, dans le cadre de la solution juste et équitable trouvée, et nous le regrettons beaucoup", a reconnu Philippe Hildebrand, le président de la Zurcher Kunstgesellschaft qui chapeaute le musée, cité dans un communiqué.
Engagé dans la traque des œuvres spoliées, le Kunsthaus - à l'instar d'autres musées à travers le monde - a lancé une vaste campagne pour déterminer si des pièces de ses riches collections s'y trouvent directement ou indirectement en raison des persécutions des nazis dont ont été victimes des collectionneurs juifs avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. "Les héritiers de la famille Sachs saluent la volonté de la Zurcher Kunstgesellschaft de trouver une solution juste et équitable pour cette œuvre, que Carl Sachs avait été contraint de céder après avoir émigré en Suisse", a déclaré leur conseil, Me Imke Gielen.
Carl Sachs a vendu 13 œuvres d'art pour survivre
L'Homme à l'ombrelle de Claude Monet faisait partie autrefois de la collection de Carl Sachs, un entrepreneur textile de confession juive qui vivait en Pologne. Il s'est réfugié en Suisse en 1939 avec sa femme Margarete, sans le sou, pour échapper aux nazis. "Pour entrer en Suisse, il leur fallut de surcroît mettre en gage les œuvres qu'ils possédaient et qui se trouvaient au Kunsthaus", précise le musée.
Jusqu'à sa mort en décembre 1943, "il est établi que Sachs a dû vendre 13 œuvres qu'il avait entreposées en Suisse". "Cédé au Kunsthaus Zurich, L'Homme à l'ombrelle est la première œuvre dont Sachs fut contraint de se séparer pour faire face à ses graves difficultés financières."
"Cette vente précipitée était nécessaire pour assurer la subsistance des époux Sachs, ce qui constituait une situation de contrainte", explique le musée. Conformément au Code de déontologie de l'ICOM (Conseil international des musées), la part revenant à la Zürcher Kunstgesellschaft sera versée sur le fonds destiné à la collection du Kunsthaus, précise encore le communiqué.
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