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Picasso disait qu'il n'aimait pas la musique : trois œuvres exposées à la Philharmonie nous prouvent le contraire

Il ne jouait d'aucun instrument et ne savait pas lire une partition... Et pourtant, ces trois œuvres du peintre cubiste, à découvrir à l'exposition "Les musiques de Picasso" à la Philharmonie de Paris, nous montrent l'influence de la musique sur sa vie et sur son œuvre.     

Article rédigé par Carine Azzopardi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Détail de L’Aubade, de Pablo Picasso (Mougins, 19-20 janvier 1965). (ASSOCIATION DES AMIS DU PETIT PALAIS / STUDIO MONIQUE BERNAZ / SUCCESSION PICASSO 2020)

C'était l'une des phrases définitives et provocatrices dont il avait le secret : "Je n'aime pas la musique." L'œuvre entière de Picasso prouve pourtant le contraire. S'il n'aimait pas la musique "savante", il avait faite sienne celle des humbles, des saltimbanques : la musique des cafés, celle de la rue. Et surtout, il était fasciné par les instruments. C'est ce que l'on apprend notamment dans l'exposition Les musiques de Picasso à la Philharmonie de Paris. Nous vous résumons la passion de Picasso pour la musique à travers trois œuvres emblématiques. 

"Arlequin à la guitare" (Paris, 1918)

Pablo Picasso (1881-1973)Arlequin à la guitare,Paris, 1918Huile sur bois, 35 x 27 cm, Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie, Museum Berggruen. NG MB 30/2000 (copyright :bpk / Nationalgalerie, SMB, Museum Berggruen / Jens Ziehe)

L'Arlequin est une figure majeure de l'iconographie de Picasso. Après la période bleue, le peintre a délaissé les foules pour des sujets solitaires, mais il ne cesse pour autant de peindre le monde du spectacle. Familier du cirque Médrano, où l’orchestre joue des musiques et des chansons à la mode pendant les numéros, Picasso multiplie les peintures de ces saltimbanques issus de la "commedia dell'arte", représentant des musiciens, toujours associés à des personnages issus du monde du spectacle populaire qu'il affectionne. Ici, il s'agit d'un Arlequin, tenant une guitare, et l'on devine derrière le costume l'auto-portrait. L'Espagne natale chère au peintre, avec ses musiques - le flamenco, la jota, et les autres musiques de la corrida - n'est jamais loin. Et si Picasso n'aime pas la "grande musique", il aime les musiques populaires, dont cet Arlequin est l'un des représentants. 

"Violon et feuille de musique" (Paris, 1912)

Pablo Picasso, Violon et feuille de musiqueParis, automne 1912 (Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean © Succession Picasso 2020)

Deux partitions pour piano et voix sont à l’origine des six papiers collés avec feuilles de musique que l’on connaît aujourd’hui de Picasso, parmi lesquels Violon et feuille de musique. Les partitions imprimées, où notes et textes sont parfaitement lisibles, et dont le contenu sentimental est redoublé par la présence de l’instrument métaphorique, sont souvent utilisées par le peintre pour chanter son amour. On y voit également sa fascination pour les notes, et la forme des instruments. Picasso adorait se rendre chez des luthiers, où il observait les instruments désarticulés. Dans son atelier, où il collectionnait également des guitares, des violons et autres mandolines, il aimait démonter ces instruments et les remonter à sa manière. Il en a tiré des formes géométriques avec lesquelles il a joué dans de nombreux tableaux, dont Violon et feuille de musique, réalisé en 1912 à Paris, n'est que l'un des exemples. 

"L'Aubade" (Mougins, 1965)

Détail de L’Aubade, de Pablo Picasso (Mougins, 19-20 janvier 1965). (ASSOCIATION DES AMIS DU PETIT PALAIS / STUDIO MONIQUE BERNAZ / SUCCESSION PICASSO 2020)

Picasso a plus de 85 ans lorsqu'il retrouve la figure du "peintre-musicien" dans des formats monumentaux dans sa villa de Mougins. Il peint de nombreuses aubades et sérénades où l'homme charme sa belle avec des mélodies. L'homme de scène séduit la femme, envoûte l'auditoire, défie l'épreuve du temps et la mort qui rôde... L'œuvre tardif de Picasso est empli de rondes champêtres, de concerts intimes, comme un retour aux sources. Le joueur de musique est au premier plan dans ces conceptions monumentales. La musique y est enchanteresse, envoûtante, primitive. Alanguie dans une pose impudique, la tête renversée en arrière et les jambes croisées, la belle est comme enivrée par la mélodie. L'ode ultime à la vie, à la séduction, et à la chair, de Picasso, passe encore une fois par la musique.  

Les musiques de Picasso à la Philharmonie de ParisDu 22 septembre 2020 au 3 janvier 2021

Catalogue de l'exposition : Les musiques de Picasso, sous la direction de Cécile Godefroy, publié le 17 septembre 2020 aux éditions Gallimard (312 pages, 45€).

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