Picasso, Klee, Ernst : l'impressionnante collection de Zao Wou-Ki à Issoudun
"Zao Wou-Ki, le collectionneur" : le musée d'Issoudun expose jusqu'au 30 décembre une collection exceptionnelle. Au total 91 oeuvres de 58 maîtres des années 1920 à 2013 sont réunies dans la donation faite au musée par la veuve de l’artiste, Françoise Marquet-Zao. Le parcours est émaillé de grands noms de la peinture du XXe siècle, tous amis du peintre chinois.
Reportage : C. Lacroix / C. Hazard / B. Biraud
Zao Wou-Ki et ses amis artistes
Dès son arrivée en France en 1948, le peintre collectionneur chinois entretient de profondes amitiés avec les artistes de son époque : Giacometti, Artaud, Soulages, Picasso mais aussi Paul Klee, avec qui il échange des tableaux.Gravures, esquisses et objets de 58 artistes différents, son fonds est impressionnant tant par la diversité que par la richesse des oeuvres.
J’aime mes amis comme je soigne chaque matin, à l’heure du petit déjeuner, en buvant du thé, les bonsaï, orangers et orchidées de ma salle à manger. Je cultive l’amitié car j’ai besoin de cette harmonie avec le monde extérieur. Ces amis rencontrés dès 1949, dans la fidélité réciproque, m’ont aidé à m’enraciner dans ce pays, au point de ne plus penser retourner vivre en Chine.
Zao Wou-Ki , in Autoportrait, Fayard, 1988.
Une passion française
L'exposition du musée d'Issoudun débute par l'oeuvre picturale de Zao Wou-Ki, de grands tableaux abstraits dont cette immense peinture prêtée par le Centre Pompidou.
L'artiste fanco-chinois, formé à l'art dès l'âge de quatorze ans à l'école des beaux-arts de Hangzhou; se détermine assez rapidement pour la peinture à l'huile. C'est en reproduisant des cartes postales d'artistes impressionnistes français que le jeune homme découvre Paul Cézanne, Amedeo Modigliani ou encore Auguste Renoir. Il s'éloigne de la peinture traditionnelle ou académique chinoise et tend vers l'abstraction. Il jette alors des ponts entre tradition chinoise et académisme européen.
Maître de l'abstraction lyrique
Sa véritable passion pour la France sera assouvie lors de son arrivée à Paris en 1948. Zao Wou-Ki s'installe à Montmartre, près de l'atelier de Modigliani mais il se lie aussi d'amitié avec le compositeur Edgar Varèse et crée les décors du ballet "La perle" du chorégraphe Roland Petit.
En 1951, il découvre lors d'un voyage à Berne, l'oeuvre de Paul Klee dont il admire l'univers. Cette aquarelle de Klee est la première œuvre acquise par Zao Wou-Ki.
Dès 1952, ses oeuvres sont exposées à Paris, Bâle mais aussi aux Etats-Unis. Très proche d'Henri Michaux, les deux artistes ne vont cesser de s'influencer dans leur approche du trait et de l'abstraction. Le poète signe les textes qui accompagnent les œuvres de Zao ou le catalogue de l'exposition de la galerie Birch à New York. C'est à cette époque qu'apparaît une métamorphose dans l'art de Zao.
Ma peinture devient illisible. Natures mortes et fleurs n'existent plus. Je tends vers une écriture imaginaire, indéchiffrable
Zao Wou-Ki 1976
Son oeuvre est internationalement reconnue et de nombreuses expositions sont régulièrement organisées dans les plus grands musées.
Le maître décède en 2013 en Suisse, mais son empreinte dans l'histoire de l'art contemporain demeure indélébile grâce à son épouse Françoise Marquet et à Yann Hendgen, directeur artistique de la fondation Zao Wou-Ki.
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