Portraits de femmes voilées : les gravures sobres et parlantes de Pierre David à Clermont-Ferrand
L’exposition interpelle par sa simplicité scénographique : un mur rose fuchsia où s'alignent douze portraits de femmes en noir et blanc mesurant chacun un mètre cinquante sur un mètre. De loin, on dirait des photos mais en s’approchant bien, on remarque des milliers de traits qui s’entrecroisent pour transcrire toutes les nuances des visages, des sourires et des regards pleins de vie de ces femmes.
Pierre David est un plasticien qui travaille sur la représentation humaine et l’altérité (ce qui est autre, extérieur à soi). Pour cette série, il a choisi la technique de la gravure sur feuille d’argent, très utilisée dans les revêtements d’icônes. Résultat : les visages sont composés de centaines de petits carrés.
Une technique qui fascine par sa finesse comme le prouve la façon dont les visiteurs se "collent" à l’œuvre pour en percevoir les moindres détails : "Ce qui m’a intrigué c’est tous ces petits carrés d’aluminium", reconnaît ce jeune visiteur. "Le coté noir et blanc dégage quelque chose de froid" analyse une jeune femme, "mais c’est coupé par les sourires et les regards de ces femmes... Ça fait du bien, ça réchauffe ! ".
Reportage : France 3 Auvergne - O. Martinet / W. Redonnet / B. Courtine
Douze volontaires
Ces femmes, d’ailleurs, qui sont-elles ? Ce sont de "vraies" modèles, venues de Clermont-Ferrand et de Vaulx-en-Velin. Elles ont été les douze premières à se porter volontaires pour rencontrer Pierre David. Les discussions et photographies prises pendant cet échange ont modelé la forme finale des portraits. Mais quelle est leur histoire ? Rien ne le dit. Ce que regrettent certains visiteurs comme cette femme qui aurait aimé "quelques infos complémentaires, sur la façon de porter le voile par exemple... Elles ne l’ont pas toutes noué de la même façon. Pourquoi ?".L'art au service de la recherche
Ce voile d’ailleurs nous interroge surtout dans le contexte actuel où cet élément vestimentaire cristallise de nombreux débats. En cela, "Voilées" n’est pas une expo comme les autres. Elle fait partie d’un projet de recherche porté par le laboratoire "Communication & Sociétés" et le Service Université Culture de l’Université Clermont Auvergne, commanditaire et propriétaire de l’œuvre.Car cette série a un double objectif : aborder les problèmes de communication au sein de nos sociétés démocratiques mais également s’interroger sur la complexité des relations humaines dans l’espace public. Sans le savoir, au musée Bargoin (qui est un espace public), les visiteurs vont participer à ce projet de recherche : leurs impressions et réactions seront collectées afin de le nourrir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.