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Première monographie en France de Georgia O'Keeffe, peintre de l'avant-garde new-yorkaise

Pour la première fois en France, le musée de Grenoble consacre jusqu'au 7 février 2016 une exposition dédiée à la peintre américaine Georgia O'Keeffe (1887-1986), icône aux États-Unis pour ses agrandissements de fleurs mais méconnue en Europe. "C'est une icône de l'art du XXe siècle qui, curieusement, n'a jamais eu d'exposition en France", souligne Guy Tosatto, directeur du musée de Grenoble.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Georgia O'Keeffe en 1962
 (Fred Stein / picture alliance / Picture-Alliance/AFP)

Un parcours à la fois chronologique et thématique rassemble 90 oeuvres de l'artiste et de ses amis - et inspirateurs - photographes, au premier rang desquels son compagnon Alfred Stieglitz (1864-1946).

Aux États-Unis, plusieurs expositions lui ont été consacrées, dès 1943 à l'Art Institute de Chicago. Hillary Clinton avait fait entrer une de ses  oeuvres à la Maison Blanche en 1997. Et une de ses toiles s'est vendue 40,8 millions d'euros à New York en 2014, un record pour une artiste femme. 
"Jimson Weed/White Flower No. 1" de Georgia O'Keeffe
 (AP/Sipa)
Pourtant, on n'en trouve qu'une poignée dans les musées européens. "Pour les Européens, l'art américain contemporain ne commence qu'après la Seconde Guerre mondiale. Avant cela, il y a un total dédain par rapport à ce qui s'est passé aux États-Unis", souligne Guy Tosatto. "L'autre handicap de Georgia O'Keeffe, c'est d'être une artiste femme. La critique et l'histoire de l'art ont été dominées par des hommes et les artistes femmes ont toujours été reléguées", ajoute-t-il.

L'exposition du musée de Grenoble a été rendu possible grâce au réseau franco-américain des musées "Frame" qui a permis d'acheminer des oeuvres venues des quatre coins des États-Unis : Moma et Met de New York, Art Institute of Chicago, musée Georgia O'Keeffe de Santa Fe, Cleveland Museum of  Art.... "Il faudrait quasiment un mois pour voir tous ces tableaux aux États-Unis", souligne M. Tosatto. L'exposition est un constant dialogue entre les oeuvres de la peintre, née dans le Winsconsin et morte à 99 ans au Nouveau-Mexique, et des photographies en noir et blanc de Stieglitz, Paul Strand ou Ansel Adams.

Artiste femme la plus photographiée du XXe siècle, elle apparaît sur plusieurs de ces photos, dont une où elle pose allongée nue pour son  compagnon. Ses premiers tableaux, entre figuration et abstraction, sont souvent sensuels, avant qu'elle ne revienne au figuratif, "fatiguée des allusions sexuelles, freudiennes" sur son art, explique Sophie Bernard, conservatrice au musée de Grenoble.
Georgia O’Keeffe, Stries rouge, jaune et noir, 1924. Musée National d’Art Moderne MNAM / Centre Georges Pompidou, Paris 
 (© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat © Georgia O’Keeffe Museum / Adagp, Paris 2015)
Entre 1918 et 1932, elle peint plus de 200 tableaux de fleurs agrandies qui deviennent les emblèmes de son oeuvre, lui valant le surnom de "Lady of the Lily" (Dame du lys) dans le magazine The New Yorker. De 1925 à 1930, Georgia O'Keeffe et Alfred Stieglitz s'installent à New York et la peintre s'attaque aux vues urbaines de gratte-ciel en contre-plongée, dont deux exemplaires sont présentés à Grenoble. A partir de 1929, elle se consacre aux paysages désertiques du Nouveau-Mexique, où elle s'installera en 1949, peignant crânes, os, cornes et pierres. 

"L'être humain est absent de son imagerie mais elle a un rapport très physique avec l'espace et le territoire", souligne Guy Tosatto. Les paysages du Nouveau-Mexique, comme le Mont Pedernal, sont ainsi peints à travers un os pelvien. L'exposition se termine sur des représentations de ciels colorés, qui rappellent le Pop Art. La figure emblématique de ce mouvement, Andy Warhol, avait fait un portrait en sérigraphie de Georgia O'Keeffe sur la fin de sa vie, en 1979.

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