Premiers visiteurs : l'exposition sur les arts de l'Islam "ouvre les esprits"
Sur les 18.000 pièces de la collection du Louvre enrichie de dépôts des Arts décoratifs, 3.000 ont été choisies pour l'espace "Art de l'islam" du Louvre, qui s'étend sur 3.000 m2. Auparavant, la collection d'art islamique du Louvre disposait d'espaces exigus et peu mis en valeur.
"Cette exposition tombe très bien avec tout ce qui se passe dans le monde", dit Denise Spacensky, retraitée et ancien professeur des arts de la Chine. Depuis une dizaine de jours, un film islamophobe a déclenché un mouvement de protestation dans le monde arabo-musulman, attisé par la publication en France de caricatures du prophète Mahomet par la revue satirique Charlie Hebdo. Des manifestations non autorisées devaient avoir lieu en France également ce samedi.
"L'exposition du Louvre "montre que l'islam a été une civilisation raffinée, pacifique. Elle rappelle que dans le coran, le premier prophète c'est Adam, mais qu'il y a aussi Moïse, Abraham et Jésus", relève Denise Spacensky. "J'espère qu'elle va ouvrir les esprits des occidentaux sur le passé passionnant de la civilisation de l'islam, mais aussi celui des musulmans dans leur complexe d'êtres mal compris. Il n'y a aucune raison pour autant d'antagonisme entre les religions", ajoute Denise Spacensky.
"Au-delà des préjugés"
Quelques dizaines de visiteurs, dont des touristes étrangers, admirent les mosaïques, les vases, les têtes princières et autres vantaux de portes. L'exposition brasse douze siècles, de l'Espagne à l'Inde.
"On aurait pu l'ouvrir plus tôt, c'est dommage d'avoir attendu si longtemps", relève Corinne Cheng, étudiante à l'Institut national du patrimoine en restauration. "Cette exposition est magnifique et permet de lever les préjugés religieux", ajoute-t-elle.
Le film "Innocence of Muslims" ("L'Innocence des musulmans") a déclenché des manifestations meurtrières anti-américaines dans plusieurs pays musulmans (plus de 40 morts) depuis une dizaine de jours. De nombreux touristes étrangers ont refusé de s'exprimer "pour éviter de faire des amalgames" entre l'exposition et la situation dans le monde. "Il faut aller au-delà des préjugés. Les gens viennent ici pour s'enrichir en terme d'histoire de l'art, d'autres, comme moi, viennent pour la beauté du graphisme des pièces", explique Elodie Blary, apprentie peintre.
Le projet, lancé par l'ancien président Jacques Chirac et poursuivi par Nicolas Sarkozy, a mis dix ans à aboutir. Il a coûté près de 100 millions d'euros, financés à 57% par le mécénat, notamment du prince saoudien al-Walid ben Talal et du roi Mohammed VI du Maroc.
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