Record d'oeuvres vendues, jackpot pour Monet, retour en force de Paris : tout ce qu'il faut savoir sur le marché de l'art, selon le rapport d'Artprice 2019
Artprice, leader mondial de l'information sur le marché de l'art, vient de publier son rapport annuel pour l'année 2019. Revue de détail de ce bilan très attendu.
Le nombre d'oeuvres vendues aux enchères a battu en 2019 un record absolu, même si le marché est globalement en baisse de 14%, selon le bilan annuel d'Artprice, qui souligne un retour en force de la place de Paris.
Record absolu d'oeuvres vendues en 2019
Cinq cent cinquante mille lots de "fine art" (peinture, sculpture, dessin, photographie, estampe, installation...), contre 539.000 lots en 2018, ont été vendus aux enchères en 2019 pour un total de 13,3 milliards de dollars. Il s'agit de la plus grande circulation d'oeuvres jamais enregistrée en salles de ventes, indique le rapport d'Artprice, leader mondial de l'information sur le marché de l'art.
En termes de chiffre d'affaires, ce marché enregistre en revanche une baisse de 14% par rapport à 2018 où il avait atteint 15,5 milliards de dollars. L'indice global des prix est resté stable (+0,48%) tout comme le taux d'invendus, à 38%, selon Artprice. Ce taux est un thermomètre qui permet de vérifier si le marché est dans une spirale spéculative (taux d'invendus inférieur à 20%) ou au contraire en chute libre (notamment s'il est supérieur à 60%).
Cette étude est réalisée chaque année par Artprice sur les ventes aux enchères publiques (frais acheteurs inclus). Ce classement "fine art" exclut de son champ les antiquités, les biens culturels anonymes et le mobilier.
Moins de maxi-ventes, un Monet atteint la plus grosse enchère
Un Claude Monet a certes été adjugé à plus de 100 millions de dollars en 2019, mais derrière ce record pour une toile impressionniste se cache un net recul du nombre de maxi-enchères l'an dernier. Seulement 18 enchères ont dépassé la barre de 30 millions de dollars en 2019, parmi lesquelles 15 tableaux et trois sculptures. En comparaison, 33 oeuvres avaient dépassé ce seuil en 2018 et 28 en 2017.
La plus grosse enchère de l'année a été atteinte par des Meules de Claude Monet (1840-1926), une huile sur toile peinte durant l'hiver 1890-1891 dans sa maison de Giverny, en Normandie. Vendue en mai par l'antenne new-yorkaise de Sotheby's, elle a atteint 110,7 millions de dollars, établissant les records d'enchères pour un Monet et pour un tableau impressionniste.
Pour 2019, une sculpture de Jeff Koons, Rabbit (91,1 millions), et une toile de Robert Rauschenberg, Buffalo II (88,8 millions), complètent le podium. La sculpture de Koons a établi le record absolu d'enchères pour un artiste vivant. Six autres oeuvres ont dépassé les 50 millions de dollars en 2019, dont une nature morte de Paul Cézanne, Bouilloire et fruits (59,3 millions), et une Femme au chien de Pablo Picasso (54,9 millions).
La France redevient une place forte
Fait rare, la France a connu en 2019 la meilleure progression mondiale, reprenant peu à peu son rôle de grande puissance, avec un chiffre d'affaires de 827 millions de dollars (+18%). En lots vendus, la France se classe au deuxième rang mondial avec 82.016 oeuvres (derrière les Etats-Unis avec 99.000). Elle peut se vanter de posséder la première maison de ventes en Europe, Artcurial, qui se classe au 11e rang mondial.
Plusieurs ventes notables ont marqué la chronique française comme celle du Christ moqué de Cimabue, vendu 24 millions d'euros. La France devance largement l'Allemagne (268 millions), l'Italie (207) et la Suisse (110). Dans le milieu de l'art new-yorkais, "la France est perçue à nouveau comme attractive. Son évocation n'est plus accueillie par un petit sourire moqueur", confie Thierry Ehrmann, président d'Artprice.
Baisses de chiffres d'affaires chez les premières puissances du marché
Les Etats-Unis, avec 4,6 milliards de dollars, dépassent la Chine (4,1 milliards) et le Royaume-Uni (2,2 milliards). Mais ces trois premières puissances du marché de l'art, qui concentrent 82% du produit mondial de ventes, enregistrent des baisses de chiffres d'affaires. La Chine a enregistré une diminution moins forte (-9%) que les Etats-Unis (-22%) et le Royaume-Uni (-21%).
Plusieurs évolutions se dessinent : le marché de l'art pourrait pâtir du Brexit, notamment pour ce qui concerne la place de Londres. Le nouveau coronavirus rend les contacts très difficiles avec la Chine. Les signaux qui viennent de Chine en janvier et surtout février sont négatifs avec l'annulation massive de ventes publiques.
L'art contemporain en hausse, Koons rattrape Basquiat
Par catégories, les Maîtres Anciens enregistrent une très belle performance en Chine et en France. Le XIXe siècle et l'Art Moderne souffrent d'un manque de chefs-d'oeuvre, tandis que l'Art d'Après-Guerre sacre les artistes américains de l'expressionnisme abstrait et du pop art.
Quant à l'art contemporain, dont l'indice augmente de 4,44%, on voit Koons et Kaws rattraper Basquiat. "Le marché fait confiance aux artistes vivants. L'art contemporain n'est plus le parent maudit mais la locomotive", estime M. Ehrmann.
La flambée globale des artistes femmes continue sur tous les continents à des niveaux très élevés.
Les stars du street art s'imposent
Le street art s'impose en salles de ventes, avec ses stars comme Kaws et Banksy mais aussi d'autres artistes : Invader, Stik, Shepard Fairey, Vhils. Les artistes afro-américains et d'origine africaine renforcent leur place dans l'histoire et sur le marché.
"On assiste à une élévation de la qualité qui est systématique. Les maisons de ventes comme Artcurial choisissent les bonnes oeuvres, elles sont impitoyables dans la sélection de leurs catalogues", analyse le président d'Artprice.
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