Réouverture du Louvre sans touristes extra-européens : "Une opportunité pour faire redécouvrir le musée aux Français"
75% des visiteurs du Louvre sont étrangers, précise son directeur Jean-Luc Martinez. Alors cet été, il ne faut pas rater l'opportunité d'avoir le palais pour soi. 70% des salles sont ouvertes et on peut toujours flâner même si certains parcours sont fléchés.
Le Musée du Louvre va rouvrir lundi prochain après plusieurs mois de fermeture en raison de la pandémie de coronavirus. Mais sans de nombreux visiteurs étrangers qui représentent 75% de la fréquentation du plus grand musée du monde. Jean-Luc Martinez, président directeur de l'établissement public, a estimé vendredi 3 juillet sur franceinfo que c’était "une opportunité pour faire redécouvrir le musée aux Français et aux Européens".
franceinfo : Des oeuvres d'art sans personne pour les regarder, comment avez-vous vécu cette période ?
Jean-Luc Martinez : C’est une impression étrange. On est habitué parfois à travailler le soir, la nuit auprès de certaines oeuvres d'art. Mais un musée, c'est d'abord fait pour accueillir du public. Ces grands espaces vides, c'était étrange. Après, le travail n'a pas manqué. Au moment où on a fermé, il y avait 800 oeuvres partout dans le monde, des collaborateurs étaient en fouilles en Égypte. Il y avait beaucoup de travail à faire. Mais c'est vrai que le musée, c'est d'abord pour accueillir du public.
Dès lundi, le public fera son retour avec l'obligation de porter un masque et de réserver.
Oui. Tout simplement pour rendre la visite plus sûre. Comme ça, le visiteur ne fera pas la queue et aura la garantie de rentrer immédiatement. On élimine les risques. Cela évitera d'avoir trop de monde au même moment. Le port du masque s'est généralisé dans l'espace public.
On pourra encore flâner librement ?
En fait, le musée est très, très grand. Donc, contrairement peut-être à des musées plus petits, c'est assez aisé de flâner au Musée du Louvre. On a préparé un parcours, mais je vous rappelle que la salle de La Joconde, c'est des centaines de mètres carrés et que la Grande Galerie porte bien son nom. Il y a de grandes cours de sculptures aussi. On a simplement mis certaines entrées en entrée unique et certaines sorties en sortie unique. Mais le musée est un palais, donc avec des dimensions gigantesques. C'est au contraire le lieu pour se promener en toute sécurité.
Tout le musée ne rouvre pas à partir de lundi. Comment avez-vous choisi les oeuvres ou les collections qui seront à nouveau visibles ?
Selon deux critères. D'abord, la possibilité, en effet, de maintenir cette distance physique dans les salles, donc les salles les plus petites n'ont pas été ouvertes.
Nous avons ouvert les salles les plus visitées. C'était 70% du musée et c'est plus de 30 000 oeuvres.
Jean-Luc Martinez, président directeur du musée du Louvreà franceinfo
Les antiquités égyptiennes, la peinture italienne, les grands formats de la peinture française, les grandes cours de sculpture. Tout ce qui est le plus attendu au Louvre. C'est l'occasion pour redécouvrir à la fois des chefs-d’œuvre, La Joconde, la Vénus de Milo, mais aussi des oeuvres moins connues. Les taureaux de Khorsabad qui viennent d'Irak, mais aussi les trésors du moyen-âge de la Basilique de Saint-Denis. Des oeuvres qui sont essentiellement au rez-de-chaussée et au premier étage.
Un été sans touristes étrangers, cela va ressembler à quoi ?
75% des visiteurs du Musée du Louvre sont d'origine étrangère et beaucoup viennent des États-Unis, de Chine, de Corée et du Brésil. Ces visiteurs extra européens, à l'évidence, ne seront pas là. C'est une opportunité pour faire redécouvrir le musée aux Français, aux Européens. C’est le moment d'y aller.
Un musée, ça bouge, ça vit. Des œuvres nouvelles sont arrivées, des œuvres ont été restaurées.
Jean-Luc Martinez
Venez voir les Massacres de Scio de Delacroix, un tableau qui a été restauré et a retrouvé toutes ses couleurs ! Est-ce que vous avez vu le nouveau département des arts de l'islam, qui a pourtant ouvert en 2012 ? Venez !
Comment vont les finances du Louvre ?
C'est évident, nous traversons une période très particulière. Nous avons déjà perdu plus de 40 millions d'euros en recettes. Cela n’aura pas de conséquences sur les expositions parce que c'est un coût, contrairement à ce qu'on pense, assez réduit sur le budget. En revanche, bien entendu, l'investissement sur la restauration du palais, par exemple, va être lissé sur plusieurs années. Et puis, bien entendu, comme l'ensemble des sociétés, des entreprises et des institutions, on est en train de travailler sur un certain nombre d'économies. Mais la programmation culturelle ne sera pas touchée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.