Turner au centre de la rentrée culturelle londonienne
L'exposition à la Tate Britain, baptisée "Late Turner : Painting Set Free" (Turner dernière période : la peinture libérée) qui s'ouvre mercredi, se penche pour la première fois sur les créations fertiles et expérimentales du peintre pendant les 15 dernières années de sa vie, entre 1835 (il a alors 60 ans) et 1850, un an avant sa mort.
A la Tate, l'exposition qui manquait
Incompris par les critiques de l'époque, Joseph Mallord William Turner "a créé ses oeuvres les plus étonnantes au cours de cette période", affirme Sam Smiles, co-commissaire de l'exposition, "mais pour je ne sais quelle raison, aucune exposition sur les derniers années du peintre n'avait été organisée auparavant. C'est l'exposition manquante".
Au total, 180 peintures à l'huile, aquarelles, croquis venant du Royaume-Uni et de l'étranger sont réunis et illustrent l'esthétique propre basée sur les reflets de lumière qu'a su créer le peintre anglais.
Invitation au voyage, l'exposition fait la part belle aux oeuvres de Turner inspirées par ses séjours en Europe entre 1835 et 1845, tout particulièrement en Italie, avec des vues spectaculaires de Rome et de Venise.
Rome, les marines et les croquis
On retrouve également sa fascination pour la mer avec un espace dédié à ses oeuvres maritimes où ciel et mer se mêlent. L'artiste faisait de fréquents séjours sur la côte du Kent "pour fuir la pression de Londres" et il a "été fasciné toute sa vie par les scènes maritimes", rappelle David Blayney Brown, l'autre commissaire de l'exposition.
Au fil des six sections, on découvre également l'univers intime du peintre via ses carnets de croquis, ses couteaux et palettes de peinture ou les lunettes qu'il utilisait parfois pour peindre. Figurent aussi une multitude d'aquarelles et des peintures expérimentales sur des toiles carrées, aux côtés de ses larges peintures à l'huile, un ensemble varié qui illustre son souci constant d'innover.
Passionné d'histoire et de mythologie, "Turner innovait continuellement, il restait à la pointe de son art et expérimentait beaucoup", explique Sam Smiles, rejetant l'idée que certains de ses tableaux auraient penché du côté de l'art abstrait avant l'heure.
Une huile en vente chez Sotheby's
"Il ne laissait pas le réel de côté", dit le commissaire, il cherchait au contraire à saisir un paysage dans toute sa complexité, en associant flou et netteté. Une manière résolument moderne pour son époque et souvent incomprise.
L'exposition est à Londres jusqu'au 25 janvier 2015. Elle sera ensuite présentée au musée Getty de Los Angeles du 24 février au 24 mai 2015, puis au musée M.H. De Young de San Francisco du 20 juin au 20 septembre 2015.
Parallèlement, une peinture à l'huile de Turner, "Rome, vue de l'Aventin" (1836), absente du marché depuis 1878, doit être mise en vente le 3 décembre par la maison d'enchères Sotheby's.
"Mr. Turner", un biopic de Mike Leigh
Estimée entre 15 et 20 millions de livres (18,7 et 25 millions d'euros), l'oeuvre vendue dans son encadrement d'origine fait partie "de la petite dizaine d'oeuvres de Turner détenues par des propriétaires privés" et c'est "l'une des plus belles", selon Alex Bell, co-président du département peinture chez Sotheby's.
Les 25 dernières années du peintre romantique sont également au coeur du film "Mr. Turner" de Mike Leigh, un biopic qui sera présenté le 10 octobre lors du festival du film de Londres avant de sortir dans les salles du Royaume Uni le 31 octobre. Le long métrage a valu à son acteur principal, Timothy Spall, de remporter le prix d'interprétation masculine au dernier Festival de Cannes (sortie sur les écrans français le 3 décembre 2014).
Dans le costume victorien du peintre William Turner, il incarne l'homme, un ours mal léché incapable d'exprimer ses sentiments, mais aussi l'artiste visionnaire, maître de la lumière.
Late Turner, Painting Set Free, Tate Britain, du 10 septembre 2014 au 25 janvier 2015
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