Un mystérieux portrait découvert au verso d’un tableau de Robert Delaunay exposé depuis 40 ans à Troyes
C’est une découverte assez insolite qu’on fait les responsables du musée d'Art moderne de Troyes. En voulant restaurer le tableau Les coureurs de Robert Delaunay (1885-1941), ils ont mis au jour une œuvre jusqu’ici inconnue du fondateur du mouvement orphiste. Un portrait de femme caché au verso de la toile.
"Le restaurateur, pour accéder à la déchirure, a dû retirer une toile de rentoilage (…) qui était une toile apposée au revers pour consolider. Donc en retirant cette toile, il a découvert un badigeon blanc assez étrange, où on devine derrière le fameux portrait", détaille Juliette Faivre-Preda, conservatrice du musée d'Art moderne de Troyes
Qui est cette femme ?
Commence alors une véritable enquête entre professionnels de l’art pour déterminer l’origine de ce portrait, son auteur et surtout tenter d’identifier le modèle. "On a d'abord pensé à Sonia Delaunay, la femme de l'artiste, qui a aussi cette coupe un peu carrée très à la mode à l'époque. Et puis, c'est une collègue du centre Pompidou, Angela Lampe, qui a fait vraiment une découverte majeure puisqu'elle a rapproché ce portrait d'un autre portrait, lui bien connu, peint par Chagall, qui représente Bella Chagall qui est donc vraiment la muse et le grand amour de Chagall", explique Juliette Faivre-Preda.
Après analyses, les spécialistes ont bien attribué le portrait caché à Robert Delaunay. Mais pourquoi ressemble-t-il tant au tableau Bella à l'œillet peint par Marc Chagall ? Et pourquoi l’avoir caché derrière Les coureurs ? Une histoire de jalousie entre ces deux amis proches n’est pas exclue.
"Dans une biographie récente de Chagall, il est dit que le beau portrait fait par Chagall, qui ressemble au nôtre, a été fait suite à une dispute, une jalousie, par rapport à un portrait que Delaunay avait fait de Bella. Il est possible aussi que les deux artistes aient peint en même temps avec deux chevalets côte à côte dans l'atelier. C'est ce que laisserait supposer le léger décalage qu'on peut voir entre les deux modèles si on met vraiment côte à côte ces deux portraits", avance la conservatrice.
On ne saura sans doute jamais le fin mot de l’histoire, mais on peut dĂ©sormais admirer ce "nouveau" tableau de Robert Delaunay, grâce Ă un miroir.Â
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