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Une artiste aborigène investit le toit du Quai Branly

Une œuvre de Lena Nyadbi, une artiste aborigène, réalisée sur les 700 m2 du toit de la médiathèque du musée du Quai Branly et visible seulement depuis la Tour Eiffel, sera dévoilée jeudi.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'artiste australienne Lena Nyadbi devant son motif d'écailles de barramundi, qui investit le toit de la médiathèque du musée du Quai Branly (29 avril 2013)
 (Alan Porritt / EPA / MAXPPP)

Les sept millions de visiteurs qui montent tous les ans sur la Tour Eiffel pourront découvrir d'en haut les écailles de poisson géantes imaginées par Lena Nyadbi, artiste originaire du Kimberley (nord-ouest de l'Australie).
 
Une belle reconnaissance pour cette septuagénaire qui a commencé son travail artistique en 1998 seulement. Et plus généralement pour l'art aborigène, dont la notoriété internationale ne cesse de s'étendre.
 
Un détail d’un tableau agrandi sur le toit
L'oeuvre, faite pour rester, est un agrandissement d'un détail d'un tableau, "Dayiwul Lirlmim" (Ecailles de barramundi), peint par cette artiste pour le musée dédié aux civilisations non occidentales. Le barramundi est un poisson  d'eau douce qui ressemble à la perche.
 
L'oeuvre a été agrandie 46 fois pour permettre une bonne visibilité depuis le premier et le deuxième étage de la Tour Eiffel. Le musée est situé à deux pas du monument, le long de la Seine. A défaut, les curieux pourront essayer de la repérer sur Google Earth.
 
Réalisée à l'aide de 172 pochoirs de 3 mètres sur 1,5 mètre posés sur la toile noire du toit, l'oeuvre a été peinte par des ouvriers qui ont passé au rouleau de la peinture blanche utilisée pour la signalétique routière.
 
Jean Nouvel, l’architecte du musée, est emballé
"Nous terminons juste à temps pour l'inauguration", a indiqué Stéphane Martin, président du musée du Quai Branly. Il confie avoir "eu quelques inquiétudes la semaine dernière avec la persistance de la pluie. Il fallait du temps sec pour finir".
 
Dès le départ, Jean Nouvel, l'architecte du musée inauguré il y a sept ans, "avait imaginé un motif pour ce toit mais il ne l'avait jamais complètement dessiné", raconte Stéphane Martin.
 
"Il y a un peu plus de deux ans, j'ai pensé à compléter par un geste artistique ce toit qui avait besoin que l'on change la toile goudronnée qui le recouvrait. Jean Nouvel était emballé."
 
"Je craignais un peu que l'architecte des bâtiments de France (ABF) qui veille au patrimoine ne soit pas d'accord mais il a donné son feu vert", a-t-il précisé
 
Lena Nyadbi a déjà réalisé une œuvre pour le Quai Branly
"L'oeuvre de Lena Nyadbi est une création originale et forte mais ce n'est pas une intrusion indécente dans le paysage parisien", remarque Stéphane Martin, à la tête du musée depuis sa création.
 
L'établissement possède une importante collection d'art aborigène d'Australie. Il a organisé à l'automne dernier une exposition sur sa naissance au coeur du désert australien dans les années 1970, qui a attiré plus de  133.000 visiteurs.
 
Née vers 1936, Lena Nyadbi, du peuple Gija, est l'une des grandes  représentantes de l'art du Kimberley. Une interprétation audacieuse des motifs traditionnels est la marque distinctive de son travail. Elle a déjà réalisé pour le musée une oeuvre sur la façade du bâtiment donnant sur la rue de l'Université.
 
Un tableau inspiré du "rêve des écailles du barramundi"
Le "rêve des écailles du barramundi" est lié au territoire des parents de l'artiste, sur lequel se trouve la plus grande mine de diamants au monde. Il raconte l'histoire de trois femmes qui essayèrent d'attraper le barramundi ancestral. Le poisson s'échappa avant de retomber sur les rochers, ses écailles s'éparpillant sur le sol à l'emplacement actuel de la mine.
 
L'artiste est à Paris pour l'inauguration de son oeuvre, à laquelle participera notamment l'ambassadeur d'Australie en France Ric Wells. La peinture originale de Lena Nyadbi a été réalisée en ocre et charbon naturels sur toile de lin. Elle vient d'être offerte au musée par un homme d'affaires et mécène australien Harold Mitchell.
 
L'agrandissement de l'oeuvre a été calculé par ordinateur, ce qui permettra de refaire aisément les pochoirs lorsqu'une réfection du toit en toile goudronnée sera à nouveau nécessaire.

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